Noce d'Argent

Partie 1 : Chapitre 3

Chapitre 3 : Lutte intérieure.

« T'avais fait une croix sur lui ! Et maintenant, il te regarde, te fais un joli sourire, et puis ça y est t'en peux plus ? À quoi bon s'évertuer à l'oublier, si à peine une petite heure avec lui, te fait perdre tout sens du rationnel ? N'oublie pas que si lui et toi, vous en êtes là, c'est son choix ! » S'énerva le rédacteur, contre lui-même, son regard encore sur Kotaro.

Sans que Akaashi s'en rende compte, ses doigts avaient légèrement froissé la page. Tout comme, les muscles de son visage étaient contractés de nervosité. L'évidence le frappait : les sentiments qu'il éprouvait pour le gris avait gagné en puissance. Pourtant, Keiji s'était donné tant de mal pour les enterrer au plus profond de son cœur. Son côté démoniaque se moquait ouvertement de lui de cette vaine tentative. Il avait passé les sept derniers mois dans les paperasses et sous une tonne de travail, afin que son esprit soit monopolisé par ceux-ci et oublie peu à peu leur romance. Apparemment cette méthode ne lui avait pas convenu... Le reconnaître empiéta sur sa sérénité naturelle du rédacteur -bien qu'il essayait de montrer le contraire à ses invités. Mais en réalité, quoiqu'il dise, tout ce qui touchait de près ou de loin à son histoire avec Bokuto affectait son humeur. Ne serait-ce qu'une assiette vide dans l'évier, lui rappelant alors son statut d'homme célibataire, déclenchait chez lui un tourbillon de colère et de tristesse mêlée. Pour se consoler, Akaashi se préparait alors des boulettes de riz et les mangeait devant son film préféré. Mais là, aucun onigiri à l'horizon, aucun moyen de secours et pour couronner le tout, le contexte le dépassait affreusement. Son esprit était entre les griffes des yeux désireux de son ex et son corps frémissait à travers les images de leurs regrettés ébats. Le voilà tombé dans le piège des prunelles ambrées, qu'il redoutait tellement... Sauf qu'il n'était pas question que ce soit aussi facile ! Akaashi n'avait pas dit son dernier mot !

Keiji détourna les yeux, pour savourer les trois dernièrs sujets. L'entrevue était bientôt finie. Heureusement, car le rédacteur sentait l'humidité noyer l'intérieur de ses mains, au fur et à mesure qu'il luttait contre lui-même. Et ce combat n'était pas des plus faciles... Ici, il ne s'inquiétait pas de choisir une pomme rouge ou une verte ; ni de choisir entre manger sur place ou prendre à emporter. Hélas... en ce moment, sa raison combattait contre son coeur et ses volontés.

Les idées un peu plus en place, le brun était prêt à affronter l'homme qui incarnait ses désirs interdits. Et qui l'eut cru, la question qui suivait était pour lui. Akaashi la posa et son ton fut soudainement plus doux que prévu. Agacé par cette preuve d'amabilité involontaire, que bien évidemment Bokuto remarqua avec une moue surprise, Keiji se mordit l'intérieur de la joue. Le rédacteur nota la réponse avec une hargne qu'il camouflait tant bien que mal.

― Les jeux olympiques approchent à grand pas, pensez-vous être sélectionnés pour participer à cette compétition ? Fit le brun, en s'adressant à Hinata, alors qu'il savait que ce point concernait les deux volleyeurs.

― Je ferai tout pour ! S'exclama le roux, devant le sourire de Akaashi.

Le brun écrivit, puis fit tapoter le stylo sur la table. Au même instant, sa main couvrit sa bouche, alors que ses iris se dirigèrent vers l'as, incertains. Le silence s'installa, auquel Akaashi resta bloqué sur son ancien amant. Il était en train de se demander s'il fallait vraiment qu'il lui retourne la question, ou si juste avec ce qu'il savait de Bokuto, il pouvait esquiver de lui parler directement à nouveau. Seulement, rien qu'en le scrutant pour déterminer la solution à son problème, il était à un doigt de répondre aux attentes de son cœur. Ce dernier sortit la carte des souvenirs, une fois de plus, et utilisa comme arme le délice de leurs baisers, la passion qui s'en dégageait, la caresse chaleureuse qui enveloppait le cœur du journaliste. Son corps défaillit clairement sous ce coup en traitre. C'était indéniable maintenant... Comment ignorer que tout son être implorait la présence de Bokuto ? Il lui manquait atrocement...