Je m'étais réveillée vers onze heures, et j'avais traîné une grosse partie de l'après-midi. Sacha m'avait donné rendez-vous vers vingt-deux heures, pour le contre-halloween dont m'avait parlé Adam. Je me demandais qui pouvait avoir lancé le concept, mais à mon avis, ça venait des jumeaux. Ils étaient espiègles et bien décidés à ne rien faire comme les autres. Lorsque j'avais demandé la permission, ma mère s'était mise en colère et me l'avait formellement interdit, sans me donner de raison. J'avais beau essayer de savoir pourquoi ou de la faire changer d'avis, rien, nada. Pour parvenir à mes fins, j'avais tout essayé, la discussion, la colère, tenté de l'amadouer, sans que cela ne change rien. Cette journée me donna l'impression que ma mère faisait demi-tour, laissait sa bonne volonté de côté, ne me laissant plus la possibilité de sortir. D'un autre côté, elle ne m'interdisait rien depuis que j'étais arrivée, et peut-être qu'elle voulait donner l'illusion d'un quelconque contrôle sur ma vie, comme toute bonne mère. Depuis notre dernière dispute sur le sujet, j'étais allongée sur mon lit, téléphone en main, hésitant à appuyer sur la touche d'appel. Je ne savais même pas qui appeler. Je cédais finalement, et au bout de quelques sonneries, j'entendis la voix de la rousse :
- Allô ?
- Hey, fis-je piteusement.
- Je suis trop contente de te voir ce soir ! s'exclama Sacha.
- Euh... Oui, justement... Je ne vais pas pouvoir.
- T'es sérieuse ?
- Oui... J'ai tout essayé, mais ma mère ne veut pas.
- Tu blagues ? Mais pourquoi ?
- Je n'en sais rien... avouais-je.
- Bon... Je te rappelle dans deux minutes.
- Ok, fis-je dans le vide. Elle avait déjà raccroché.
Ils avaient le chic pour me raccrocher au nez, elle comme Adam. Cette constatation m'agaça, mais moins que le fait de ne pas pouvoir sortir avec eux ce soir. Quelques instants plus tard, en effet, mon téléphone sonna, mais au lieu du numéro de Sacha, s'en fut un autre qui s'afficha à l'écran :
- Que me vaut l'honneur de cet appel ? demandais-je en décrochant.
- T'es sérieuse Clélie de nous faire faux bond comme ça ? fis Adam.
Il n'allait quand même pas m'accuser de ne pas pouvoir venir ? De l'avoir juste au téléphone comme ça m'empêchait de savoir s'il était sérieux ou non. Lorsque nous étions ensemble et qu'il me taquinait, même quand il prenait une voix sérieuse, j'arrivais à déceler à son regard quand il rigolait.
- Je n'y peux rien... commençais-je.
- On y peut toujours quelque chose. Changement de voix, c'était Jimmy.
- J'ai essayé de la faire changer d'avis je vous jure. Répondis-je.
- Laisse-nous essayer. Je parlais maintenant à Elliot.
- T'es malade, elle va me tuer !
- Et puis, si tu ne veux pas venir, tant pis.
C'était Ella cette fois. J'entendis des voix dans le fond, sans en comprendre le sens des paroles. Les savoir tous là-bas - Sacha et Charlie ne devaient pas être très loin - me laissa un pincement au cœur. Je tentais de l'ignorer. Quelques larmes me montèrent aux yeux. Qu'est ce qui m'arrivait, moi qui ne voulais plus pleurer pour des choses futiles ?
- T'es toujours là ? Adam avait finalement repris son téléphone.
- Vous allez arrêter de me faire passer par tout le monde ? Il n'y a qu'à Charlie que je n'ai pas parlé aujourd'hui ! fis-je, en essayant de contrôler ma voix.
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19 Days
Roman d'amourDepuis des mois, Clélie déménage de foyers en familles d'accueils, après avoir fuit le domicile maternel. Ne sachant plus quoi faire, l'assistante sociale chargée de son dossier lui demande de retourner passer deux semaines chez sa mère, à Londres...