Memoria Ignotum

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 En cette fin de journée d'été 1924, le couple Wills avaient fait couler beaucoup d'encre. Tous les journaux de New York parlaient de la femme retrouvée au bord de la rivière et du policier intrépide qui l'avait secouru. La jeune femme avait été ramenée dans un état déplorable à la clinique de Saint-Daniel. Elle avait été sauvée de justesse et avait malheureusement été diagnostiquée amnésique peu de temps après.

Le policier venait chaque jour pour voir la belle jeune femme baptisée par les médecins Memoria Ignotum. Après un an d'hospitalisation, elle avait fini par épouser son sauveur, l'agent Benjamin Wills. Cette histoire peu commune était parvenue aux oreilles du mystérieux Avery Arcanum, un homme riche comme Crésus et pourtant inconnu du public, qui pour une raison encore inconnue avait invité le couple Wills à passer une semaine dans son manoir. Avery regrettait cette décision prise avec impulsivité et le fait de voir un agent du gouvernement entrer dans sa maison ne l'enchantait guère. Il entendit le son lointain d'une automobile se rapprocher. Il enfila sa veste et descendit le grand escalier qui menait au hall. Après quelques secondes d'attente, il entendit un rire léger et enjoué. Puis les grandes portes en chêne s'ouvrirent sur les Wills. L'homme qu'était Benjamin était la figure parfaite de l'américain des années 20: fine moustache, cheveux bruns et un costume impeccablement mis. La magnifique fleur qui se trouvait à ses côtés retint son regard. Sa longue chevelure or tombait en une cascade de boucles sur son bassin, sa peau légèrement bronzée faisait ressortir ses yeux émeraudes. Elle portait une robe bleu-vert qui lui donnait un air presque fantaisiste.

-C'est un plaisir de vous rencontrer M.Arcanum, s'exprima M.Wills en lui tendant chaleureusement la main.

-Appelez-moi simplement Avery, fit-il poliment en serrant la main qu'on lui tendait.

-Laissez moi vous présenté ma femme, Memoria.

Avery prit sa main et l'embrassa délicatement. Le contact de ses lèvres sur sa peau douce fit rougir Memoria. Ce petit détail échappa à son mari, mais certainement pas à Avery.

Elle retira sa main et remplaça rapidement son expression troublée par un sourire aimable.

Memoria ne comprit pas ce petit changement, elle si calme d'habitude se retrouvait à rougir pour un simple baise-main. Elle regarda son mari qui ne lui adressa même pas un regard. Lui, n'était pas venu par simple courtoisie ou tout simplement pour passer un peu de temps avec sa femme qu'il ne voyait pas souvent, non. Le seule raison de sa présence était de découvrir sur quoi se basait la richesse de Avery Arcanum. Elle soupira et regarda son hôte.

-Puis-je vous faire visiter ma demeure ? demanda t-il.

-Avec plaisir, s'empressa de répondre Benjamin.

Ils parcoururent alors l'immense demeure. Des guéridons, des tableaux aux cadres dorés, des tissus tissé d'or et d'argent, tout n'était que luxe et élégance. Rien n'était laissé au hasard, pas une seule trace de poussière, rien qui puisse briser l'harmonie qui régnait dans les pièces. Ils finirent par visiter le jardin? A peine eut-elle posé le pied dans l'herbe qu'elle sentit son coeur faire un bond dans sa poitrine. Une extrême tristesse la submergea. Elle fit son possible pour retenir cette vague d'émotion qui la parcourait.

-Il va falloir rentrer Messieurs, il va faire nuit et il commence à pleuvoir, dit un des domestique présent dans le jardin.

-Ne pouvons-nous rester un peu plus long ? fit elle en un soupir.

-Tu vas mouiller ta robe...

-Votre mari à raison. Il ne faudrait pas abîmer une si jolie robe.

Ils se retournèrent tous deux pour rentrer, mais elle resta plantée là à regarder les meubles de jardin à l'instant vide. Maintenant, un couple se regardait dans le blanc des yeux un sourire niais aux lèvres. Malgré le peu de distance qui les séparaient, leurs silhouettes et leurs visages restaient flous. Seuls leurs yeux étaient visibles. Rien ne semblait exister, les gens autour avait disparu et seules ses deux personnes avait son attention. Une nouvelle vague d'émotions contradictoires l'envahit. De la joie, de la tristesse, de la colère, tous ces sentiments se téléscopaient en elle. Une larme commença à couler le long de sa joue. Elle sentit quelque chose de doux et réconfortant se poser sur son bras. Elle détourna son regard qui se posa à sa grande surprise sur Avery. Il y avait une once d'inquiétude dans son regard bleu azur. Ils restèrent quelques secondes à se regarder. Benjamin, l'attrapa par la taille et l'éloigna de leurs hôte.

RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant