Partie 5

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Pierre courrait à côté du brancard sur lequel Benjamin était allongé alors qu'ils arrivaient enfin aux urgences.

Ses yeux cillaient, les lumières défilaient. Il ne comprenait plus rien, ne savait plus rien, et ça l'effrayait au plus haut point. Tout ce dont il avait conscience, c'était que Pierre avait sa main dans la sienne, la serrant le plus fort possible. Il voulait la serrer en retour, il voulait lui montrer qu'il savait qu'il était là, mais il en était incapable, il était bien trop faible.

Pierre pleurait, il pleurait tellement. Il espérait que Benjamin s'en sorte, qu'il reste avec lui encore un petit moment. Il avait tellement peur, une inquiétude immense le rongeait de manière infinie. Il savait qu'il ne devait pas se faire de faux espoirs, mais comment ne pas espérer une vie avec Benjamin après ce baiser si amoureux ?

Tout en continuant de courir, il baissa les yeux sur son bien aimé. Son t-shirt était taché de sang et en le regardant dans les yeux, il vit qu'il était apeuré. Il resserra son emprise sur sa main, espérant qu'il comprenne qu'il était là et qu'il ne le lâcherait pas.

- Je suis là Ben, accroche toi, je t'en supplie !

Sa voix était brisée, il était anéanti. Ces mots étaient sortis de sa bouche avec un désespoir immense, presque camouflés par ses pleurs qui l'empêchaient de voir où ils allaient.

Il ne pouvait pas y croire, il ne voulait pas croire que c'était Benjamin sur ce brancard, que c'était lui qui était taché de sang, et qu'il était sur le point de mourir.

- Monsieur, vous ne pouvez pas continuer, je suis désolée, lui dit une infirmière en l'interceptant avant qu'ils n'arrivent devant un long couloir.

Pierre regarda Benjamin et serra une dernière fois sa main en l'approchant de son visage.

- J'ai besoin de toi, bats toi, dit-il en chuchotant, toujours en sanglots.

Il baisa sa main chaude et, avant qu'il ne put dire autre chose, le brancard s'éloigna, détachant leurs mains brutalement.

Il le regarda partir jusqu'à ne plus le voir. Il se dit que c'était peut-être la dernière fois qu'il le voyait, et cette unique pensée lui suffit pour courir aux toilettes les plus proches et vomir son souper.

Quand il se regarda dans la glace des toilettes après avoir évacué son repas, il vit à quel point il était mal en point. Ses yeux étaient rouges et gonflés à cause de ses pleurs, son teint blafard, ses cheveux complètement décoiffés. Il était presque méconnaissable.

Il passa un coup d'eau sur son visage pour se rafraîchir un peu. Il regarda encore une fois son reflet, dépité. Il s'en fichait royalement de ce à quoi il ressemblait à ce moment précis.

Il partit s'asseoir dans la salle d'attente, triturant ses doigts de stress. Il ne cessait de se demander comment allait Benjamin. Il ressentait une angoisse profonde, il avait une boule titanesque dans le creux de son ventre, et plus le temps passait, plus elle grandissait.

Il était comme dans un état second, ne revenant pas qu'il était là, dans cette salle d'attente, qui était pour lui depuis peu le pire endroit de cette planète.

-

Pierre attendait depuis plus de deux heures, il avait répondu à quelques questions de docteurs et infirmiers qui étaient venus le voir afin d'en savoir plus sur l'état de santé de Benjamin. Il avait bien remarqué l'inquiétude dans leurs regards quand il avait mentionné son cancer et ses quelques jours qui lui restaient.

L'attente était insoutenable, il n'avait pas arrêté de pleurer. Son rythme cardiaque ne ralentissait pas et plus les minutes passaient, plus il disjonctait.

Le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant