Chapitre 7

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Chapitre 7

Moussa s'est retrouvé du jour au lendemain sans rien pour quelqu'un qui avait tout investit.
Sa mère a attendu le moment où sa famille avait le plus besoin de lui pour tout lui prendre. Son entreprise, sa maison, sa voiture et surtout sa tranquillité mais aussi sa dignité d'homme.
Il ne dort plus et en une semaine, il a pris de l'âge surtout.
Une semaine après la naissance de ses jumeaux, il était encore là à se demander d'où pouvait-il sortir même pas mais deux moutons pour pouvoir faire le baptême. Sa femme ayant compris annonça à tous qu'ils ont décidé de ne pas faire de grande fête à cause de l'état de santé de la petite jumelle. Moussa a senti un ouf de soulagement car ça lui permettait de creuser un peu encore avec sa famille et avoir peut-être gain de cause sur ce qui lui revient de droit. Il avait traversé la ville dans un taxi et était arrivé pile à l'heure où son oncle était devant l'entrée de son ancienne maison devenue aujourd'hui exclusivement celle de sa mère et ses frères.

- Qu'est-ce que tu fais chez moi Moussa ? Hurla t-elle en le voyant venir derrière son oncle.
- C'est moi qui ai demandé à Moussa de venir avec moi !
- Pourquoi ?
- Parce que c'est ton fils et que tu n'as pas le droit de le rejeter comme ça. Vous allez parler et passer à autre chose.
- Je ne l'ai pas rejeté, il sait bien que je l'aime plus que tout mais tant qu'il ne divorcera pas de cette femme, il perd tout mon amour et le droit de m'appeler mère.
- Ce qui est fait est déjà fait, Absa a déjà donné naissance, ce sont tes petits enfants. Rabia ? Reconsidère s'il te plaît ta position.
- Je ne les accepterai jamais comme tels, même si on me les traîne au pied !
- Qu'est-ce que tu fais comme ça ? Rabia ? Quand mon frère t'a épousé, tu as subi bien pire et je pense que si quelqu'un peut aujourd'hui tolérer l'amour c'est toi, avec le père de cet enfant, tu as vécu tes plus durs moment de la vie mais grâce à l'amour, vous avez triomphé.
- Moussa m'a désobéit en ramenant une veuve dans son foyer, la fille de nos pires ennemis, moi je n'étais pas veuve, j'étais mal aimée c'est tout. Cette Absa tu vois, elle va aussi le finir comme elle l'a fait avec son premier époux. Je sais de quoi je parle.
- Tu es certaine que c'est pour ça ? Juste ça ?
- Ça ne te regarde pas Tahirou !
- Maman ? Qu'est-ce qu'elle t'a fait Absa ? Je me mets à genoux pour te demander pardon. Reconnais au moins nos enfants. Si tu te mets en colère contre moi, qu'est-ce que je vais devenir maman ? Dis-moi ?
- Ça c'est toi qui sait et non moi !
- Maman ?
- Donc comme ça toi tu ne reviens pas sur tes dire, tu ne veux pas divorcer d'elle ? c'est à moi ta mère de revoir ma position ?
- C'est quoi le problème au juste ? Qu'est-ce qu'on peut faire pour arranger ?
- Ta femme, cette femme je ne la veux pas pour toi, je sais de quoi je te parle.
- Ne dis pas ça de Absa.
- Bon comme tu ne veux pas entendre raison, dis-moi ce que je peux faire pour toi concrètement ? Vous me faites perdre du temps !
- Pour tes petits enfants, laisse-moi revenir et travailler. J'en ai besoin pour ma famille. Si tu veux garde Ismael comme directeur mais moi je veux juste un poste et la reconnaissance de mes enfants meme si tu n'aimes pas leur mère.
- Tu as commis trop d'erreurs Moussa, Tu n'aurais jamais dû épouser cette fille et pire tu en demandes beaucoup. Bref, si vous avez fini, vous savez où se trouve la sortie dit-elle en se retournant.
- Je ramènerai mes enfants à toi si toi tu refuses de venir à eux dit Moussa avant que sa mère ne disparaisse derrière la porte.

Ils sont sortis son oncle et lui. Pour la première fois depuis la mort de son père, Moussa a essuyé une larme très très chaude. Il a remis le dernier billet de mille francs qu'il avait à son oncle afin que ce dernier prenne un taxi. Moussa a préféré marcher jusqu'à la maison tout en réfléchissant à comment avoir de quoi payer les deux moutons. En arrivant devant la maison, il trouva la voiture de son beau frère qui lui même était sur le point de partir.

- Moctar ? Comment tu vas ?
- Bien mon frère et toi ?
- Je vais bien, tu t'en vas déjà ?
- Oui oui ! Euh Moussa ? Je peux te parler s'il te plaît ?
- Bien sur, allons à l'intérieur.
- Non ! Je ne veux pas que ma sœur nous entende.

Ils se sont mis à l'ombre quand Moctar pris la parole en premier.

- Tu sais, les deux enfants, ce sont également les miens. Je suis au courant de tout ce que tu traverses actuellement.
- De quoi ? Qui t'a mis au courant ?
- Tu n'as pas besoin de chercher la personne mais tout ce que je peux te dire ce que je suis là également pour toi. Tu peux me faire une faveur ?
- Je n'accepterai pas une aide de plus venant de toi.
- Ça n'est pas de l'aide mais une contribution.
- Je refuse !
- Trop tard, c'est déjà dans la maison !
- Quoi ?
- Tu verras bien mais s'il te plaît, ne dis rien à Absa. Pour elle c'est toi qui l'a fait et ça ne va pas changer.
- Pourquoi tu fais tout ça ?
- Parce que je ne doute pas une seule seconde que tu aurais fait la même chose pour moi si j'étais à ta place !
- Merci énormément pour tout !
- Aussi, pour la maternité, Absa a tout réglé.
- Comment ?
- Je ne sais vraiment pas, discute avec ta femme.

Ils se sont fait une accolade très masculine avant que Moctar ne quitte les lieux. Il en a fait de même en déposant une somme conséquente sur le compte de sa sœur. Le lendemain, très tôt le matin, ils ont fait le baptême des bébés en toute intimité et ont fait appel à un Taximan qui devait les conduire dans les deux familles. Il n'était même pas encore 7h, Absa, Moussa et les deux bébés étaient en route. Moussa tout aussi déterminé à faire ce qu'il a entrepris. Ils ont fait le choix d'aller d'abord chez Absa.

- Bonjour madame, vous ici ? Félicitations pour les bébés, votre frère nous a tous dit.
- Merci, ils sont là ?
- Normalement tous les autres sont là mais ta maman, elle est partie pour sa marche du matin. Elle ne tardera pas à rentrer. Venez, entrez !

Madougou est le vieux gardien de la maison des parents de Absa, il est là depuis qu'ils étaient tout petits. Il part voir sa famille au village et revient.

- Absa ! Moussa ! Vous ici ?
- Bonjour Moctar !
- Quelle surprise, allez mais venez !
- Pas un pas de plus, restez où vous êtes !

Le père de famille descendit les pas des escaliers tel un lion face à sa proie, il avait dans sa main droite son chapelet qu'il engrène pierre après pierre.

- Où est-ce que vous comptez aller comme ça ?
- Mais papa, ils...

Moctar n'avait même pas eu le temps de finir sa phrase qu'il voit sa bouche fermée par une grosse baffe.

- Tu ne parleras que quand je te le demande ! Il pris son élan et arrive à côté de Absa qui s'est mise à trembler : qu'est-ce que tu fais chez moi ?
- Nous sommes venus te présenter nos enfants dit Moussa.
- Pourquoi ? Tu es ici ?
- Pa...
- S'il te plaît ? Je parle à elle d'abord quand j'aurai besoin de ton intervention je te le ferai savoir pour l'instant je veux que tu t'en ailles de ma maison !
- Papa, je t'en supplie !
- Tu n'as donc pas entendu ce que je t'ai dit le jour où tu as suivi cet homme ? Tu es morte pour moi Absa ! Morte et enterrée. Madougou ?
- Oui Elhadj ?!
- Je considère ceci comme une première erreur et je la tolère, la prochaine fois que tu laisses tout ce beau monde entrer dans ma maison, tu perdras ton poste !
- ...
- Me suis-je fait comprendre ?
- Oui Elhadj !
- Mets les dehors !
- Papa ? Papa ? Papa s'il te plaît !
- Viens on y va !
- Papa !
- Absa ? Viens on s'en va !
- Papa ? Donnes au moins ta bénédiction à mes enfants, papa ? Papa ? Dit-elle en se jetant à ses pieds.

Elhadj ferme les yeux et reste tel une statue.

- Allons-y maintenant Absa ! Lève-toi.
- Moussa ? Moctar ? Papa s'il te plaît !

Avec beaucoup d'effort Moussa l'a mise debout elle et la jumelle pendant que lui avait le jumeau en main. Absa pleurait tellement et cela jusqu'au niveau du taxi, Moussa ordonna à ce dernier de retourner chez eux mais Absa entre deux sanglots lui dit non, ils ont voulu faire le tour et ils le feront quelque soit ce que ça va coûter...

Du côté de la maison de Mamy, Ismael et leur mère, tous étaient endormis, presque tous parce que Mamy était entrain de faire des aller-retour comme pour vérifier quelque chose vers la porte. Pensant que sa mère dormait, elle s'est mise à composer un numéro et a appelé pour presque chuchoter jusqu'à ce qu'elle entende derrière elle :

- Qu'est-ce que tu fais ?
- Maman ? Euh rien, bonjour comment tu vas ?
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Rien, rien !
- Quoi ? Vous ici ?

Mamy qui pris peur se retourne dans sa robe de nuit, elle savait pour leur venue mais elle pensait que le gardien allait prévenir la maîtresse des lieux ou autre mais pas qu'ils arrivent jusque dans le salon.

À suivre...

La veuve de mon fils Où les histoires vivent. Découvrez maintenant