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Près d'un mois est passé depuis la crise cardiaque de mon père, le plus court mois de l'année, février, vient de débuter. Il est enfin rentré chez lui après trois semaines d'hôpital. Il a perdu beaucoup de poids ce qui le rend méconnaissable. Il semble vieilli, affaibli et flotte dans ses vêtements. Neal pense au contraire que sa perte de poids le rajeunit, mais je peine à le reconnaître et déteste le voir comme ça.
Ma mère a renoncé à lui cuisiner des tartes aux pommes accompagnée de crème anglaise pour se concentrer sur de grands bols de soupe, sur les recommandations du médecin, ce qui ne plaît pas du tout au convalescent.
― M'enfin, je peux quand même prendre un dessert, ça ne va pas me tuer !
― Si, justement Dermott, sois raisonnable ! C'est pour ton bien, le médecin a dit que...
― Je me contrefiche des recommandations de ce blanc bec ! Je vais rester en vie certes, mais si on m'enlève tout le sel de la vie, je ne vois pas en quoi cela vaut le coup.
― Tu n'exagères pas un peu papa ? intervient Neal. Et puis, tu pourrais faire un effort, tu vas bientôt être grand père et tes petits enfants ont droit à un papy en forme.
Il caresse le ventre proéminant de Kelly assise à côté de lui. Mon père ne trouve rien à redire à cette répartie et se contente de grommeler, le nez dans sa soupe. Joey m'adresse un sourire à travers la table. La valse d'un dimanche chez ses parents, un dimanche chez les miens a recommencé et me file la nausée. Un tourbillon sans fin. Il n'y a que moi que cela semble déranger. Ma mère nous enveloppe du regard.
― Qu'avez-vous prévu pour la Saint Valentin ? demande-t-elle les yeux brillants.
Me terrer dans mon lit pour ne pas faire d'overdose de cœurs à paillette ? Prétexter une gastro pour échapper à une soirée au restaurant ?
― J'emmène Amy au Wollen Mills, c'est le restaurant où nous avons fait connaissance.
― Quelle bonne idée Joey ! N'est-ce pas Amy ?
Je croise le regarde de Leagh au bout de la table. Malheureusement pour moi, une personne ici est au courant de mon attitude de lâche. Elle lève les yeux au ciel et j'ai envie de rire. Je tousse pour masquer mon éclat de rire. J'acquiesce à la demande de ma mère.
― Kelly et moi allons rester tranquillement à la maison pour profiter de notre dernière Saint Valentin en couple, avant d'être une famille.
― Et moi je vais à une fête Anti Saint Valentin, clame Leagh me faisant rire.
Nous sortons de table et allons-nous installer sur les canapés auprès du feu. Ma mère dépose une assiette de biscuits et tape sur la main de mon père lorsqu'il tente d'en prendre un. Celui-ci râle que c'est de la torture.
― Pourquoi mettre ca sous mon nez, si je n'ai pas le droit d'en prendre ? Non mais vraiment !
― Tu es disponible cette semaine pour terminer la peinture de la chambre du bébé ? me demande Leagh.
― Non, je suis désolée... J'ai tellement de travail, avec l'absence de papa. Je ne sais même pas quand trouver le temps de prendre une douche ou de manger. Alors peindre...
Je vois bien qu'elle est déçue. Moi aussi, à vrai dire. Je n'ai pas touché un crayon ou dessiné depuis mon retour de Galway, cela me manque comme l'oxygène manque à la planète Terre. Il faudra bien que j'arrive à me dégager du temps, j'ai promis aux futurs parents.
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Prendre son envol
Ficción GeneralAmy, avocate en Irlande, travaille dans le cabinet familial "O'Donnel & Associés", aux côtés de son père et son frère. Son avenir est réglé comme du papier millimétré, tout a été planifié et pensé. Sa famille gère sa vie professionnelle et même priv...