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Les rayons du soleil transpercent les rideaux, j'ouvre doucement les yeux.

Mon réveil affiche « 10 : 05 ». Il est encore là, à côté de moi, encore endormi. Il a l'air si serein que je n'ose pas le réveiller.

Je me lève délicatement du lit et m'en vais en direction de la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. Tous les événements de la veille bourdonnent encore dans ma tête.

Je laisse échapper quelques larmes avant de les sécher en vitesse l'apercevant dans l'embrasement de la porte.

-《L'odeur est si appétissante qu'elle a réussie à me sortir de mon sommeil ! Tu fais quoi de bon ? 》

Ses yeux clairs plongés dans les miens.

-《 Des pancakes ! 》

Un large sourire se dessine sur son visage.

Il s'avance doucement vers moi pour m'embrasser sur le front, d'un geste tendre il essuie également les quelques larmes qui venaient de s'écouler le long de mes joues.

Il me prend dans ses bras et me murmure à l'oreille :

-《 Ne t'en fais pas, je suis là maintenant et je ne partirai pas. 》

Je réussis à lui répondre à demi-mot, entre deux sanglots, que je l'aimais.

Le reste de la matinée nous devions nous préparer et nous rendre au commissariat de police de la ville afin de répondre aux quelques questions restantes.

Il est à peine treize heures et nous sommes déjà en route. Une heure plus tard nous en avions finis. Je le regarde un instant puis tout en lui prenant la main je lui dis :

《 Comment nous en sommes arrivés là ? Quel élément nous a donc échappé ? 》

Mais ni lui, ni moi, ni même la police ne pouvait le savoir Ou du moins pas encore. Il me répond après un petit instant par un simple haussement d'épaules.

Alors que l'on marche tranquillement dans la rue, toutes les scènes dignes d'un film dhorreur qu'on avait vécu la veille, se rejouent incessamment dans ma tête.

Je nous revois parfaitement Hugo et moi, sur cette terrasse avant de recevoir l'appel de Sacha (notre meilleur ami depuis le lycée). Nous devions le rejoindre chez lui juste après notre petit rendez-vous.

Sacha a perdu ses parents il y a deux ans. Ce fût très compliqué pour lui, évidemment, mais nous l’avions aidé à remonter la pente et il allait mieux.

Dans cet appel, il nous disait qu'il avait laissé la porte d'entrée ouverte, qu'on avait qu’à directement entrer quand nous serions là. Aucune détresse particulière transparaissait dans sa voix. Rien ne nous paraissait étrange.

Et pourtant, arrivés à l'appartement nous avons retrouvé son corps pendu au milieu du salon, plusieurs mutilations le long de ses bras et jambes.

La scène était simplement terrifiante.

Je ne me souviens presque plus de ce qu'il s'est passé si ce n'est la sirène des pompiers, l'arrivée de la police et l'avalanche de questions qui a suivi.

J'étais pétrifiée.

Les images ne me quittent pas, chaque instant je ne fais que de revoir ces scènes.

Nous arrivons à notre appartement maintenant.

Déjà plus que quelques heures à vivre de ce jour, pourtant tout me paraît si long. Comme si tout était au ralentit...

Hugo fait preuve de tellement de courage, de patience devant moi, je me demande comment il fait pour ne pas craquer. Je me doute qu'au fond il doit être tout aussi brisé que moi, mais en tout cas, il ne me laisse rien paraître. Sûrement pour me protéger et tenter de me réconforter du mieux qu'il le pouvait.

Nous nous mettons devant la télé et nous commençons à parler de tout et de rien, il me fait la conversation, tente d'occuper mon esprit, ou enfin nos esprits. Mais finalement rien ne pouvait nous faire oublier.

On arrive rapidement sur ce sujet, on en a besoin. Il fallait qu'on extériorise, il fallait qu'on puisse essayer de comprendre Il allait si bien ces derniers temps, enfin du moins de ce qu'il nous montrait !

On s'apprêtait à passer une superbe soirée entre nous, qu'est-ce qui a bien pu se passer pour qu'il puisse avoir l'envie de mettre fin à ses jours???

L'officier nous a simplement répondu qu'on ne connaissait jamais quelqu'un totalement, que tout le monde à sa part d'ombre et que perdre ses deux parents était sans doute trop lourd pour lui.

Pour eux, cela ne pouvait qu'être un suicide.

Hugo et moi sommes dépités, on était ses meilleurs amis et nous n'avions rien vu venir.

A partir de quand ses problèmes étaient devenus si graves qu'il ne voulait plus nous en parler ? Étions-nous assez présents pour lui ? Tant de questions qui resteront sans réponse.

Nous partons nous coucher juste après le dîner ce soir, cette journée nous a tous les deux achevé et les prochaines risquent d'être pires avec la reprise du travail après un week-end si calamiteux et si riche en émotions.

"Le doux parfum de nos souvenirs"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant