Les étudiants sont tous dans la cour, discutant ou se bagarrent amicalement, tous profitent des rayons lumineux et chaleureux du soleil de fin septembre. Comme toujours, les pestes du lycée se retartinent de maquillage et discutent de looks, principalement composés de vêtements démodés achetés dans l'antique boutique de la ville tenu par la vieille madame Jersh. Les plus intelligents sont installés à des tables, gratifiées de dessins qui perdent leurs couleurs au fil du temps, en révisant les éventuels prochains contrôles. Et les garçons les plus populaires, qui portent tous des vestes à l'effigie de leur équipe sportive préféré, sont assis sur le muret recouvert de lièrre, en se passant des cigarettes de main en main.
La sonnerie retentit et tous les élèves se dirigent en troupeau, jouant des coudes pour se frayer un passage vers les portes du bâtiment. Tous, sauf un. Un élève observe cet habituel chahut depuis le toit du lycée en laissant prendre ses jambes dans le vide.
Cet ado a une idée toute faite du lycée, qui n'est pas à l'avantage de celui-ci. Il qualifie pour lui-même cet endroit de "cimetière". Dès qu'il passe les portes, il a l'impression d'avoir déjà vécu cette journée, comme si il était mort. Sa tombe est là, au milieu de tous ces gens qui ne se préoccupent que de choses futiles.
Pour lui, ce lycée est mort, tout comme la ville. Mort, comme figé dans le temps. Knisters, petite ville du Sud-est de la californie est figée dans le temps. La ville est restée intacte depuis plus de cinquante ans et abrite toujours les mêmes gens qui vous apprécient un jour et qui vous plantent un couteau dans le dos le lendemain. Chaque bâtiment est tagué ou en piteux état, mais personne ne s'en préoccupent réellement.
"Coles" hurlent deux surveillants. Ils ne sont pas dupes, ils savent que Coles, l'ado rebelle en façade, les observe en cachette. Coles a eu tout le temps de prouver son intelligence avant de commencer à sécher les cours.
A son entrée au lycée, il appréciait les cours, mais plus le temps passé, plus il s'ennuyait. Il s'est vite rendu compte qu'à chaque cours, les profs étaient obligé de répéter chaque équations ou règles orthographiques. Il avait l'impression d'être au milieu d'une bande d'ados attardés. Alors il a commencé à sécher, se donnant inintentionellement la réputation de rebelle qui lui colle à présent à la peau. En réalité, ce n'est qu'un ado ordinaire, qui cherche sa route.
Il continue à observer les surveillants, rouges de colère, comme un chat observerait sa proie puis se lasse bien vite.
Il repasse de l'autre côté de la barrière et range le carnet sur lequel il griffonait un instant plus tôt. Il replace une de ses boucles incouffable d'un revers de main laissant tout de même le temps à un rayon de soleil de caresser son poignet étrange. Cinq grains de beauté y sont dessinés. Cinq. Pas un de plus, pas un de moins. Coles n'a jamais compris leur signification. Étant plus jeune, très jeune, il avait pris l'habitude de les cacher avec un bandana à motifs blancs, qu'il aime enlever seulement quand il est seul. Malgré leur disposition anormal, il aime se dire qu'il a une particularité qui diffère aux autres de son âge.
Il s'allonge sur le goudron, écouteurs dans les oreilles et observe la forme des nuages dans le ciel, inhabituellement tacheté de rouge depuis une semaine.
La quatrième chanson de son groupe de rock préféré, il se relève et vient se pencher par dessus la rambarde de sécurité pour vérifier si personne n'occupe la cour. Le champs libre, il emprunte l'escalier de secours en fer donnant sur le côté rue puis saute par dessus le grillage pour atterrir sur le trottoir.
Il replace son sac sur son épaule et se dirige vers le quartier le plus piteux de la ville.

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