Chapitre 3 partie 2 - Nora

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26 mai 2020

Je sens mon estomac se nouer, à presque m'en faire mal, alors que mes bras retombent le long de mon corps. Alors je ne t'ai pas imaginé. Putain.

Les deux chiens sentent aussi bien que moi l'alpha qui se cache dans les bois, son aura est écrasante. Ils prennent une peur bleue et battent en retraite. Je sais que je ne peux pas réagir, pour ne pas éveiller les soupçons de mes amis, bien qu'une partie de moi ait envie de se rouler en boule dans un coin. Alors je reste stoïque et les observe détaler, un sourcil levé.

Depuis quand tu nous suis exactement ?

— C'était quoi ça ? demande Paolo en arrivant à mon niveau.
— Mon charisme légendaire, plaisanté-je.
— Pourquoi ils se sont enfuis ?
— Parce qu'on leur a fait peur.

Je hausse les épaules, comme pour lui montrer que ça n'a aucune importance. Et heureusement pour moi, Théo intervient :

— On s'en fout, ils sont partis maintenant.

Eléa hoche la tête.

— Eh, on a failli rater ça !

Tout le monde tourne la tête vers son doigt pointé sur la roche. En effet, une ligne horizontale traverse notre ensemble de bancs de calcaire à coraux. Je tire mon carnet de la poche arrière de mon jean et l'ouvre à la page marquée par mon critérium. J'inscris le numéro neuf dans un rond, tandis que Théo prend en photo la formation. J'écris une description succincte de la faille, puis je commence à la dessiner.

Une nouvelle fois, je remonte mes lunettes sur ma tête afin d'avoir les bonnes couleurs et de mieux voir. C'est une petite faille, qui a décalé les couches de quelques centimètres tout de même. Elle sort du sol et affecte au moins un mètre de roche. Ma main habille trace des traits et rapidement, la forme de la faille se profile sur mon carnet. Je demande à Paolo de se mettre à côte pour que je puisse évaluer sa taille. Je rajoute une échelle, compare mon dessin à la structure, et enfin, satisfaite, je libère mon ami avec un sourire.

Il note la faille sur la minute¹, puis nous aidons Eléa a décrire en détail l'objet. Une fois que toute l'équipe a rempli sa tâche, nous reprenons notre marche.


J

e reste en retrait, tentant d'apercevoir Kiëran. Je ne me suis jamais servie de mes sens de louve jusqu'ici, mais je vais en avoir besoin. Si l'alpha m'a suivi jusqu'ici, je dois être en mesure de le sentir venir. Mon égo refuse que je sois prise de court une nouvelle fois par cet énergumène.

Mon estomac est toujours douloureusement noué par son intervention. Sa force est incontestable mais ça ne fait qu'intensifier ma colère. Pourquoi se préoccupe-t-il de moi ? D'après ses propres mots, je suis "ridicule", alors qu'est-ce qu'il fout ici ? S'il est vraiment un alpha, il a des choses plus importantes à gérer que pister une géologue au milieu de la pampa.

Discrètement, mon regard scanne la forêt, à la recherche de ses iris si particuliers. Mais je ne vois rien. Je mords l'intérieur de ma joue, dépitée. Mes sens garous me seraient bien utiles aujourd'hui.

Malheureusement, j'ai tellement ignoré ma louve que je ne sais pas si je suis encore capable de la ressentir. Elle m'a forcée à me transformer quelques fois, mais je crois qu'elle a choisi de m'ignorer aussi.

J'accélère finalement le pas, pour retourner au niveau de mes amis. Ils n'ont pas remarqué mon retard et c'est tant mieux.

Les dernières heures se passent dans le calme. Je suis relativement satisfaite de notre travail quand le minibus déboule d'une petite rue du village. Nous nous sommes assis au bord d'un muret, en attendant que Romain vienne nous récupérer. Je me redresse en croisant le regard marron du doctorant et attrape mon sac d'une main.

J'aperçois les têtes du groupe de Noélie dans le bus lorsque l'engin s'arrête à côté de nous. Le prof descend et fait le tour pour se planter face à nous.

— Votre journée s'est bien passée ?
— Oui très bien, répond Eléa, souriante.

Je glisse mes lunettes dans mes cheveux et sonde le jeune homme. J'ai hâte de rentrer et de prendre une longue douche chaude. La journée a été ensoleillée, mais elle n'en était pas moins fatigante.

Romain hoche la tête, un sourire en coin accroché aux lèvres.

— Demain matin, je viendrais avec vous. Montez, onrentre à l'auberge !

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Une minute¹ ou minute de terrain¹ est une carte sur laquelle les géologues notent les différentes lithologies qu'iels rencontrent à l'endroit où iels les rencontrent.

Lithologie : nature des roches, ça veut dire quel type de roche (ex : granite, marbre, calcaire, etc.)

Affleurement² : zone où les roches affleurent, ça veut dire sont visibles à la surface de la Terre

La Force de la Nature [PUBLIÉ CHEZ Hlab]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant