Lexa :
Je m'assis sur mon lit avec une lenteur presque exagérée mais qui révélait ma lassitude grandissante. Clarke vint presque aussitôt se glisser dans mon dos, son corps collé au mien, ses bras enroulés autour de mon abdomen. Son menton vint se poser sur mon épaule tandis que Murphy me mît la lettre entre les mains. Celle-ci était épurée, soignée et le cachet était très beau. Mais il m'était inconnu. La cire entièrement noire se fendait en son centre dessinant des courbes entrelacées. Clarke me chuchota à l'oreille :
- Deux infinis...
Le frisson que provoqua son souffle sur mon oreille descendit jusqu'à la naissance de ma poitrine. Ma concentration s'envola vers d'autres rivages où Murphy n'était pas là. Cependant, ce fut son regard insistant qui me ramena à la réalité. Ah oui. La lettre.
Je la dépliais consciencieusement effleurant le papier blanc cassé et très officiel de mon index droit. Une fois dépliée, je remarquais alors une écriture légèrement penchée vers l'arrière mais remplie de courbes et d'arrondis. On pouvait deviner une écriture sûre et un geste répété. Les phrases n'avaient pas pour but de convaincre, plutôt d'expliquer, de narrer une histoire.« Commandante,
J'ose aujourd'hui espérer que nous ne déclencherons pas de guerre à la suite de notre message quelque peu sanglant. Cependant il nous fallait vous prévenir. Parce que l'orage gronde et que les éclairs toucheront les cimes des arbres.
Je vous envoie aujourd'hui cette lettre en espérant que vous la receviez sans encombre et j'espère que vous comprendrez que je ne peux trop en dévoiler. Cette lettre a de grandes chances d'être interceptée par les soldats de votre père.
Alors, je vais seulement vous prévenir. Attention au sang qui coulera. Parce qu'il coulera. C'est une certitude. Les nuages se sont rassemblés, eux qui se formaient depuis des années. Et rien ne pourra les arrêter. Considérez que je suis le nuage qui les guide pour former la tempête que nous sommes aujourd'hui et pour déclencher l'orage de demain.
Le temps du changement approche Commandante. À vous de choisir votre camp. La tempête est prête à vous laisser être le cerf-volant qui guide ses éclairs vers les cibles à atteindre. Cependant il ne faudra pas faillir. Nous serons intransigeants sur nos demandes. La première sera la liberté accompagnée par un changement de régime. Ce sera tout. Pour l'instant.
Nous ne souhaitons pas la guerre, mais s'il faut en passer par là pour que nos enfants puissent manger à leur faim et que nous puissions vieillir sans nous préoccuper de leurs vies à chaque instant, alors nous nous battrons. Et je vous conseille de ne pneus sous-estimer. Nous nous préparons depuis des années. Nous nous entraînons depuis que nous avons l'âge de marcher. Nous entretenons la colère qui sommeille en chacun de nous comme un brasier.
Au nom de la révolution qui se propage et de tous ceux qui nous rejoindrons,
Longue vie à vous Commandante. »La fin de ma lecture se retrouva brouillée. Ma main tremblait tellement que Clarke dut me la stabiliser pour pouvoir finir de lire. Sa main sur la mienne calma mes tremblements, mais pour la première fois, son toucher ne réussit pas à la ramener à la réalité. Mon cerveau avait résolument pris congé.
- Qu'y a-t-il ?
La voix grave de Murphy fit relever le menton de Clarke qui était toujours posé sur mon épaule. Je sentis son regard tendre et inquiet se poser sur moi. Elle posa ses lèvres sur mon épaule, à l'endroit même où la tunique que je portais s'arrêtait. Elle me savait bouleversée par les événements. Mais en même temps, qui ne l'aurait pas été ? Tendant la lettre à Murphy d'une main, j'entremêlais mes doigts de l'autre main avec ceux de Clarke posés sur mon ventre. Je basculais ma tête vers l'arrière, venant frotter ma joue doucement à la sienne. Regardant le plafond, un sourire se dessina sur mon visage. J'avais l'impression de n'avoir jamais autant étiré mes lèvres auparavant. J'en avais presque mal à mes zygomatiques. Mon cœur battait fort alors que les bras de celle que j'aimais se resserraient autour de moi. J'entendais mon pouls pulser dans mes oreilles. J'avais l'impression de redécouvrir le plafond, la couleur de la chambre et ce qu'elle m'évoquait.
J'entendis Murphy qui m'appelait mais je tournais la tête vers la fenêtre. Parfait. Dans quelques heures il ferait nuit. Il serait temps. Enfin. Soudain, je détachais mes doigts de ceux de Clarke doucement et décollais ses mains de ma taille. Laissant une de mes mains liée à une des siennes, je me retournais, me levant de mon lit. Me retrouvant face à elle, je tirais tendrement sur sa main pour qu'elle se lève, mes yeux plongés dans les siens, un sourire plaqué sur les lèvres. Voyant mon expression de joie intense, ses dents se dévoilèrent tandis que son sourire aurait pu illuminer la Terre. Ses sourcils levés se firent interrogateurs mais ne cachèrent pas son bonheur de me voir heureuse. Son pouce caressa le dos de ma main en réponse au mien. Je l'attirais vers moi un peu plus brusquement, prenant de l'élan pour la soulever par la taille et la faire tourner dans les airs. Son rire remplit la chambre me faisant sourire encore plus si cela avait été possible. Un air enfantin gagna son visage gonflant mon cœur de bonheur.
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You're my evidence of love's existence (FanFiction)
FanfictionUn autre univers, une autre histoire. Une histoire de prince charmant avec une Commandante à la place du prince et pas vraiment le côté charmant... Injustement, Clarke se retrouve esclave de la Commandante tandis que la couleur de ses yeux et de ses...