Les Trahisons

15. Finn

Lasse, Clarke entra dans la chambre qu'elle partageait avec Finn, prit la tisane qu'un Silencieux avait posé à côté de son lit et se coucha à côté de son mari.

« Tu étais avec Lexa ?

- Oui, on a pris un verre mais on a dû rentrer à cause de Bellamy, il a totalement perdu les rames.

- C'est bien du Bellamy, ça ! De quoi Lexa t'a parlé ?

- Elle m'a raconté une partie de son enfance... Elle n'a pas eu une vie facile.

- Hmmm. Je l'aime bien cette Lexa... Un peu coincée, mais... Clarke, ça va ? »

Clarke s'était étouffée avec sa tisane à l'évocation d'une Lexa coincée. De ce qu'elle avait pu voir, c'était plutôt le contraire !

« Oui, hum, j'ai avalé de travers. J'aimerais bien discuter plus, mais je suis un peu fatiguée, bonne nuit. »

Elle l'embrassa sur la bouche et se tourna dos à lui.

Comment démêler cet imbroglio de sentiments ? Leur mariage avait beau être arrangé, elle aimait Finn, mais d'une manière calme, douce, rien à voir avec le torrent d'émotions qui se déversait en elle lorsqu'elle voyait Lexa. Elle sentait que la jeune femme était aussi intensément attirée par elle, et tout son corps ne réclamait qu'une seule chose : se laisser aller à ce magnétisme implacable.

Seulement il y avait Finn. Et la loyauté était une valeur bien trop ancrée en Clarke pour qu'elle le trompe. Elle soupira. Il n'y avait qu'une seule manière de régler ça. Elle se tourna à nouveau vers Finn, qui lisait toujours à la lumière d'une bougie.

« Finn ?

- Oui ma belle ?

- Je t'aime, tu le sais ?

- Oui. Je t'aime aussi.

- Seulement... (Clarke prit une grande inspiration) Je suis attirée par Lexa. Beaucoup. »

Finn laissa passer quelques secondes.

« Vous avez couché ensemble ?

- Non !

- Tu me demandes ma permission ?

- Non ! Enfin...

- Fais ce que tu veux Clarke, si ça te rend heureuse. »

La jeune femme resta interdite quelques instants. Elle ne s'attendait pas à ce que ce soit aussi facile. A vrai dire, une partie d'elle-même espérait même qu'il refuse tout net. Ses sentiments envers Lexa étaient presque effrayants. Pourquoi était-ce si facile ? Est-ce qu'il...

« Tu me trompes ?

- Clarke, nous sommes dans un mariage arrangé et on n'a pas couché ensemble depuis la naissance d'Aden. Evidemment que je te trompe. Je pensais que tu le savais. »

La jeune femme encaissa le coup en silence. Cette révélation lui faisait bien plus mal qu'elle ne l'aurait pensé. Elle se sentait trahie. Elle se sentait idiote. Et par-dessus tout...

« Comment ça on ne couche plus ensemble ? 

- Clarke, doucement, je voulais dire que...

- JE SAIS TRES BIEN CE QUE TU VOULAIS DIRE ! Et tu es totalement débile ! Mon dieu... Et comment j'étais censée le savoir ? J'ai le pouvoir de lire dans les pensées ?

- Ah ça, non. »

Clarke le foudroya du regard.

« Ecoute, Clarke, je ne pensais pas que tu réagirais ainsi. Je suis désolée de te blesser, mais au moins, tu n'as plus à culpabiliser avec Lexa. »

La logique des paroles de Finn ne lui plaisait pas. Elle se rendit compte qu'elle était debout, et bien décidée à ne pas perdre la face, elle récupéra les couvertures du lit et son oreiller et marcha à grands pas vers la porte.

« Clarke ! Comment je dors, moi ?

- Tu te débrouilles ! »

Elle claqua la porte et alla s'installer sur l'un des canapés du salon. Finn avait raison, bien sûr. Elle avait maintenant le champ libre avec Lexa. C'était le danger d'épouser quelqu'un qui n'avait pas reçu la même éducation, qui ne venait pas du même endroit qu'elle. Les mœurs étaient différentes sur l'Atlantide. Elle aurait sûrement dû s'en apercevoir plus tôt mais... Depuis qu'elle était reine, elle devait reconnaître qu'elle ne passait que très peu de temps avec Finn.

Elle soupira. Elle n'était même pas vraiment en colère contre Finn. Elle savait qu'il ne mentait pas en disant qu'il n'avait jamais voulu la blesser. Le jeune homme avait des défauts, mais il avait toujours fait très attention à elle. Bien plus qu'elle ne faisait attention à lui.

Elle se retourna sur le sofa trop mou. Elle resterait fâchée encore quelques jours, et puis elle lui pardonnerait. C'est sur cette pensée qu'elle tâcha de s'endormir.