Les Trahisons

3. Omb

« Clarke, enfin je te trouve ! Il faut organiser la visite des Ombiens. Tu viens ? »

Simrit, le Stonekepa de l'Arche, la coupa dans sa rêverie. Elle resta un instant au sol, devant la tombe de Père, rassemblant ses forces. Puis elle se releva avec un clin d'oeil.

« J'arrive ! Je ne raterai ça pour rien au monde ! »

Elle suivit Simrit jusque dans la salle du Conseil. Avec ses sièges rembourrés et sa grande baie vitrée, elle aurait pu être vraiment agréable. Mais y entrer signifiait y rester pendant de très longues heures.

Rester sur le même siège pendant autant de temps n'est jamais agréable, même avec la plus molle des assises.

Surtout lorsque la discussion reste très terre à terre. Par exemple, la répartition de leurs hôtes dans les chambres du château ne l'intéressait pas au plus haut point. En revanche, tenter de deviner à quoi ressemblerait cette reine lui semblait bien mieux.

Que connaissait-elle des Ombiens ? Bien peu de choses, à vrai dire. Ils seraient tous bruns, à la peau plus ou moins foncée. Méfiants, ils refusaient toute immigration sur leur île, ne leur permettant pas d'introduire d'espions chez eux. Contrairement aux Arcadiens, ils étaient peu bavards et réservés (assez déplaisants aux yeux de Clarke, donc), mais, il fallait le reconnaître, de courageux et intelligents guerriers. Si courageux et intelligents que, pendant les nombreuses années de guerre ayant précédé la période actuelle de paix, aucune île n'avait ne serait-ce gagné un seul combat contre eux.

Très vite, les velléités des conquérants en herbe d'Atlantide, de TonDC, ou même de l'Arche avaient cessé, préférant garder leurs hommes dans des raids qu'ils pouvaient gagner. En revanche, s'ils s'étaient toujours défendus admirablement, ils n'avaient jamais tenté d'annexer une autre île.

Jamais.

Ils refusaient ainsi tout mélange, en refusant l'émigration aussi bien que l'immigration. Et leur île était à leur image : construite à la manière d'un continent, leur capitale se trouvant au milieu. Au contraire, les capitales des autres îles se situaient toutes près de la mer. Omb empêchait un maximum de contact, étant un plateau immense bordé de tous côtés par une falaise vertigineuse. Des ports étaient installés aux rares endroits où la falaise se muait en pente plus douce, et où rejoindre l'intérieur des terres devenait possible, faisant de cette île un fort imprenable. Le plateau, terreau fertile, leur procurait toute la nourriture dont ils avaient besoin, leur permettant de rester en parfaite autonomie.

Introvertie, stable, brune... Etait-ce les populations qui, suivant leurs caractères, choisissaient un territoire leur ressemblant ou bien, au contraire, était-ce le territoire qui les façonnait ?

En tous cas, cette fameuse reine risquait fort de ressembler à cette description : une femme brune, antipathique et brutale.

Clarke avait vraiment hâte de la rencontrer.