Le lendemain matin, nous nous préparons promptement pour la journée. Le trajet pour déposer Charlie à La Ruche puis pour aller au salon se déroule sans problème. J'arrive quelques minutes avant l'ouverture, en même temps que Nancy.« Comment ça s'est passé hier soir? Tout est bien allé? »
Nancy hoche la tête.
« Oh oui. Il y avait plus de monde puisque la plupart des gens avaient fini de travailler. Les lecteurs étaient tristes de te manquer. Il y en a un en particulier, oh! J'ai cru qu'il allait renverser la table! Il avait l'air furieux que tu ne sois pas là. »
« Ah bon? » je demande, inquiète.
Nancy hoche gravement la tête.
« Oh si. Tu crois que c'est l'un de ces fans hystériques dont parle les médias? Tu sais, les obsédés? Ceux qui suivent leurs idoles et vont fouiller dans leur poubelle? »
Je fronce les sourcils, encore plus inquiète. Faut-il prévenir la sécurité au cas où il reviendrait aujourd'hui? Il est hors de question qu'un fou me suive et mette ma fille en danger.
La cloche annonçant l'ouverture du salon retentit pour annoncer aux différents kiosques l'ouverture. Je m'attends à ce que, comme la veille, il n'y ait personne pour une bonne heure, mais à ma grande surprise, alors que je parle avec Nancy, deux mains se posent brusquement sur notre table. Pas de quoi faire peur, mais assez pour nous faire sursauter.
« Il faut qu'on parle, » dit une voix grave, très bas et de façon trop contrôlée pour que ce soit naturel.
Je me retourne lentement et écarquille les yeux en reconnaissant Josh.
« De quoi... » je commence, mais sans finir. Josh m'interrompt en sortant un exemplaire de mon livre de son sac et en le laisse tomber sur la table. Je blêmis lorsqu'il l'ouvre sur l'une des rares photos de cette biographie. Celle où je tiens Charlie contre moi à l'hôpital, quelques heures après sa naissance.
Je fixe la photo, trop choquée pour faire quoi que ce soit. Je peux sentir le regard inquiet de Nancy qui va et vient entre Josh et moi, mais je le sens surtout lui. Josh a toujours été du genre relaxe, à voir le bon côté des choses, sauf que là, il irradie tellement il est à fleur de peau.
Et je le comprends, couine une petite voix tout au fond de mon crâne.
J'arrive à relever les yeux pour le regarder en face. Il est tellement à vif que ses yeux semblent clignoter.
« Il faut. Qu'on. Parle, » gronde-t-il.
Je prends une inspiration et avale ma salive pour me ressaisir.
« Là, je travaille. Plus tard. »
Il repousse la table grinçante en se redressant, il lâche un « HA! », comme pour évacuer la tension qui l'habite. Il me pointe d'un doigt accusateur.
« Plus tard? » répète-t-il. « Ça fait déjà bien trop longtemps! Et tu ne travailles pas! Y'a personne! »
Je frémis, mais je ne saurais dire si c'est de colère, de peur ou d'indignation.
« Je travaille, » je répète, du ton le plus ferme possible. « On parlera ce soir, quand j'aurais fini le salon. Juré. »
Ses yeux brillent. Il sait que je ne brise jamais une promesse.
« Juré? » demande-t-il.
« Juré, » je confirme. « Reviens ici à 18h, quand le salon sera fini. Je serai là et on parlera. En attendant, laisse-moi travailler. »
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Lycan - The Human Mate (fr/eng)
Wilkołaki« Ça fait plus de trois ans que je ne l'ai pas revu. Quelles sont les chances que je le croise là? Et s'il avait lu mon livre? Et s'il avait découvert que j'étais tombée enceinte juste avant sa disparition? Est-ce qu'il me prendra Charlie? » C'étaie...