Alice et Fred marchaient côte à côte dans les couloirs du Palais, en direction du bureau du juge Bertrand. Ils étaient silencieux et ne s'étaient pas adressé un mot depuis leur joute verbale en voiture. Fred se triturait les méninges, cherchant au plus profond de lui la solution idéale pour se faire pardonner. Il jeta un œil furtif à sa compagne et la vit tendue à l'extrême, les lèvres pincées, le visage fermé. Il fut étonné que leur dispute prenne une telle proportion. Il regarda autour de lui et comprit en cet instant la colère de la juge.
Autour d'eux, les murmures, les regards curieux voire inquisiteurs se multipliaient. Il ne s'en était pas rendu compte, perdu dans ses réflexions, il avait marché tête baissée, yeux fixés vers le sol. Il ouvrit ses oreilles, affuta son ouïe et tenta de percevoir quelques bribes de mots prononcés ici et là. « faute grave », « incapable », « rétrogradée », « amoureuse », « aveuglée », « soumise »...
Fred serra les poings et posa une main dans le bas du dos de la jeune femme pour lui montrer qu'il était là, qu'il serait toujours là. Elle n'eut aucune réaction. Elle marchait à vive allure, la tête haute, altière, regardant droit devant elle, se moquant du qu'en dira-t-on. En surface tout du moins, car la tension que Fred ressentait émaner de son corps, n'allait pas tarder à exploser.
Ils arrivèrent devant la porte du bureau. Alice avait déjà la main sur la poignée lorsque Fred l'arrêta d'un geste. Il la tourna vers lui et la fixant droit dans les yeux, lui dit calmement :
- Je suis désolé.
- Désolé pour quoi ? Pour m'avoir traitée comme une merde ou parce que les autres me traitent comme une merde ?
Ce coup de colère le sidéra. Comme il l'avait présagé, la pression s'accentuant, telle une cocotte minute, elle allait imploser d'un moment à l'autre. Cela ne l'empêcha d'éprouver une certaine exaspération face à cette tirade qu'il jugeait injuste et très exagérée. Il inspira profondément pour se calmer mais le démon qui siégeait en lui, prit les devants et il s'entendit lui répondre bêtement :
- Ne me rejette pas tout sur le dos, c'est pas moi qui ai voulu que tu changes de boulot !
Il se rendit compte de sa connerie lorsqu'il vit de nombreuses flammes envahir le regard émeraude. Elle serra les poings et s'apprêtait à lui répondre vertement quand la porte du bureau s'ouvrit soudainement.
- Commandant ! Alice ! Quel plaisir de vous voir là tous les deux !
Le sourire réjoui de Victor s'effaça progressivement. L'électricité de l'air ambiant le tétanisa et il observa les deux compères se livrer un duel sans merci, deux regards ancrés l'un dans l'autre, des yeux furibonds, toisant l'autre avec rage. Victor reprit d'un ton qu'il se voulut enjoué :
- Vous êtes venus me faire une petite surprise ?
Son intonation sonnait faux. Le combat continuait en face de lui, les visages se crispaient, les poings se serraient, les corps se tendaient à l'extrême. Aucun ne voulait céder. Victor les avait rarement vus aussi en colère l'un envers l'autre. Il prit une voix autoritaire et les tirèrent par le bras, cassant net l'affrontement visuel qui s'éternisait.
- Bon allez, ça suffit vous deux. Vous m'expliquez ce qu'il se passe là ? Alice ? Commandant ? Arrêtez de faire les gamins, bon dieu de merde !
Ces injures si rares dans la bouche du greffier lui valurent deux paires d'yeux surpris se poser sur lui. Il en profita pour continuer, heureux d'avoir enfin capté leur attention.
- Il se passe quoi hein ? Allez, j'attends. Vite vite, on se dépêche ! On explique tout à Victor !
- C'est lui !
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Une vie mouvementée
FanficSérie Alice Nevers Fanfiction publiée de novembre 2018 à mai 2019. Un bug du site a tout effacé. Je la republie aujourd'hui. Bonne relecture ou découverte ! Alice Nevers est devenue procureur.