Chapitre 6 : Le bruit

82 29 63
                                    




- Jenelle, qu'est-ce que tu fabriques ?

La voix d'Elliott était plus anxieuse que réellement en colère. Pas étonnant au vu du temps qu'elle avait mit à lui répondre.

- Les garçons sont un peu collants. Répondit-elle en grimpant sur le lit.

Elle s'assit sur les oreillers, s'adossant contre la tête de lit en bois. Ses yeux fixaient la porte close au fond sur la gauche. La bande était probablement partie dormir pour de bon cette fois.

- Tu ne leur as rien dit au moins ?

Elle pouvait presque l'imaginer poser une main sur ses hanches comme il le faisait par état de stress. La jeune femme se mordilla légèrement les lèvres. Elle savait bien que si, que tout ce qu'elle avait dit était déjà trop. Mais était-ce bien bon de l'en avertir ?

- Non. Fit-elle au bout d'un moment.

Un long soupire lui répondit, et Jenelle baissa la tête. Il la connaissait trop bien pour savoir qu'elle mentait.

- Tu sais ce qui se passerait si l'un de nous faisait une gaffe. On ne s'en sortirait pas longtemps.

- Je sais.

La jeune femme se mit à triturer quelques petits fils qui s'échappaient de la couverture qui recouvrait le lit. Inutile de raconter à Elliott que si elle n'avait rien dit, la curiosité des garçons auraient sans doute été pire.

- Bon. Reprit le jeune homme, semblant s'être radoucit. Essaie de dormir, ok ? C'est tout ce qu'on peut faire de toute manière. Demain ce sera réglé.

- Ok.

Elle l'entendit quelque peu hésiter, l'envie de rajouter quelque chose l'empêchant peut-être de couper court. Après quelques secondes, il raccrocha. Jenelle soupira en s'allongeant mieux sur le lit. Cette nuit ne pouvait pas être si terrible, n'est-ce pas ?


---------------------


La châtain ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis la fin de son appel avec Elliott quand un bruit résonna dans le couloir. Elle avait rouvert les yeux d'un coup, les ayant juste fermés pour se reposer et peut-être même s'assoupir. On aurait dit que quelque chose était tombé lourdement, ou alors qu'on avait cogné dans quelque chose. Il n'y avait donc aucun moment de calme dans ce manoir ? La jeune femme se redressa sur le lit. Elle ne perçut aucun autre bruit qui aurait pu continuer de l'avertir. Cependant, le précédent bruit avait semblé plutôt proche. La châtain traversa en silence le grand lit avant de poser un pieds parterre, puis l'autre. Elle se dirigea vers la porte et y colla son oreille. Rien. Quelque peu hésitante, elle finit par tourner la poignée. Rien non plus de l'autre côté. Tout était désert. Jusqu'à ce qu'un autre bruit similaire au premier mais beaucoup moins fort se fit entendre. La jeune femme sortit de la chambre et partit voir de l'autre côté du couloir, sur la pointe des pieds. Elle sortit doucement de derrière le mur et là, une petite lumière inonda les lieux. James se trouvait à quelques mètres d'elle, se massant le front. Un verre était tombé sur la moquette et avait renversé le peu d'eau qu'il contenait. Lorsqu'il se rendit compte qu'il n'était pas seul, son expression sembla s'adoucir.

- Jenelle ? Qu'est-ce que tu fais là ?

- J'ai entendu du bruit. Fit-elle simplement en se montrant complètement.

- Ah ça doit être moi. Je t'ai réveillé à tout les coups.

Il avait vraiment l'air embêté. Une petite lampe était posée sur une table contre le mur, diffusant une douce lumière jaune.

- Je me suis prit l'un des murs.

Jenelle se pencha pour lui ramasser le verre qu'il avait dû lâcher lors de son impact. Son collier s'échappa alors de son pull et pendit un instant au-dessus du vide. Elle lui tendit l'objet puis croisa un bras contre elle, son autre main attrapant déjà son pendentif pour jouer avec entre ses doigts. Quelle idée de se promener sans allumer de lumière ? Elle ne remarqua pas le regard de James fixé sur elle, ce regard bleu qui aurait fait tourner la tête à plus d'une fille.

- C'est quoi, ce pendentif ? Demanda-t-il soudain.

Jenelle reporta directement son attention sur lui. Mais pourquoi provoquait-elle sans arrêt des rencontres avec les garçons, alors qu'il était évident qu'ils poseraient des questions ? James et elle s'échangèrent pendant quelques secondes un regard dénué d'expression. Elle s'empressa de cacher son collier sous ses vêtements, ce qui arracha un sourire au blond. Après tout, elle n'avait aucun compte à lui rendre.

- Jenelle... Appela-t-il soudain, et son sérieux la surprit. Vous n'êtes pas vraiment perdus, pas vrai ?

La châtain se figea. Les reflets roux de ses cheveux s'étaient intensifiés à la lumière. Le blond planta à nouveau ses yeux bleus dans les siens. Elle put y lire une certaine culpabilité cachée derrière ses traits doux. Comment pouvait-il savoir ça ? Comment avait-il pu le découvrir ? Que savait-il exactement ?

- Les gars tout à l'heure n'étaient pas du tout les voisins.

- Les gars...?

La jeune femme déglutit. Ses doigts s'étaient immobilisés sur son pull, là où elle pouvait sentir son pendentif à travers le tissu. James se déplaça de sorte à se trouver bien en face d'elle. Malgré son calme et sa sincérité, l'imposante carrure du blond lui procura un frisson.

- Ceux qui sont venus frapper à la porte. Louis a dit qu'ils recherchaient deux personnes.

Ça y est, c'était la fin. Elle en avait la confirmation : les deux hommes étaient bel et bien ceux qui les recherchaient. Et maintenant, leurs hôtes étaient au courant. Qu'allait-il faire ? Allait-il la ramener à eux ? Son cœur cogna plus vite dans sa poitrine alors qu'elle levait doucement le pieds, histoire d'être prête à partir en courant.

- Jenelle...

Le blond s'approcha encore un peu, et lorsqu'il releva ses yeux bleus atrocement adorables sur elle, Jenelle se sentit partir.

- Vous vous êtes échappés de votre clinique psychiatrique.











The ManorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant