Chapitre Huit

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Astrée Cullen

Le vent matinal me fit frissonner, mais acheva de me réveiller. J'étais accoudé à la fenêtre de ma chambre, encore en chemise de nuit. Le soleil commençait à pointer le bout de son nez, et le silence régnait encore dans le village. En bas, Papa partait pour ses premières auscultations et leva la tête pour me faire signe. Comme d'habitude, il allait faire une grosse journée de travail, et rentrerait tard ce soir. J'entendais Esmée à la cuisine, qui préparait le repas de ce midi. Elle chantonnait d'un air joyeux et les ustensiles s'entrechoquaient en cœur. Je me doutais bien que Edward devait être dans sa chambre, à lire. Restait Garrett, qui devait vadrouiller quelque part dans la maison, ou dehors.

Il est derrière la porte, il va frapper.

Je sursauta. Encore une certitude ? Sans surprise, à la seconde suivante, Garrett frappa à ma porte.

- Je peux entrer ?

J'allais lui répondre, mais il me devança en ouvrant la porte.

- Pourquoi tu m'as posé une question si tu ne voulais pas de réponse ? Fis-je en me tournant vers lui.

- Tu m'as répondu.

Sa réplique me plongea dans la perplexité. Comment ça ? Sauf que je n'avais pas la tête à réfléchir. Ce qu'il m'avait dit hier me tournait encore en boucle et ne m'aidait pas à comprendre quoi que se soit.

- Tu peux répondre clairement, j'en ai un peu marre des énigmes.

Garrett me sourit, cette fois sans ironie.

- Tu m'as répondu dans ta tête. Mais puisque tu ne crois pas à mes histoires de vampires, je ne vois pas comment je pourrai t'expliquer plus de choses.

Voyant que j'allais encore argumenter, il dévia le sujet.

- Tu as bien dormi cette nuit ? Pas de cauchemars ?

Je lui fit signe que non. Pour une raison inconnue, ils avaient décidé de me laisser tranquille. Et ce n'était pas pour me déplaire, honnêtement.

- Que dirais-tu d'une petite promenade en forêt ce matin ? Il fait beau, autant en profiter. Proposa Garrett, brisant ainsi le silence qui venait de s'installer.

Il veut me prouver qu'il a raison sur son histoire.

Je me retourna vers la fenêtre pour éviter de croiser son regard. Voilà que ça recommençait !

- Astrée ? Tout va bien, chérie ?

- Euh... Oui, oui. J'arrive dans quelques minutes, on se rejoint en bas ? Bredouillai-je sans me retourner, encore un peu troublée.

J'entendis la porte se refermer derrière Garrett quand il quitta la pièce, et je me permis un soupir. Bon sang, il fallait vraiment que ça cesse ! Je dois me monter la tête, tout simplement...

♦♦♦

Perdu dans ses pensées, Garrett ne remarqua pas que Astrée venait de le rejoindre dans le hall d'entrée. Il sursauta donc quand elle posa sa main sur son bras, ce qui la fit rire.

- Pour une fois que j'arrive à te surprendre, c'est une première !

Il lui rendit son sourire, incapable de parler. S'il ouvrait la bouche, il allait dire des choses qu'elle n'était pas encore prête à entendre. Il l'observa donc en silence, pour graver dans sa mémoire son visage et son sourire.

- Tu comptes me regarder toute la journée, ou tu vas te décider à ouvrir la porte ?

Elle lui fit une moue qu'il jugea adorable, et ria à son tour en obéissant. Une fois dehors, il lui répliqua :

- Le sarcasme, c'est de famille dis-moi ?

- Non, parce que tu l'as aussi, idiot.

- Et je ne fais pas partie de la famille ?

- Non. Tu savais pas ?

Son ton amusé le mit de bonne humeur, et il fit semblant de tomber à terre en se tenant la poitrine.

- Argh, je suis touché en plein cœur devant ta cruauté, ma reine.

- N'importe quoi.

Voyant qu'elle s'éloignait déjà vers la forêt, il la retint par le poignet en continuant à jouer la comédie.

- Vous me laissez là ?

Elle finit par revenir et s'accroupir à côté de lui, un sourire moqueur en coin.

- Ça dépend. Si tu te lèves, non ; si tu restes ici, oui.

- Pour me lever il me faudrait le baiser d'une reine.

La phrase lui avait échappé. À l'instant même où elle avait quitter sa bouche, il le regretta en voyant le sourire de sa bien-aimé s'effacer.

- Pardonne-moi, je ne voulais pas te brusquer. Murmura-t-il, comme pour ne pas l'effrayer.

Au son de sa voix, Astrée se secoua et se releva, comme si rien ne s'était passé. Garrett fit de même. Sans bruit, ils s'engouffrèrent dans la forêt.

Puisqu'elle était perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas qu'elle marchait un peu plus vite que lui. Enfin, il la laissait le distancer. Il aurait bien pu la rattraper, mais il voulait lui laisser le temps de digérer tout ce qu'elle venait d'apprendre depuis hier soir. Il savait qu'en parlant comme il l'avait fait tout à l'heure, il ne l'aidait pas, mais il ne pouvait s'en empêcher. Elle ne se rendait pas compte de l'effet qu'elle produisait sur lui.

C'était des sentiments nouveaux qu'il n'avait jamais ressentis jusqu'à lors, ou sinon, jamais si intensément. À chaque fois qu'elle passait près de lui, il voulait sentir son parfum ; à chaque fois qu'elle le regardait, il voulait admirer ses yeux noirs et pétillants jusqu'à temps qu'elle ferme les paupières ; à chaque fois qu'elle riait, il voulait que jamais elle ne s'arrête, son sourire creusant une petite fossette sur le coin de sa joue gauche ; il voulait graver dans son esprit ses longs cheveux châtain qui reflétaient des tons acajou au soleil, son doux regard rieur quand elle le voyait, ses mains délicates, sa bouche et ses yeux en amandes... Tout, il l'aimait pour tout. Chaque fois qu'il la voyait, il voulait la prendre dans ses bras, sentir sa chaleur...

Et depuis qu'il l'avait mordu, c'était encore pire. Il pouvait ressentir ce qu'elle pensait, ses humeurs, ses envies...

- Je ne peux plus vivre sans toi, ma reine... Murmura-t-il.

Cullen - Origins [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant