Un avenir incertain

Chapitre 37 - nouveaux cercles

Kal-El avait commencé à travailler à la mairie. Le stress l'avait tendu la première semaine, mais petit à petit Salomé sentait qu'il devenait plus à l'aise. L'épisode de l'agression s'était enfoui quelque part, derrière des couches et des couches d'efforts pour ne plus y penser, et de bonheur de conviction que c'était la dernière fois qu'une telle chose arrivait.

Salomé et Kal-El vivaient leurs premières semaines de « routine », même si, vivre avec un homme comme lui était difficilement assimilable à de la routine.

Parfois, certains soirs, il toquait doucement à la fenêtre du salon pour que Salomé lui ouvre, signe qu'il avait oublié ses clés le matin. La vie à Oyessa sans portes ni fenêtres y était certainement pour quelque chose. Un temps d'adaptation s'avérait nécessaire. Quelques matins, il lui arrivait de casser une tasse à force de la serrer trop fort dans sa main , généralement lorsque qu'il était soucieux, ou bien énervé. Son travail lui plaisait beaucoup, même s'il aurait aimé avoir plus de poids et de responsabilités. Il lui fallait être patient.

Le voir se réintégrer dans la frénésie de la vie terrienne plaisait beaucoup à Salomé. Il l'attendrissait. Elle, de son côté, en profitait pour écrire lorsqu'il n'était pas là.

Kal-El se fit rapidement des relations à la mairie, notamment avec un homme qu'il évoquait régulièrement. Arthur. Puis d'une simple évocation régulière, il devint un peu plus. Arthur et lui allaient boire un biere après le travail. Quelques semaines plus tard, un jour d'avril, Arthur proposa à Kal-El de venir manger chez lui et sa compagne avec Salomé. Une rencontre officielle. Un dîner de couple.

« Tu verras il est vraiment sympa », lui répétait Kal-El, alors qu'ils marchaient vers ce fameux Arthur.

Une grande blonde aux cheveux remontés en queue de cheval et aux yeux noirs en amande les accueillirent chaleureusement.

« Vous devez être Kal-El », s'exclama-T-elle en lui tendant une fine main blanche.

« Absolument, et voici Salomé », lui répondit-Il dans un sourire poli et solennel.

« Enchantée! Je suis Lisa! »

Ils furent invités à s'installer dans le salon une fois une bière fraîche à la main.

« Il ne devrait pas tarder, un coup de fil du travail », excusa-t-elle.

« Rien de grave j'espère », s'enquit Kal-El.

Il avait opté pour une chemise bleue, du même bleu abyssal que ses yeux. Salomé le dévorait des yeux alors qu'il échangeait des mondanités avec Lisa, visiblement peu à l'aise.

« Ah vous êtes là! »

Un homme au visage étonnement jeune avait fit irruption dans le salon, un téléphone portable à la main.

« Je suis désolée Kal, tu connais.. le boulot! Oh Salomé, ravie de vo...te rencontrer! On peut se tutoyer? Ça ne te dérange pas? »

« non, bien sûr! », s'exclama celle-ci en lui envoyant un large sourire.

Ils firent connaissance tranquillement en sirotant leur verre. Kal-El avait raison. Arthur était véritablement quelqu'un de sympathique, et de plutôt drôle. Sa tchatche le rendait intéressant, et le fond de ses paroles n'étaient pas creuses. Au contraire. Ses larges yeux verts, ses cheveux blond vénitien et ses nombreuses taches de rousseurs sur le visage lui conférait des origines anglaises. Ce qu'il était. Anglais.

Alors qu'il lui racontait comment il s'était retrouvé à dîner avec David Cameron lors d'un de ses passages à Dublin, Salomé glissa un regard vers Kal-El. Assis sur le bord du canapé, son verre à la main, les coudes posés sur ses cuisses, il écoutait Lisa lui parler activement.