Chapitre 1

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7:07, Abney Park, Londres.

Le froid d'octobre commençe à mordre mes extrémités. Je ne le réalise pas vraiment au début, c'est une sensation lointaine, presque imperceptible. Mes yeux sont fermés, je suis loin, très loin, je me sens partir et c'est presque... Agréable.
Quand soudain, mes sens se réveillent peu à peu, mes paupières se mettent à trembler, je n'entends rien, un énorme acouphène couvre mon ouïe. Puis je le sens, le froid, c'est celui du sol de la chapelle. Le marbre gelé hérisse mon échine. Je ne peux plus respirer, ma langue, ma langue est lourde... Je sens qu'elle me gène. Je suis prise de sursauts, tout mon corps s'affole.
Mon regard se dirige vers la seringue plantée dans mon bras.
Ca y'est, c'est la fin. Mon combat est terminé.

« LEXA ! »
Son cri raisonne comme un lointain écho.
« Alexandria ! Tu m'entends ? »

Je suis désolée Anya.

***

Je me tiens droit devant la chaine de l'Hindu Kuch, de retour en Afghanistan. Je suis devant ces montagnes qu'un jour Alexandre le Grand a sillonné désireux d'envahir l'Inde.
J'observe un moment les sommets cotonneux qui surplombent d'immenses pentes arides.
Derrière moi, le bruit des balles emporte la sérénité du paysage. Mon partenaire vient soudain m'appuyer sur l'épaule et me hurle de me baisser. Gustus me couvre la vue, mais j'entends l'énorme impact de la bombe fracasser tout mon régiment.

Soudain je me réveille. Je hurle. Je ne suis pas en Afghanistan. Je suis dans un hôpital.
Je suis...

« Calme toi, je suis là, Lexa, c'est moi. Infirmière ! »

Anya ! Anya, c'est elle, je suis à Londres. J'ai fait une overdose... Mais alors...

« Je ne suis pas morte ?
- Non tu n'es pas morte, mais tu aurais pu l'être imbécile. Mais enfin qu'est-ce qui t'as pris ?! »

Je n'ai pas le temps de répondre à son sermont car l'infirmière entre en trombe dans la pièce.

« Très bien, vous êtes réveillée Mlle Woods. Je suis Alix, enchantée. Nous allons donc pouvoir discuter des suivis qui vous sont proposés...
- Elle n'a pas besoin de désintox, ce n'est pas une addict, elle n'a fait ça qu'une fois. Lui rétorque Anya
- Dans ce cas là, ce sera surtout un suivi psychologique.

Je récupère mon sang froid et tente de répondre par moi même.

- Je n'en ai pas besoin. Merci.
- Je suis désolé mais vous n'allez pas vraiment avoir le choix, ou sinon on va devoir vous garder ici. Si madame dit vrai et que vous n'êtes pas une addict, alors vous avez fait une tentative de suicide, n'est-ce pas ?
- Dans le mile, Sherlock.

Anya me toise d'un regard froid.
- Ne sois pas sarcastique Lexa.

Je lève les yeux au ciel et l'infirmière décide de poursuivre son discours.

- Très bien alors voici la liste de nos partenaires ainsi que de nos centres. Ceux-ci pourront vous accompagner à distance, si vous vous engagez à suivre les séances, vous n'aurez pas besoin de vous faire hospitaliser.

Elle me tend son papier que je regarde avec dédain. Finalement Anya le lui prend des mains et la remercie d'un sourire faux.
'Alix' se retire enfin.

Faute de ne pas y être parvenue moi-même, je m'attends à ce qu'Anya me tue.
Au lieu de ça je croise un regard triste et inquiet.

« Je ne vais pas te demander pourquoi tu l'as fait. Tu avais toutes les raisons d'abandonner ce monde. Il faut croire que je n'étais pas une assez bonne raison pour que tu restes.
- Oh Anya. Bien sur que si, tu es presque ma soeur, mon mentor, je dirais même mon modèle. Je n'en pouvais juste plus, c'était trop. La guerre, la guerre m'a brisé, et comme si ce n'était pas assez, Costia est morte.

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