Généralement, le petit garçon empoignait sa peluche en forme de tortue devenue grisâtre suite aux aléas du temps, lui faisait une délicate caresse en l'étouffant presque de ces fines mains. Puis il fermait les yeux et imaginait que Maman lui donne ses fameux baisers un peu partout sur les joues, le cou et le front. A l'époque, lorsque qu'il mangeait encore des compotes au goûter, elle l'attrapait par la taille, et le faisait voler en l'air tel un avion qui décolle. D'ailleurs, c'est pour cela qu'il veut devenir pilote, Maman pourra aussi voler à son tour.
Ensuite, elle le jetait sur le canapé, levait son pull-over bleu et lui embrassait son ventre, ça le chatouillait, le rendait euphorique en faisant voyager son rire jusqu'au salles d'à côté. Il déteste les chatouilles, mais celles-ci, ce fut un drôle de souvenir agréable.
C'était un des seuls moments dont il se souvenait mis à part cette matinée au parc où sa jambe n'avait supporter le poids de son corps. La douleur fut éphémère, les bras de sa tendre mère, jamais. Pour la première fois, elle avait eu peur et donc laissé ses émotions au vu des inconnus du parc. Maman ne prenait jamais peur, ne pleurait pas, elle ressemblait à un super-héros. Savoir qu'elle était sortie de ses gonds juste pour lui, ça embaumait son cœur d'un amour inconditionnel, qui sentait la rose et le goût du miel.
Derrière, courait Cali, la petite fée aux cheveux blonds et aux yeux bleu, comme lui. Il n'aime pas sa "couleur d'œil", mais elle lui avait dit que le bleu était une couleur rare dans la nature et qu'ils représentaient donc des créatures uniques. Il préfère les regards aux tons bruns, parce que ça lui fait penser au chocolat noir qu'il obtient à son anniversaire, et il est le seul de sa classe a aimer le chocolat noir. L'amer, c'est requinquant.
D'ailleurs, il trouvait ça étrange que Cali soit dans la même maison que lui, Maman n'aime pas inviter des amies. Un jour, on lui a avoué qu'à l'intérieur d'elle et de lui circulait le même sang et qu'ils étaient donc frère et sœur, il n'ose pas demander ce que ça veut dire, comme chaque fois. Il comprend juste que Cali et Maman s'apprécient plutôt bien et qu'elle peut aussi prendre une friandise à son anniversaire. Elle prend des bonbons car le simple petit reniflement de cacao la débecte. Il la trouvait étrange, mais il l'appréciait. Elle était jolie, plus que les princesses Disney. Dans tous les cas, il n'aime pas les princesses, elles ne crient pas et n'écoutent pas la musique à fond comme elle le fait, elles sont un peu ennuyantes. Puis, dès qu'il avait regardé Peter Pan, il lui semblait évident que Cali était la fée Clochette, de ce fait, il avait pleuré pendant plus d'une heure, vexé qu'elle ne lui ait pas prévenue de son voyage au Pays Imaginaire. Cette soirée-là, il était monté dans sa chambre sans lui dire au revoir, et il n'avait pas dormi puisqu'il avait oublié sa tortue dans le salon, mais il ne voulait pas faire face à Cali qui lui répèterait "Tu vois bien que c'est un dessin animé Murray, je ne suis pas la fée Clochette". Elle mentait pour la première fois, car dès lors qu'on voyait le caractère de la fée, on pensait à elle. Sa façon de crier à ce garçon méchant qui lui ramène des vêtements, sa jupe qui tourne quand elle danse sur le canapé, ses crises de colère quand il est tard et qu'elle n'accepte pas la venue du marchand de sable. Un soir où la pluie jouait de la batterie sur le sol et le toit des maisons, elle a cassé le miroir de la salle de bain, il n'a pas compris ce que le marchand a fait, mais qui sait, elle lui répète souvent que les gens qui offrent des cadeaux ne veulent pas que du bon.
Parfois, elle sortait de minuscules baguettes magiques qu'elle allumait grâce à une machine à feu, puis lorsqu'elle les mettait sur sa bouche et qu'elle inspirait, de la fumée traversait la cuisine. Murray fût alors complètement sûr que cet engin était de la poudre de fée, ça le faisait rire, le spectacle valait la chandelle. C'était la fille la plus drôle qu'il connaisse. Il demandait alors d'essayer à son tour, mais Cali n'acceptait sous aucun prétexte, elle lui répondait que c'était nocif pour la santé, il lui demandait alors pourquoi, elle renchérissait sur le fait que ça rendait les poumons noirs et que ça faisait mourir plus tôt. Non seulement il ne savait ce qu'était des poumons, mais la poudre de fée servait à voler, pas à mourir. C'était un deuxième mensonge de sa part. Malgré ses 5 ans, Murray se pensait porteur des vérités de ce monde.
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Sourire d'avril
Teen FictionIl la trouvait étrange, mais il l'appréciait. Elle était jolie, plus que les princesses Disney. Dans tous les cas, il n'aime pas les princesses, elles ne crient pas et n'écoutent pas la musique à fond comme elle le fait, elles sont un peu ennuyantes...