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Paule Anastasie peu après
le procès

Encore une journée éprouvante, je sors du bloc opératoire trois heures après y être entrer. Normalement en tant que directrice de l'hôpital je ne suis pas très fréquente au bloc, mais là le ministre a eu un accident et bien sûr il a refusé que quelqu'un d'autre le touche. Ces riches capricieux...

Je pense effectivement à un riche capricieux en particulier, je sors mon téléphone de la poche de ma blouse, aucun message de lui.

Je gagne mon bureau via l'ascenseur du personnel. Une fois dans ce dernier je change ma combinaison verte tachée de sang et ma blouse pour le tailleur crème que je portait ce matin. Je prends mon sac à main et me décide à rentrer, il est dix-neuf heures.

A cette heure les bouchons donnent le rythme sur les routes, ralentissant tous ceux qui se croyaient pressés. Moi je suis loin de l'être, d'habitude à la sortie du travail j'ai un rendez-vous avec Lucas, seulement il ne m'a pas écrit depuis trois jours et toutes mes tentatives d'appel sont restées vaines.

Alors je reste autant que possible bloqué dans ces bouchons, profitant du confort de la voiture qu'il m'a offerte l'an dernier.

Mon esprit s'évade et je m'inquiète. Depuis le début de notre histoire il n'est jamais resté autant silencieux. Même quand il est en mission et super occupé, il me fait un message au moins une fois par jour et m'appelle à chaque fois qu'il a une seconde.

Alors je suis peut-être paranoïaque mais je pense qu'il s'est passé quelque chose. Malheureusement je ne sais pas qui joindre pour avoir des nouvelles, je ne connais aucun de ses amis ou proches, encore moins sa famille. Pourtant on est ensemble depuis plus de deux ans.

C'est ça l'inconvénient d'être juste la maîtresse, même s'il lui arrive quelque chose personne ne pensera à me prévenir. D'ailleurs qui me connaît?!

Je sors mon téléphone et lui envoie un énième message «fais signe si tu respire».

*********

Je klaxonne et attends un instant avant que Peter, mon gardien, n'ouvre la porte. Il est presque vingt-une heures, je me gare sur le parking et remarque aussitôt la lumière à l'intérieur. Du coup les battements de mon cœur deviennent effrénés.

"Peter, qui a laissé la lumière à l'intérieur" l'interroge-je une fois que je descends de ma voiture.

"C'est Monsieur, il est arrivé tout à l'heure" répond le concerné.

C'est Lucas, pourtant je ne vois sa voiture nulle part. Il a un double des clés, ce qui est normal vu que c'est lui qui paye le loyer ici, c'est lui qui paye aussi le salaire de Peter....

Je m'efforce à marcher posément, malgré le fait que j'ai envie de courir me jeter à son cou tel une petite fille. J'ouvre la porte du salon qui n'est pas verrouillée.

Il est là, assis sur le tapis épais, il a déboutonné sa chemise et sa cravate repose à quelques mètres de lui. Il tient dans sa main un verre ou je devine qu'il y a le whisky. Il a l'air sombre, les yeux vidés, le visage contrit.

"Salut" je lui lance hésitante, en m'avançant vers lui.
"J'ai cru que tu étais mort" ironise-je avec un demi sourire.

Il porte son verres à ses lèvres, les yeux fixés droit devant lui. Il ne me regarde pas, il ne dit aucun mot, c'est plus inquiétant encore...

J'arrive devant lui, je m'agenouille et tiens son visage que je dirige vers moi.

"Qu'est-ce qui ne va pas mon amour" dis-je inquiète.
Il détourne lentement son visage du miens, vide son verres d'un trait et dépose ce dernier sur la table basse.

BROKEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant