Chapitre 22

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Les deux hommes se regardaient effarés. Le cauchemar recommençait. Marquand fixa d'un œil hagard le portable cassé de sa compagne, paralysé par l'angoisse, complètement figé, les idées les plus sombres envahissant son âme. Une petite phrase surgit en lui, le glaçant, étreignant son cœur dans un étau qui se resserrait inlassablement : « tu ne la reverras jamais »...

- Commandant ! Commandant ! Reprenez-vous ! Il n'est pas trop tard ! Ils sont encore ici commandant, ils n'ont pas pu sortir du palais. L'entrée principale est pleine de policiers ! Commandant merde !

Marquand observait la main du greffier qui lui serrait le bras, qui le secouait... Enfin, la raison prit progressivement la place de l'angoisse, éclaircissant les méandres de son esprit obstrué par la peur de perdre la femme qu'il aimait. Ses yeux s'ancrèrent dans ceux de Victor qui continuait de le secouer pour le faire réagir et le faire sortir de sa paralysie.

- Commandant ! Réfléchissez bon sang ! S'ils ne peuvent pas sortir par l'entrée principale, ils vont faire quoi ? Une sortie plus discrète Marquand !

- Les souterrains !

- Tonton en avait fait un plan détaillé. Je l'ai dans mon bureau, je vais le chercher !

- Pas le temps Victor ! Appelez Kadiri. Il me faut du renfort. Et faites venir une ambulance aussi ! Ce mec est un taré !

Le regard sombre du commandant le terrifia. Le greffier l'observa partir en courant vers l'arrière du palais. Sans perdre un instant, il prit son portable et appela le lieutenant.

Alice avait repris ses esprits. Il était hors de question pour elle de ne pas se battre pour survivre. Elle le devait pour les enfants, pour Fred. Ils couraient depuis cinq minutes dans le couloir à arrière du palais, celui qui menait aux catacombes. Des souvenirs lui vinrent. Elle se revit avec Fred, avec Noah, enquêtant dans ces souterrains pour faire tomber le procureur Divo. Elle savait où ils allaient et elle comprit qu'elle ne reverrait jamais la lumière du jour s'ils s'enfonçaient davantage. Elle devait réagir et agir.

Elle stoppa net sa course, essoufflée, se tenant le flanc droit tout en grimaçant et gémissant.

Aussitôt, une poigne d'acier lui serra le cou et des yeux malveillants s'ancrèrent dans les siens.

- Je ne t'ai pas dit de t'arrêter, avance si tu ne veux pas que je te fasse mal maintenant.

- Je ne peux pas. Je ne suis pas sportive. Juste cinq minutes, je récupère mon souffle, s'il vous plait !

Il la fixa, analysant son visage, tenant d'y déceler le moindre signe de ruse. Il n'y vit que de la peur. Il s'arrêta sur sa bouche entrouverte pour prendre un maximum d'air, observa avec intérêt sa poitrine se soulever à chaque inspiration saccadée. Il lâcha une de ses mains du cou féminin pour la poser sur la poitrine de la juge, sentant avec délice son pouls sans dessus-dessous sous ce sein voluptueux.

Il remonta ses doigts vers son visage et effleura le grain de peau si doux... « Parfait », pensa-t-il.

Il contourna de son index ces lèvres charnues et eut soudain l'envie de la prendre, là, debout, tout de suite, contre le mur. Il se colla à elle pour qu'elle sente son désir bandé et gloussa lorsqu'il vit la terreur envahir la lueur de son regard.

- On...on est où là ?

La voix chevrotante le surprit. Il la pensait plus forte que ça. Une légère déception l'envahit. Il l'avait imaginée plus dure à cuire mais elle était comme toutes les autres finalement... Il ricana et recula sans la quitter des yeux.

Une vie mouvementéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant