Prologue.

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Théa est l'incarnation même d'une personne chiante. Alors, pour tenir son rôle d'adolescente chiante de 17 ans, elle claqua la porte de sa maison en hurlant contre sa mère. Elle ne savait pas pourquoi elle faisait ça, surtout qu'elle savait très bien ce qu'il se passerait ensuite.

En vérité, Théa aurait aimé que ses parents la renient et ne cherchent pas à la retenir, et qu'elle rencontre un magnifique garçon sur un pont où elle serait venue pleurer. Puis, il l'aurait emmené admirer les étoiles et ils auraient fuit la ville ensemble, amoureux comme personne. Théa y avait pensé plusieurs fois le soir, durant ses longues séances d'introspections.

Cependant, elle n'était pas dans un de ces fantasmes proposés aux enfants dès leur plus jeune âge, et ses parents étaient apparemment réticents à l'idée de voir leur fille quitter la maison familiale à 23h et en pleine dispute. C'était la première raison pour laquelle elle n'était pas une héroïne de ce type de romans.

C'est ainsi qu'elle gagna une demi-heure de sermon supplémentaire sur sa « crise d'adolescence de mes deux », qui dériva sur son « comportement décadent », sujet qui lui-même dévia jusqu'à « ses résultats décevants ». Le narrateur se permet ici de vous indiquer qu'effectivement, l'héroïne de cette histoire n'est pas une lumière. Elle n'est malheureusement pas non plus de ces filles qui sont trop mauvaises pour coller à l'étiquette de fille populaire. Et certains seront soulagés de savoir que Théa n'est pas ce type d'héroïne « hyyyyper banale » mais qui a en fait des yeux vairons, des pouvoirs magiques, des amis richissimes (alors qu'elle est orpheline et lutte pour joindre les deux bouts) et, bien évidemment, un physique au charme surnaturel dès lors qu'elle a confiance en elle et enlève ses lunettes. En vrai, notre héroïne est normale, mais pas une fausse normale, c'est même tout l'inverse. Notre héroïne est juste une ado paumée qui veut se convaincre qu'elle est unique alors que non. Raison numéro deux pour laquelle elle n'est pas ce genre d'héroïne. C'est triste. C'est la vie si vous voulez mon avis. Si tout le monde était extraordinaire plus personne ne le serait. Et alors les personnes normales seraient extraordinaires. Et ainsi de suite.
Pour en revenir à notre histoire, Théa était donc une fille moyenne qui travaillait dur pour réaliser ses rêves, mais qui avait aussi la flemme. Elle se serait sûrement défendue en clamant qu'on n'a qu'une jeunesse, qu'elle ne veut pas se réveiller à 45 ans, coincée dans un boulot et une famille qu'elle déteste pour devoir tout détruire et recommencer. Mais la vérité, la vérité que seul un narrateur possède (et que je partage avec vous aujourd'hui), est qu'elle a juste la flemme. Que la détermination ne vient juste pas. Théa ne la cherche pas non plus, souvent. Alors ses parents y voient une autre occasion de retenir Théa dans leur salon.

Dans ce cas de figure, Théa sait ce qu'elle doit faire. Ne pas bouger, si ce n'est que pour légèrement acquiescer, ne pas parler, sauf pour dire « oui » lorsque des géniteurs attendent une réponse, et attendre. Théa se décale de manière à être en face de l'horloge du salon et se met en pilote automatique. Elle observe la petite trotteuse avancer dans toute sa lenteur, dans un calme et une régularité parfaite. À minuit moins dix, les parents estiment qu'elle leur a fait perdre assez de temps comme ça, comme si c'était elle qui avait demandé leurs soliloques successifs pendant une heure. En vérité, sa tentative de rébellion pathétique était une invitation à prolonger la dispute dans une enveloppe de papier brillant pour ses parents. Mais Théa n'admettrait jamais sa stupidité, alors elle se conforta dans sa rage.
Surtout qu'elle avait écopé d'un magnifique séjour dans un centre de remise à niveau d'anglais cet été. Elle qui planifiait de rester cloîtrée dans sa chambre tout l'été, c'était râpé.

*****

Lorsque qu'elle fut enfin arrivée au camp d'anglais, Théa réalisa avec effroi que ce qui l'attendait était bien pire que ce qu'elle s'imaginait. Après avoir été forcée à se présenter à chacun des membres du camp (en anglais bien évidemment), elle prit connaissance des activités obligatoires qui étaient plus ennuyeuses et gênantes les unes que les autres. C'est pour cela que Théa voulut assumer son rôle d'adolescente chiante jusqu'au bout tout en devenant devenir l'héroïne de ce récit. Pour ce faire (et pour changer), elle décida de tester l'acte le plus cliché qu'elle avait vu dans ces stupides romans pour adolescents : la fugue. Pour la énième fois, elle s'imagina s'évader avec un beau brun ténébreux qui l'emmènerait en Italie pour vivre une vie d'artiste (le scénario numéro 5) et décida de retenter sa chance. Parce qu'en vérité, Théa avait essayé de faire de sa vie un film hollywoodien au moins une dizaine de fois ces trois derniers mois, mais le narrateur taira ces échecs cuisants pour ne pas faire trop honte à l'héroïne.

C'est ainsi que Théa s'est retrouvée en plein milieu d'une forêt, perdue, frigorifiée (il était pourtant évident qu'une simple veste ne serait pas suffisant mais passons), effrayée du moindre bruit, et commençant à regretter sa rébellion.

Néanmoins, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'en arrivant à une sorte de clairière, elle aperçut une personne, là, assises dans l'herbe.
Son vœu avait-il enfin été exaucé ?
Elle s'approcha de l'inconnu.e, fébrile à l'idée de cette rencontre.

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J'hésite vraiment à garder cette partie en prologue, ou à la republier à la fin en bonus. Elle détonne un peu avec le reste du « livre ». Dites moi ce que vous en pensez!

ThéaïsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant