Chapitre 14 : De cause à effet

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"Une question parfois me laisse perplexe : est-ce moi ou les autres qui sont fous ?". - Albert Einstein.

5 heures 43, 8Juillet, Appartement 126

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5 heures 43, 8Juillet, Appartement 126

Christopher

Je me réveille en sursaut, les mains tremblantes et le cœur en miettes. Une soudaine douleur au dos me fait comprendre que je suis toujours en tenue de travail, assis à mon vieux bureau en céramique. Depuis combien de temps exactement me suis-je assoupi ? Troublé, je me redresse et lutte pour émerger rapidement de cette langueur impromptue. Je prends une longue inspiration pour tenter d'y parvenir, mais le spectre du cauchemar auquel je viens d'échapper persiste.

Pourquoi faut-il toujours qu'il hante mes nuits ? Revoir sa sale gueule dans un contexte aussi réaliste qu'un rêve est une épreuve que je me farcis tous les jours. Ou presque. Dès que j'ai le malheur de m'endormir. Et que je déteste par-dessus tout.

À chaque fois, il apparaît à la fin, quand tout le monde est déjà mort. Puis il me nargue avec son putain de rictus à la con, l'air de dire que nous méritions amplement ces sévices.

Aujourd'hui, ça fait des années que ça dure et que je n'y trouve pas de solutions. Si ce n'est de ne tout simplement pas dormir. Ou de me shooter le cerveau au diazépam. À choisir, je préfère la première option. Et ce même si je dois combattre la fatigue.

Plongé dans l'obscurité, à l'exception de la faible lueur de l'ordinateur devant moi, je me lève de ma chaise. J'essuie la sueur qui perle sur mon front d'un rapide geste de la main puis me dirige vers la cuisine en ignorant mes jambes engourdies.

Un verre de Scotch m'est nécessaire.

Tout de suite.

J'ai beau vouloir annihiler mon passé, les séquelles psychologiques que j'en ai gardé me ramènent constamment à ce jour maudit où tout a commencé. Le temps guérit les blessures ? Qui est le menteur ? Qui est cet enfoiré, que je lui décoche mon poing dans la gueule ? Douze ans maintenant que j'espère voir le mal se tarir, que j'espère être débarrassé de cette culpabilité insidieuse et laide. Mais grande nouvelle ; ça n'est jamais arrivé.

Et ça n'arrivera jamais.

Parce que... Pour alléger ce poids que je porte, il faudrait que je cesse d'y penser. Que j'oublie. Mais même avec toute la volonté du monde, je n'y arrive pas. Ça m'est impossible. Tout me ramène à eux. Mes choix, mes humeurs, mes cicatrices, mes habitudes, et plus encore... Ma vie. Quoi que j'entreprenne, tout est définitivement sujet à me rappeler qu'ils sont morts. Et que moi seul ai survécu.

Aujourd'hui, par exemple, je rends visite à sa femme.

Amber Williams.

Quand il a fait ce pourquoi tout a débuté, cette dernière n'a pas cherché à comprendre et a coupé les ponts, emmenant ses deux petites filles avec elle. Mais hier, alors qu'il est activement recherché pour ce qu'il a commis, ce fils de pute a cherché à la recontacter. Encore. Par quel biais cette fois ? Je n'en ai pas la moindre idée, mais Jonas ne va pas tarder à me le faire savoir. Et croyez moi, ce coup ci, je ne vais pas le louper.

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