Et si...

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 Le destin avait frappé à leur porte et ils n'avaient fait que l'accueillir sans chercher à le repousser. Comment lutter contre le destin ? Après tout, il était inéluctable. On pouvait bien essayer de changer le cours des événements, de modifier ce qui avait déjà été écrit et de lutter et lutter encore, le destin venait toujours vous rappeler à l'ordre. Alors ils n'avaient même pas tenter de le chasser. Ils l'avaient accepté de la manière la plus naturelle qui soit car il n'y avait pas d'autre issue possible.

Et c'était bon et agréable de se laisser porter par le cours des évènements sans chercher à en modifier le flux. C'était naturel et grisant et Pierre en ronronnait presque de bonheur, blotti au creux du lit, un bras posé nonchalamment au dessus de son oreiller. La pénombre de la pièce ne lui permettait pas d'en distinguer les angles mais néanmoins, ses yeux étaient grand ouvert sur le monde et il souriait bêtement dans la chaleur des draps qui recouvraient son corps.

Il n'y avait nul autre endroit où il désirerait être à cet instant précis.

Les yeux fixés sur le plafond qu'il ne pouvait même pas voir, il ressassait les évènements de la journée qui l'avait conduit à ce moment.

Près de lui, une silhouette s'agita et vint de blottir contre son torse, l'entourant possessivement. Sa respiration était calme et lente, un léger murmure qui s'élevait dans le silence de la maison plongée dans le sommeil.

Une fois de plus, Pierre remercia le destin.

oOo

-Il n'y a que 7 chambres et on est 8, annonça Fred qui tenait un carnet de notes à la main. On va tirer au sort pour décider de qui va dormir où.

Installés dans le salon de cette villa pour le moins grandiose, les compères du collectif Maison Grise se jaugeaient du regard. Pierre commençait à redouter ce tirage au sort. Sa malchance légendaire risquait de lui porter préjudice. Autour de lui, l'agitation était de mise. Tous étaient excités à l'idée de passer ce confinement ensemble et ils débordaient d'idées et de concepts qui ne demandaient qu'à voir le jour.

Pierre sourit face à l'enthousiasme ambiant et essaya de relativiser. Ce n'était qu'une chambre, après tout. Pourquoi se prenait-il la tête ? Il y aurait assez de lits pour tout le monde alors qu'elle que soit l'issue du tirage au sort, il n'y avait pas de quoi en faire tout un drame.

Au creux de son esprit, une pensée ne cessait de venir l'assaillir sans qu'il ne réussisse à la chasser. Et si... et si une même chambre lui était attribuée à lui et à Benjamin.

Il ne pouvait s'empêcher d'y penser. C'était une chance inespérée. La chance de se voir partager une proximité avec l'homme qui habitait toutes ses pensées. Il essayait de recaler cette pensée le plus loin possible mais il était pris d'une telle excitation à l'idée de pouvoir dormir avec le brun qu'il ne parvenait pas à faire le vide dans sa tête.

-Et bien ! Le tirage a parlé. On dirait bien que les mariés vont dormir ensemble, ricana Fred en montrant à l'assemblée les papiers avec les noms de Benjamin et de Pierre inscrits dessus.

Alors, lorsque Fred prononça ces paroles, il mit plusieurs secondes avant de réaliser ce qui était en train de se produire. Il se tourna lentement vers Benjamin qui fuyait apparemment son regard et préférait prétendre une syncope.

-Oh ça va Ben n'en fais pas tout un cinéma. Vous êtes mariés après tout.

Ils se mirent tous à rigoler et le brun esquissa un sourire. Pierre se détendit quelque peu et s'autorisa à respirer normalement à nouveau.

Et si...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant