Un garçon-fille.
Les lucioles répétèrent ces mots en échos. Thaïs identifia les insectes lumineux comme étant des feu-follets, des petits êtres sournois dont il vaut mieux se méfier.
— Je suis un mec, dit-il, irrité par leurs moqueries.
Les rires doublèrent d'ampleur.
Pourquoi t'habilles-tu comme une fille alors ?
— Parce que j'en ai envie c'est tout. Je n'ai pas à me justifier.
Tu voudrais être une fille ?
— Non, je suis un garçon ! explosa-t-il. En quoi c'est un problème que je porte des robes ? C'est parce que ça n'existe pas les robes pour hommes que c'est mal d'en mettre ? Pourquoi aimer porter des vêtements de femme ferait de moi une femme ?!
La lumière des feu-follets vacilla sous l'influence de leur trouble.
Tu n'aimes pas les femmes ?
— Quoi ? Mais ça n'a rien à voir !
Il faut être une femme pour aimer un homme.
Le regard de Thaïs devint noir de colère. Il avait déjà tant de fois été exposé à la haine et à la méchanceté gratuite des autres.
— C'est quoi ces conneries ? Je savais pas que les êtres surnaturels avaient des idées archaïques.
Des étincelles de tension jaillirent des feu-follets.
Tu devrais être une fille. Ce serait mieux si tu étais une fille.
Des fils lumineux se dessinèrent dans la nuit et relièrent les esprits entre eux. Thaïs n'eut pas le temps de s'opposer à leur manigance. La toile se referma sur lui et l'enroba d'une lumière blanche aveuglante. Ses poumons s'emplirent de liquide. Prit de panique, il tenta de se débattre, suffocant. Il voulut crier à l'aide mais aucun son ne sortit de sa gorge.
Au moment où la nuit regagna son silence, le cocon se creva et vomit une gerbe visqueuse qui libéra le corps inanimé de Thaïs dans l'herbe. Une quinte de toux lui fit reprendre conscience. Il se releva avec difficulté et tituba sur quelques mètres en direction de la roulotte de Cornelia. Une douleur lui tenailla le bas du ventre et le plia en deux. Un fluide chaud dégoulina le long de ses cuisses nues. Une forte odeur de fer se diffusa dans ses narines. Des gémissements franchirent ses lèvres.
Alertée par le bruit, Cornelia se précipita hors de sa roulotte et accourut vers Thaïs. Elle le trouva replié sur lui-même, secoué par ses sanglots, les bras croisés contre son ventre. Son état inquiétant l'alarma.
— Thaïs, qu'est-ce qu'il t'arrive ?!
La lueur de la lune révéla le liquide sombre qui coulait entre ses jambes tremblantes.
— Tu saignes ! Tu es blessé ? Que s'est-il passé ?
— J'ai mal au ventre, gémit-il, le visage inondé de larmes.
— Au ventre ? répéta Cornelia, confuse.
Epuisé par la douleur, il tourna de l'œil et s'écroula. La blonde le réceptionna et le porta jusqu'à l'intérieur de la roulotte. Le bas de la chemise de nuit autrefois blanche était gorgé de sang. Cornelia ne parvenait pas à localiser la blessure. Elle retira le vêtement souillé et découvrit avec effroi la source de souffrance de Thaïs.
***
Note : Ce court chapitre est LE chapitre charnière de cette fiction... En effet, la malédiction de Thaïs est le sujet et le cœur de l'histoire.
Si vous êtes arrivé(e)s jusqu'ici, n'hésitez pas à laisser votre avis sur Fleur de Pommier ! ;)
La suite arrive très bientôt !
VOUS LISEZ
Fleur de Pommier
ParanormalTravesti en femme pour affronter son mal-être, Thaïs a fui sa famille dans l'espoir de s'épanouir. Il n'a gardé aucun contact excepté avec sa grand-mère, Nadia. Le décès de celle-ci force son retour après trois années d'absence. Isolée au fond de l...