Amants une nuit, adversaires pour la vie

4

Seigneur, où suis-je tombée ?...

- Je n'en ai pas terminé avec vous mad'moiselle.

          À ce moment, je sentis mon corps se raidir, tous mes poils de la nuque se hérissèrent suite à cette intonation grave.  Je craignais déjà le pire. J'étais en plein combat avec moi même pour pouvoir exécuter ne serait ce le moindre mouvement.

          Je savais que je devais soit me retourner et faire face à cette homme à la carrure imposante ou alors prendre mes jambes à mon cou telle une lâche. Et mon choix fut vite fait.

          Je termina de tourner la poignée et commença à ouvrir la porte avant qu'une main ne s'abatte brusquement sur celle ci et qu'elle ne se referme dans un bruit assourdissant. Mon coeur se mit alors à faire un marathon. J'avais été tellement concentrée dans mes pensées que je ne l'avais pas entendu se déplacer.

          Je commença donc à trembler telle une feuille, et sans aucune forme de douceur, il m'empoigna le bras et me ramena vers son bureau pour me faire asseoir de force.

- Écoutez-moi bien car je ne me répéterai pas. Ici c'est moi le boss et personne ne me coupe la parole ou encore moins ne quitte mon bureau sans ma permission. Ai-je été assez clair??

          Je fus tellement terrifiée que je ne réussis même pas à ouvrir la bouche pour émettre le moindre son. Celà le mit fortement en rogne et sa réaction ne se fit pas tarder.

- Répondez avant que je ne perde mon sang froid. Ai-je été assez clair???

- Oui monsieur. Vous l'avez été. Dis-je d'une voix à peine audible.
7 bien. Vous allez commencer aujourd'hui. J'ai une réunion, Rachel vous donnera le contrat à signer et vous fera part de vos tâches. Mais sachez qu'au moindre faux pas, je ferais de votre vie un enfer. Maintenant vous pouvez disposer.

          C'est les jambes flagellantes  que je pris congé de Mr Maxwell, mon nouveau patron. Je sentais que ce ne serait pas une partie de plaisir de travailler pour lui.

          À peine sortie de son bureau que je me trouva face à une Rachel aussi excitée qu'une petite fille là veille de Noël. Elle n'arrêtait pas de poser des questions auxquelles je ne parvenais pas à répondre tant j'étais encore chamboulée par mon interaction avec le PDG de cette boîte.

          Face à mon mutisme, Rachel s'inquiéta de plus en plus de ce qui avait bien pu se passer. Elle m'emmena dans un bureau en face de celui du PDG et me fit asseoir sur une des chaises.  Elle s'accroupit face à moi et prit mes mains dans les siennes, me couvrant d'un regard bienveillant avant de poursuivre.

- Que s'est-il passé?? Tu n'as pas eu le poste ??

          Ce fut comme un retour à la réalité pour moi.

- Si si, je l'ai eu.

- Pourquoi es-tu donc dans cet état ?

- C'est juste que je ne m'étais pas préparée à une telle réaction de sa part.

- Que s'est-il passé dans son bureau?? T'a-t-il fait du mal?? Si oui, je n'en donnerai pas cher de sa peau parce qu'il va m'entendre passer.

- Non non. Il ne m'a fait aucun mal.

- Quel est donc le problème ??

- Il est juste bizarre. Il s'est mis à crier pour rien.

- C'est du Daniel tout craché. Il est comme ça quand il ne contrôle pas la situation mais il n'est pas mauvais.

- Il n'est pas mauvais? Dis-je effarée. Je dirais carrément qu'il est lunatique. Se mettre à crier sans aucune raison est tout sauf normal, et en plus, j'ai cru qu'il allait m'étripper. Il en avait fallu de peu et je me serais évanouie tellement j'avais peur.

          Rachel éclata d'un rire joyeux, ce qui fit sourire même si je ne savais pas la raison. Après s'être calmée, elle me fit comprendre que c'est ce qui arrivait toujours et que j'étais la première à en être sortie sans aucune séquelle psychologique. Dire que je n'avais eu aucune séquelle était pour moi une bien trop fausse observation mais je ne lui en fis pas part.

          Je lui expliqua ce que Daniel m'avait dit et elle me fit comprendre que le bureau dans lequel nous nous trouvions était le mien. Elle me laissa quelques consignes et s'en alla vers le sien.

          Enfin seule, je fis un récapitulatif de tout ce qui s'était passé depuis mon réveil, et me rendis compte que c'était juste incroyable. J'avais traversé tellement d'épreuves ces dernières semaines mais j'avais fini par obtenir un emploi très bien rémunéré. Je me mis à la tâche car je ne voulais pas m'attirer les foudres de mon tout nouveau patron.

          J'avais fini de classer les rendez-vous et les réunions du boss dans l'agenda pour le mois, photocopier les contrats importants, prendre rendez-vous avec les chefs de potentielles entreprises pour la croissance de la nôtre, organiser les voyages du boss, imprimer les lettres qu'il avait déjà rédigé, arranger le bazard dans son bureau et y déposer des documents très importants. Il ne me restait plus qu'à aller chercher son café car il serait de retour dans dix minutes.

          J'avais toujours aimé être occupée donc ce ne fut pas bien compliqué pour moi de faire toutes ces tâches.

          Vue que je ne savais pas s'il prenait son café hors de l'établissement ou à l'intérieur, je le fis moi même car il y'avait une machine à café dans mon bureau. Je le fis bien serré comme Rachel me l'avait dit. Au bout de cinq minutes, le café fut prêt et j'y rajouta un sucre. Je regarda l'horloge de mon bureau et je vis qu'il ne me restait plus que trois minutes.

          Je me rendis dans son bureau et trouva une sous-tasse assortie à la tasse que j'avais dans une armoire, je la pris et déposa la tasse à l'intérieur sur la table de son bureau, à l'écart de tout object électronique et de tous dossiers. Je regarda ma montre et je n'avais plus qu'une minute.

          Je sortis donc de ce bureau illico presto pour me rendre dans le mien. Et au moment de fermer ma porte, j'entendis le ding de l'ascenseur. Je referma ma porte sans aucun bruit et alla m'asseoir pour reprendre mon souffle. J'entendis des pas lourds se rapprocher avant d'entendre la porte d'en face s'ouvrir, et après quelques instants se refermer.

          Il n'y avait rien de plus à faire donc je fis des recherches sur l'entreprise pour laquelle je travaillais maintenant et surtout sur son mystérieux patron. Je me rendis compte que cette entreprise avait une renommée internationale et que grâce à elle, des liens avaient pu être soudés entre notre pays et des pays occidentaux. Et j'avais aussi découvert que mon patron essayait d'obtenir un rendez-vous avec un des chefs des Emirats Arabes mais n'y arrivait pas parce que ce dernier le trouvait insensible aux valeurs humaines.
          Et celà me fit penser à organiser un gala de charité, et après maintes recherches, je me rendis compte que cette entreprise n'en avait jamais organisé. Le problème était comment faire pour en parler au boss sans qu'il ne s'énerve. Cet à cet instant que que je remarqua Rachel qui avait passé sa tête par la porte pour me poser une question.

- C'est la pause. Accepterais tu d'aller déjeuner avec moi Karen??

- Oui bien-sûr. Je range juste ce bazard, je prends mon sac et je viens.

- D'accord mais fais vite. Me dit-elle en souriant avant de partir.

          Pourquoi n'y avais-je pas pensé ?? Rachel était la seule à pouvoir lui en parler. Je sortis du site, effaça mon historique et sortis de mon bureau avec mon sac. J'avais déjà échafaudé mon plan.

          Je retrouva ma nouvelle amie et direction le fast food d'en face.