Chapitre 38 : Rebellion

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Je suis réveillée avant l'heure par des gouttes qui tombent sur mon visage. Merde, je rêve ou Anya est en train de se pisser dessus et de me pisser dessus par la même occasion !? Je bondis hors de mon lit, en furie, puis grimpe à l'échelle pour rejoindre sa couchette.

- Putain, ma vieille, réveille-toi ! je m'exclame une fois arrivée à sa hauteur.

Elle ne réagit pas. Je la secoue et remarque qu'elle est froide et rigide. Mon coeur se met à battre plus fort. Je regarde ces bras, ils sont recouverts de liquide rouge. Je remarque maintenant l'odeur du sang, de la pisse et de la merde, et je me retiens de justesse de vomir. Je tombe de l'échelle et atterris lourdement sur le sol, réveillant Trainte au passage.

- Kaly ?! Tu vas bien ?! me demande-t-il inquiet.

Je n'arrive pas à sortir un son, je suis sous le choc, j'ai du mal à respirer. Il se précipite sur moi et commence à paniquer.

- Tu t'es blessée ? Tu es pleine de sang !

Je bafouille des sons incompréhensibles, je le regarde lui puis le lit de Anya en essayant de m'exprimer convenablement. Il le remarque et comprend tout de suite. Il monte à toute vitesse sur le lit et essaie de la faire réagir. Il crie son nom et la secoue, sortant toute la chambrée de son sommeil, mais moi je l'entends à peine, comme si mes oreilles étaient bouchées. Il saute sur le sol et cours vers la sonnette pour appeler un gardien qui débarque moins d'une minute plus tard en s'exclamant :

- C'est quoi le...

- C'est Anya ! Elle s'est taillé les veines ! Crie-t-il paniqué.

- Merde ! J'ai besoin d'un infirmier ! s'exclame le gardien.

Les lumières s'allument et l'homme va voir l'état d'Any. Il est vite rejoint par deux infirmiers qui l'aident à la sortir de son lit et la poser par terre. Ils l'auscultent un instant et trouvent un morceau de métal aiguisé dans son lit. Elle a les yeux ouverts, j'ai l'impression qu'elle me regarde. Sa peau est pâle, elle semble encore plus vieille que d'habitude et ses bras sont recouverts de plaies et de sang. Tout comme son matelas juste au-dessus du nôtre. Ce n'est pas de l'urine qui m'est tombé dessus... Je n'ose pas respirer. Elle a pas pu faire ça...

- Elle est morte, c'est trop tard, déclare froidement un des infirmiers.

Mon coeur se serre je sens les larmes monter.

- Toi ! T'es dégueulasse va aux douches, me dit le gardien.

- Je l'accompagne, intervient Trainte.

- Toi, tu la fermes et tu nettoies tout ça. On va t'apporter de quoi faire.

Le gardien m'aide à me lever et m'escorte jusqu'aux douches où les prisonniers d'un autre bloc finissent de se laver. Je n'arrive pas à réaliser ce qui vient d'arriver...

- Je t'attends devant l'entrée avec un uniforme propre, dépêche toi, me prévient le soldat.

J'entre dans le vestiaire. Tout est gris, sombre et sale. Les douches sont collectives et mixtes. Il n'y pas de place pour l'intimité ici, encore moins pour la fierté. Dès notre arrivée à Forlock ils nous ont déshumanisés. Nous nous sommes tous fait raser la tête, tatouer un numéro dans la nuque et on nous oblige à porter cet horrible uniforme marron en piteux état, et désormais plein de sang. Je le retire et me glisse sous la douche froide. Dès que je sens le choc thermique, je craque et me mets à pleurer toutes les larmes de mon corps. Je suis presque seule dans les douches, mais quand bien même il y avait cinquante autres co-détenu avec moi, je ne m'en rendrais même pas compte tant mon esprit est obnubilé par ce que je viens de voir. Pauvre Anya... Elle était si gentille. Si je ne lui avais parlé si mal hier soir rien de tout ça ne serait arrivé. Elle s'est suicidé et je n'ai rien fait pour l'empêcher. Pauvre conne que je suis. C'est pas le premier suicide, mais c'est la première fois que je me sens concerné personnellement. Je suis triste, je m'en veux et je suis en colère contre les vrais responsables. Ceux qui nous ont enfermés ici. Je vais saigner tous ces chiens.

NÉMÉSIS : 2121 RÉSISTANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant