Notre-Dame des opossums [Southeast Jones]

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 Plusieurs millénaires après l’Exode, une expédition archéologique retourne sur la Terre Originelle...

Notre-Dame des opossums [Southeast Jones]

Monsieur,

Vous trouverez ci-dessous quelques extraits du journal de bord de l’épave récupérée dans le secteur b³ Centauri. Il s’agit de la nef archéologique Calixte portée disparue il y a quinze ans. Elle n’a semble-t-il subi aucun dommage. Aucun corps n’a été retrouvé, ce qui suppose que l’équipage a pu être débarqué. La cale n’était pas totalement vide, nous y avons trouvé une statue, le corps plastifié d’un animal, ainsi que divers objets dont l’utilité nous est à ce jour inconnue. Les cristaux étaient saturés de données dont la majeure partie s’est malheureusement révélée irrécupérable. Nous faisons route sur Port Voigt où nous devrions accoster dans un peu moins de six mois. Mes équipes continuent à travailler sur la restauration des fichiers.

Hen, Capitaine du Chasseur d’épaves Noah.

Extrait 1

Trois cents hommes et femmes ont été débarqués ce matin. Il était temps, ces deux mois d’observation obligatoire sont une véritable torture lorsque le paradis ne se trouve qu’à quelques kilomètres de vol. Le moral de l’équipage commençait à s’en ressentir. Nous nous sommes temporairement installés en lisière d’une forêt, les différents ateliers et laboratoires sont en cours de montage. Aucun nuisible n’ayant été détecté, nous dormirons cette nuit à la belle étoile. Ce monde héberge des êtres humains ou apparentés. Demain, une équipe tentera d’établir un premier contact.

Un artefact a été découvert trois jours à peine après l’assolissage. L’objet est une statue en bois de buis, sa hauteur est de soixante-cinq centimètres. Elle représente une femme, celle-ci est mince, habillée d’un ample vêtement descendant jusqu’à ses pieds nus, si l’on se réfère à l’aspect physique des natifs, elle est d’une grande beauté. Son visage est fin, gracieux et sa bouche esquisse un sourire discret. Ses yeux semblent exprimer une profonde extase ou une intense douleur. Ses bras invitent à une étreinte d’où peut d’office être écartée toute connotation sexuelle, tant sont évidents la pureté et l’amour infini qui émanent de son attitude. L’objet semble assez récent, quelques dizaines d’années, probablement moins. Il est de facture assez grossière et pourrait représenter une divinité locale. L’animal couché à ses pieds semble être un opossum, il est présent partout sur ce monde. Si l’on excepte quelques variétés d’insectes et les formes de vies aquatiques, il en est même l’espèce la plus répandue. Une soixantaine de statues similaires ont été découvertes dans un rayon de cinq cents kilomètres. Leur taille varie entre cinquante et cent soixante-douze centimètres. La plupart sont en bois d’essences communes à beaucoup de mondes : buis, noyer, charme, cormier et châtaignier. Certaines ont été sculptées dans le gypse et la stéatite, plus rarement dans le marbre. Le nombre de statues mises à jour tendrait à prouver qu’il s’agit bel et bien d’un objet de culte. Si la première souffrait de quelques imperfections probablement dues à l’utilisation d’une gouge de fortune, certaines parmi les plus vieilles (la datation au C14 les font remonter à trois mille deux cents ans) sont de véritables chefs-d’œuvre. Elles trouveraient sans conteste une place de choix dans les plus grands musées... [illisible]

Les fouilles ont mis à jour un nouvel objet. Celui-ci est creux et se présente sous la forme d’un obus de trente-cinq centimètres de diamètre pour une longueur d’un mètre quatre-vingt-quinze. L’alliage dans lequel il est constitué (cuivre, chrome et argent) nous est connu sous le nom de « Copaloy ». Il apparaît que l’objet en question est une « capsule temporelle ». À l’intérieur, nous y avons principalement trouvé des documents informatiques. Le laboratoire a travaillé trois jours pour transférer les données sur nos cristaux. D’autres doivent exister, notre priorité est de les retrouver afin d’éclaircir ce mystère. J’ai autorisé le reste de l’équipage à nous rejoindre.

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