.3.

19 1 0
                                    

La première journée de « cours » s'achève à onze heures. Avec toutes les informations nécessaires pour cette année de terminale, nous sortons de la salle. Nora marmonne à propos de l'emploi du temps :

— C'est rude. Il va falloir s'accrocher.

J'avoue que ma tête est ailleurs. J'ai le nez dans ma conversation avec Gabin puisqu'il m'a recontactée peu après la fin de la pause.

— Hum ?

Elle soupire :

— Rien.

Je relève la tête.

— Non, mais répète ! Je...

Nora m'indique :

— Je te disais juste qu'on va en baver.

Je valide sans le réaliser vraiment :

— Ouais, ça va être dur.

Je replonge le nez vers mon écran.

[11 h 07 — Tu sais, j'ai toujours trouvé que tu avais des yeux magnifiques.]

Là, il me perd totalement. Je suis tellement sur mon petit nuage que je bouscule quelqu'un. Le choc est brutal, comme si je venais de heurter un mur. Je me tiens l'épaule en m'excusant :

— Aïe ! Pardon...

Le gars touche mon bras.

— Pas trop de casse, Lilou ?

Je lève les yeux en reconnaissant ce timbre de voix.

Celui que je viens de percuter de plein fouet n'est autre que Malo Morvan. C'est un autre garçon qui était en seconde avec moi. Et, à vrai dire, il était loin de me faire craquer à l'époque, il me foutait plus la trouille qu'autre chose, car il passait son temps à se bagarrer avec Gabin.

Surprise qu'il se rappelle mon prénom, je bafouille :

— Ouais, ça va aller... et toi ?

Il émet un rictus fier.

— Je n'ai rien senti.

Étant donné la douleur que je ressens, j'en doute un peu. Je commente :

— C'est moi qui ai tout pris alors !

La gêne est palpable, il m'observe sans dire un seul mot. Je suppose qu'il a dû remarquer mon changement de look. Du coup, j'ai la sensation qu'il me juge ou qu'il va me lancer une bombe à la figure. Très impressionnée, je n'ose pas bouger. Après quelques secondes de malaise intense, il me dit :

— Sympa ta nouvelle coupe.

Choquée que ce soit ce qui le marque le plus, je bafouille :

— Ma coupe ?

Je rectifie dans la foulée :

— Ah, merci... C'est gentil.

Je ne m'en sors pas, je coule à pic face à ses yeux bleus hyper déstabilisants. Nora me vient en aide :

— Quelle tête en l'air ! Range ton téléphone avant de faire mal à quelqu'un.

Elle attrape mon bras et elle me tire avec elle. Comme je ne sais pas comment terminer la conversation, je fais signe à Morvan puis je le regrette aussitôt.

Qu'est-ce que je fais? Je vais finir par croire que la coloration a fait griller mes neurones! C'est le genre de gars qu'on se sent obligé de nommer par son nom tellement il fout la trouille! Une vraie terreur. Avec son regard froid, on dirait un glaçon!

Help ! Je suis devenue populaire [Edité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant