Et puis au pire... Je t'aime [T2 TERMINÉ]

Chapitre 38

Trente minutes. Cela fait trente minutes qu'ils sont sortis dans le couloir pour appeler leur patron. Trente minutes de torture durant lesquelles je manque de devenir folle. Trente minutes que Jayden tourne en rond comme un lion en cage. Trente minutes que mon cœur bat si fort que j'ai peur de faire un arrêt cardiaque.

Cette attente est insoutenable. J'ai le temps de me faire mille scénarios dans lesquels on meurt à chaque fois. Tout à l'heure, j'ai joué la maligne, mais en vrai, je n'en mène pas large. J'ai envie de me rouler en boule et d'attendre ma fin.

— Tu crois qu'il va pouvoir venir ? je demande. Il est quand même censé chanter et animer un festival. Jayden se stoppe devant la fenêtre, les yeux rivés sur la rue en contre-bas.

— Il est là.

Mon souffle se coupe et mon sang se glace. Le moment fatidique est arrivé. Dans quelques minutes, toute cette affaire aura enfin une fin. On aura gagné ou on sera tué.

Jayden m'entraîne vers le lit où on s'assoit tranquillement. Si on veut que notre plan marche, on doit paraître confiants. On doit lui faire croire que c'est nous qui contrôlons la partie.

On attend plusieurs secondes sans que rien ne se passe, alors je pivote vers lui.

— Jayden ?

Il tourne la tête vers moi et m'interroge du regard.

— Je crois que c'est l'une des plus grosses conneries qu'on n'ait jamais faite.

Il esquisse un sourire.

— Mais c'est de là que naissent les choses les plus incroyables. Regarde, nous !

Il me prend la main et me dépose un baiser sur le front. Avec lui à mes côtés, je me sens en sécurité, invincible. Je suis prête à tout ce qui va nous arriver.

Enfin, on toque à la porte. J'inspire et relève le menton, le dos droit, déterminée.

— Entrez.

La porte s'ouvre et la personne que j'admirais le plus au monde entre. Même en vrai, sans les paillettes et les lumière flatteuses, il paraît irréel, incroyable. Il est aussi beau qu'à la télé. Son costard bleu épouse parfaitement sa musculature tout en s'accordant à la perfection à ses yeux gris. Deux yeux gris perçants qui sont rivés sur moi. C'est à ce moment-là que l'illusion se brise. Je réprime un frisson et me force de ne rien laisser transparaître de la crainte et du dégoût qu'il m'inspire.

— Isabelle Collins et Jayden Summers... Quelle joie de faire enfin votre rencontre !

Je grimace.

— Joie non partagée, réplique Jayden.

Le sourire de façade du chanteur disparaît et il referme la porte avant d'aller se placer au bout du lit, face à nous.

— Donc vous êtes les deux moins que rien qui essaient de me faire tomber sans succès ? Quel est votre nouveau plan cette fois, hein ?!

Je serre les dents et réponds sereinement :

— Un plan ? Non. Une menace ? Absolument. Et je vous conseille de ne pas la prendre à la légère.

Jayden me presse la main et continue à ma place :

— On veut que vous vous rendiez aux autorités.

La star écarquille les yeux et nous dévisage, interdite, avant d'exploser de rire. Un rire sec et cruel. Sardonique.

— Me rendre ? Et pourquoi je ferais ça ?!

Je le fusille du regard. Ce type me révolte. Comment peut-il encore se regarder dans un miroir après tout ce qu'il a commis ? Comment peut-il rester sain d'esprit !?