Chapitre 9

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Braalaka attendait sur le pont que l'heure du petit déjeuner soit passée et que la plupart des pirates soient sorties du réfectoire. Elle était plongée dans ses pensées. Que pouvait-elle faire? Que pouvait faire Braalaka au point où elle en était, à savoir celui où le peu d'informations qu'elle avait étaient inutiles, et où personne ne savait comment l'aider avec le phénomène de téléportation ? Elle avait déjà essayé tout ce qui lui était possible d'essayer, et rien n'avait fonctionné.

Elle passa le poids de son corps sur sa jambe gauche pour laisser à sa jambe droite la liberté de tressauter, nerveusement : un toc gestuel qu'elle avait lorsqu'elle réfléchissait longtemps, ou dans une situation à problèmes. La brune appréhendait son entretien avec le capitaine, l'idée de se retrouver à nouveau dans un lieu inconnu ne faisait pas bon ménage avec le choc toujours présent d'être dans One Piece.

Braalaka visualisa Hand Island. Elle avait un faible espoir de trouve quelque chose d'utile sur la fameuse île même si rien de garantissait que les habitants en sachent plus que l'équipage du Moby Dick. Si des pirates ayant parcouru le monde de long en large ne savaient rien, alors qui pouvait savoir ?

Un piaillement sonore se fit entendre au-dessus du bateau. Un genre de gros goéland habillé d'une tenue de postier survola les lieux et lâcha quelques journaux avant de repartir aussi soudainement qu'il était venu. Le ciel matinal où le soleil progressait fièrement ne laissait absolument pas imaginer qu'il y avait eu une tempête la veille. Braalaka observa cette immensité azure pour voir y voir disparaître l'oiseau à l'horizon, puis elle posa ensuite son regard sur l'océan d'un bleu plus abyssal. La jeune femme avait l'impression de n'avoir vu que cette couleur depuis son arrivée : du bleu. Des teintes de bleu selon la profondeur des récifs, des dégradés de bleu dans les vagues... Une de ses connaissances travaillant comme décorateur d'intérieur lui avait dite qu'on reconnaissait des propriétés apaisantes à cette couleur, et elle remercia l'univers d'en avoir peint l'eau et le ciel. Imaginez si ça avait été du rose bonbon.

La brune se remit en marche, arpentant le plancher pensivement. D'une certaine manière elle se sentait enjouée à l'idée de retrouver la terre ferme, elle qui adorait passer son temps dans les forêts, se promener en montagnes au contact de la faune et la flore qui l'avaient vu grandir jusqu'à-ce-qu'elle ai dû quitter son village natal pour louer un appartement vers sa fac. Elle soupira.

Qu'elle le veuille ou non l'endroit le plus confortable pour elle à ce moment était bel et bien le Moby Dick. Elle n'avait rien à gagner à se séparer de cet équipage -si ce n'est éviter de subir les tempêtes du nouveau monde-. Elle imagina que le mieux à faire serait d'explorer l'île en quête de nouvelles pistes, et aviser là-bas dans le cas où elle en trouverait. Sinon, repartir sur les mers et espérer. Chercher d'escales en escales pour peut-être trouver quelque chose.

La solution, s'il y en avait une, lui semblait bien lointaine, elle avait l'impression que même en y déployant toutes ses forces elle ne parviendrait pas à rejoindre son monde : on ne traverse pas l'espace-temps comme on traverse un passage piéton.

Des pas traduisant de grandes et lourdes enjambées résonnèrent contre le plancher derrière elle. La brune tourna la tête, toujours un peu perdue dans ses rêveries. Barbe Blanche, qui sortait du réfectoire, la rejoignit et s'accouda à la rambarde à côté d'elle.

« Alors, as-tu tiré quelque chose de l'entretient d'hier ? demanda-t-il en observant le large.

-... Des choses intéressantes historiquement, mais pas de quoi rentrer chez moi.

- Tu veux garder le bouquin au cas où ?

- Je ne pense pas en avoir besoin, merci.

- D'accord. Et pour la suite ? J'ai bien vu ton regard inquiet.

Aux Grands Maux Les Grands Remèdes [Barbe Blanche x Oc]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant