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Les flammes s'emportent au contact de l'huile. Elles entourent la carrosserie, s'enroulent autour des rétroviseurs, rentrent par les fenêtre. Elles s'entremêlent, forment des tourbillons flambants.

La chaleur de l'incendie s'écrase contre son visage. La voiture explose. Le bruit est fort, mais Natsu ne se bouche pas les oreilles. Subjugué, il se perd dans la contemplation du feu. Les flammes dansent et son regard brille.

– Nat' bouge !

Il reste immobile. Ses baskets trouées sont clouées au goudron de la cité, il reste attentif à chaque nouveaux crépitements de flammes. La fumée noire s'est dissipée, il ne reste que le squelette carbonisé du véhicule. Arrive son moment préféré. Les légères étincelles, les dernières braises : le feu qu'on croit mort continue de brûler, inlassablement.

– Nat' ! Sérieux !

La voix se rapproche de lui. Il ne bouge pas d'un pouce, hypnotisé par les couleurs des flammes. Rouge vif, orange, jaune. Une main secoue son épaule.

– Les flics vont pas tarder.

Les yeux de Natsu, à contrecœur, se détachent du feu et viennent se poser sur la mine préoccupée de Sting. Il hoche la tête. Et après un dernier regard pour le feu qu'il a fait naître, rentre à l'intérieur de la voiture rouge.

Grey est au volant, et énervé. Il regarde rapidement autour de lui, personne. Il démarre en trombe, tire une taffe de sa clope et murmure :

– Putain de pyro..la prochaine fois on t'attend pas.

Distrait, Natsu laisse une insulte s'échapper d'entre ses lèvres. Il aurait aimé rester plus longtemps.

– Combien ?

Quand Sting pose cette question, des étoiles brillent dans ses yeux. L'argent fera son bonheur, il en est certain. Grey regarde un coup dans le rétroviseur arrière. Toujours personne. Il sourit en coin avant d'annoncer :

– Vingt mille.

Sting saute sur la banquette arrière. Un grand sourire se dessine sur son visage. Avec ça, il va pouvoir refaire le monde.

– Énorme.

Et Sting énumère tout ce qu'il veut acheter : une Mercedes, une belle baraque au bord de mer, quelques grammes d'herbe, une nouvelle télé pour sa mère qui l'a cassé la semaine dernière, le tout dernier IPhone aussi. Grey et Natsu ne l'écoutent déjà plus. Sting rêve trop.

– J'te dépose chez Lucy ? Demande Grey.

– J'viens avec vous ce soir.

Natsu refuse. Il lui avait pourtant dit, qu'il la rejoindrait. Mais il n'a plus envie. Instable, il préfère en voir d'autres. Il ne peut pas s'engager avec une meuf. Même si c'est Lucy. C'est trop de boulot. Et puis il le sait, elle sera toujours à lui.




Lucy regarde l'heure sur son téléphone à l'écran fissuré. Neuf heures trente. Natsu ne viendra pas ce soir. Il lui avait pourtant promis. Elle le savait. Mais elle est quand même déçue.

Promesses en l'air, mots doux, sexe à volonté. Disparu le lendemain. Avec une autre. C'est son schéma, sa façon de fonctionner. Elle devrait savoir, depuis.

C'est du feu Natsu. Il est beau, mais dès que tu le touches, tu te brûles.

Elle ne lui envoie pas de messages. Pas cette fois. C'est fini de ramper à ses pieds pour qu'il revienne. Elle traverse le couloir de son appartement étroit, ne prend pas la peine de toquer à la porte noire et rentre dans la chambre de sa coloc.

– On sort ?

Minerva écoute du hard rock à fond. Les murs en tremblent. Elle fume, mais la fenêtre est ouverte pour laisser la pollution entrer. Ses yeux et ses lèvres sont noires de maquillage.

– T'as un plan ?

Lucy sourit malicieusement puis répond :

– Léo.



Dans le club Fairy Tail, l'odeur de sueur est forte. La fumée brouille tout et il est difficile de s'y retrouver entre les corps dansants. Lucy en est à son quatrième verre. Léo les lui a tous payés.

Léo est bien foutu. Il est gentil, charmeur, à des fossettes sous les yeux quand il rit. Ses cheveux sont beaux et sentent la menthe. Quand il la drague, Lucy a envie de l'embrasser.

Il l'invite à danser. Elle dit oui. Serrés, leurs corps ne se lâchent plus. Natsu est oublié.



Natsu fait glisser son pouce sur la roulette du briquet. La flamme s'allume. Elle danse un peu parce qu'à côté de lui, tout le monde bouge. Il enlève son pouce. La flamme décampe. Il la ressuscite aussitôt. La regarde, la fait disparaître, la rallume.

– Tu vas niquer le gaz à force.

Il s'en fiche. Natsu a des dizaines de briquets, et toujours un sur lui. Ça le rassure. Devant leurs nez, leurs verres sont déjà vides. Ce soir, ils trinquent à leur braquage. Vingt mille balles.

La musique du club est forte. Ça le stresse.

Il glisse une clope entre ses lèvres, l'allume avec son briquet. C'est beau aussi, le tabac qui brûle.

– Oh putain ! Mate moi ça, Loki et Lucy. J'y crois pas !

Sting exagère, s'offusque comme il en a l'habitude et Grey lui fout un coup de coude.

Le doigt de Natsu se crispe. La flamme s'éteint. Il oublie vite le feu. Montée de colère, son corps entier se tend, sa mâchoire se serre. Loki ? Lucy ?

Son regard se fraye un chemin entre les corps. Il les voit. Elle est habillée très court. Elle a coupé ses cheveux depuis hier. Ses lèvres sont rouges sangs.

Il suit du regard les mains de Léo sur ses hanches, les lèvres de Lucy dans son cou, leurs poitrines collées.

Hier, c'était lui. Jalousie impulsive, Natsu a immédiatement envie de péter la gueule de ce mec. Il se retient. Il tire une quatrième taffe. Ferme les yeux. Puis se lève.

Il faut qu'il prenne l'air.

Il fait froid entre les murs tagués de la rue de Fiore. Natsu se les pèle. Il rêve d'un bon feu pour se réchauffer. Ou d'une fille.

Ses mains s'arrachent les cheveux.

Lucy est une conne. Il a envie de la brûler. Elle ne comprend pas qu'il n'arrive pas. Mais il l'aime, ça, il en est certain. 

Il sue. Il peine à respirer. Crise d'angoisse habituelle, il est obligé de s'appuyer contre un mur et de jeter sa cigarette pour recommencer à respirer. Dès qu'il respire mieux, il se rallume un clope. Le briquet le rassure. La flamme lui transmet la chaleur. La chaleur lui rappelle Lucy.



– Natsu qu'est-ce tu'fous ?

Natsu jette son allumette dans la poubelle. Elle s'allume, brûle, enflamme le mur à côté d'elle. Il aimerait bien que le feu embrase le bâtiment tout entier. Il regarde les flammes s'emballer, prendre de l'ampleur, empiéter la boîte de nuit. Il rigole, fort,  et oublie le sourire de Lucy qui s'envole en cendres dans la nuit.

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PS : L'attitude de Natsu est loin d'être exemplaire ⚠️

FiremanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant