Toronto (Ontario), printemps 1974.
Dans les studios de City TV, à Toronto, une expérience inusitée est sur le point de se dérouler devant les caméras. Face à quelques dizaines de spectateurs invités, huit personnes sont assises autour d'une table, leurs mains à plat sur le plateau. La scène rappelle ces séances de spiritisme si populaires à la fin du XIXe siècle. Un peu en retrait, sur une tribune surélevée, trois hommes prennent place comme « observateurs ». Il y a là le pasteur Lindsay King, le psychologue Joel Whitton et le Dr George Owen, directeur scientifique de la Société de recherches psychiques de Toronto.
Sur le plateau, un régisseur donne le signal : l'expérience peut commencer. Pendant quelques secondes, le studio est plongé dans un silence irréel. Puis, les participants réunis autour de la table entament leurs incantations.
- Philip... es-tu, là ?, demande une femme.
- Allez, Philip, manifeste-toi, enchaîne un homme.
Presque aussitôt la table commence à bouger, comme si elle était douée d'une vie propre. Elle se soulève, glisse sur le plancher, pivote sur une patte... le tout au plus grand amusement des participants. Mais bientôt, il apparaît que ledit « Philip » n'apprécie pas trop sa position au milieu de l'assistance. Il entraîne vers la tribune la table et avec elle les huit médiums qui s'efforcent tant bien que mal de garder leurs mains sur le plateau.
Aux termes de laborieux efforts, la table monte les trois marches de l'estrade et glisse vers le révérend King. Une fois à sa hauteur, l'un des participants — lesquels sont toujours regroupés autour de la table — suggère à l'ecclésiastique de « dire bonjour » à Philip.
- Bonjour Philip, lance tout de go le révérend King, visiblement étonné par la tournure des événements.
Aussitôt la table se soulève sur deux pattes, comme si Philip était heureux de toute cette attention. Le seul problème, c'est que Philip n'existe pas... et n'a jamais existé. Philip est un fantôme imaginaire.À l'automne de 1972, une poignée de férus en parapsychologie, sous les directives du Dr George Owen, directeur scientifique de la Société de recherches psychiques de Toronto, élabore une expérience singulière. Celle-ci consiste à imaginer un personnage fictif pour ensuite essayer de le matérialiser par l'unique pouvoir de la pensée, comme s'il s'agissait d'un véritable fantôme. Le Dr Owen et ses collègues souhaitent par cette initiative pouvoir répondre à deux questions fondamentales : Primo, les apparitions d'entités spectrales sont-elles réellement des manifestations d'êtres désincarnés ? Et, secundo, lesdites communications avec l'au-delà sont-elles toujours tributaires d'un médium ? Pour sa part, le groupe, composé de trois hommes et de cinq femmes sans aucune prétention de sensitif ou de médium, est plutôt d'avis que la plupart desdites « apparitions de fantômes » ne sont qu'une projection psychokinétique — le pouvoir de la pensée sur la matière — provoquée involontairement par les témoins. Il faut dire que le Dr Owen, originaire d'Angleterre, s'est beaucoup intéressé au phénomène des poltergeists appelé communément « esprits frappeurs ». À l'instar de la plupart des parapsychologues, le Dr Owen croit que les poltergeists — qui se manifestent par des déplacements spontanés d'objets ou des coups frappés dans les murs — n'ont rien à voir avec les revenants mais sont plutôt des manifestations psychokinétiques involontaires provoquées par certains individus sur leur environnement immédiat. Il a d'ailleurs publié un ouvrage important sur le sujet, Can we Explain the Poltergeist ? (1964). Si lui et ses collègues ont raison, le personnage imaginé devrait donc se manifester exactement comme le feraient de « vrais » revenants (si « vrais » revenants il y a !).
Dans un premier temps, l'une des participantes, Magaret « Sue » Sparrow — une femme douée d'une vive imagination et du sens du dramatique — se charge de créer le profil du personnage imaginaire : celui-ci sera un homme, prénommé Philip ; un aristocrate vivant au milieu du XVIIe siècle à Diddington Manor, dans le Warwickshire en Angleterre. Sa vie est un scénario de film : marié à Dorothea, une femme hautaine et frigide, Philip découvre l'amour auprès d'une bohémienne, Margot, une belle gitane aux yeux et aux cheveux noirs. Hélas sa femme découvre ses infidélités et s'arrange pour faire accuser la tzigane de sorcellerie. Condamnée, Margot est mise à mort au bûcher — comme toute bonne sorcière — et Philip, inconsolable et rongé par la culpabilité de n'avoir rien fait pour sauver « sa belle », se jette du haut des remparts de Diddington Manor. Il n'a que 30 ans au moment de son suicide.
YOU ARE READING
PARANORMAL HISTORY
TerrorDans ce "livre" je vais poster plusieurs histoires paranormal (Poltergeist...), voili voilou bonne lecture à tous!