Prélude

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        Toulouse : 21h30. 24 novembre 2020.

              Je peine à ouvrir les yeux, allongée dans mon canapé, recouverte de deux énormes couvertures, une en microfibre, l'autre en velours. 

L'alcool ingurgité la veille n'ayant pas totalement été encore évacué, mes idées ne sont pas tout à fait claire. Je reste là, à fixer le plafond, bien que la pénombre de mon appartement ne me permette pas vraiment de distinguer quoi que ce soit. Mon seul sens étant encore vraiment opérationnel, mon ouïe, me permet de distinguer les petits miaulements de ma chatte, Abby ainsi que les ronflements de ma chienne Neyla.

- Abby, prononçai-je alors d'une voix douce.

Silence.

Je me mis alors à faire ces petits bruits de bouches ridicule que l'on fait tous lorsque l'on essaie d'appâter un minou. Bingo ! Je sens qu'elle saute sur l'amas de vêtements se situant à mes pieds.

Tentant de me redresser afin d'attraper la boule de poils, je fus vite rattrapée par une nausée qui me fit me lever et courir jusqu'à la cuvette des toilettes plus vite que je ne m'en serai cru capable.

C'est à ce moment-là que j'en vins à me demander ce que ma vie était devenue. À 20 ans, mon existence était semblable à celle d'une vieille fille de 60 ans, ayant plus d'interactions avec ses animaux qu'avec des personnes humaines, dont l'état du lieu d'habitation est plus que déplorable, ou s'entassent les cadavres de bouteilles de vins et les cendriers pleins de mégots. Comment en suis-je arrivée là?

Une réponse simple, la souffrance.

                C'est surprenant comme il n'y a qu'un minuscule pas pour que toute notre existence bascule dans le chaos. Ma vie, qui était d'ordinaire emplie de joie, de rires n'est devenue qu'une succession de décision toutes plus discutables les unes que les autres. Je n'étais plus la jeune fille pétillante que j'avais pu être, cette personne naïve qui pensait pouvoir tout surmonter, qui ne voyait que le bien autour d'elle avait très vite cédé la place à une simple coquille vide dénuée de sentiments. J'étais devenue spectatrice de ce qui advenait de mes jours.

               Je vais m'adresser à toi, toi qui me lit, ce récit te semble venir d'une petite fille paumée et dépressive ? Tu aurais tout à fait raison de le penser et je ne pourrai t'en tenir rigueur, mais la vérité est toute autre. Qu'importe l'âge que tu as, as-tu déjà connu la réelle souffrance ? Celle qui te tort au plus profond de toi-même, celle qui te donne envie d'arrêter de te battre ? Si oui, j'aimerai t'apporter le soutien que je n'ai jamais eu, qui m'a forcée à me relever seule et à devenir une personne que je déteste aujourd'hui. Si non, alors je ne te souhaite de ne jamais la connaître, cependant, si tu venais un jour à devoir surmonter une peine que tu jugerais insurmontable, on se relève toujours, en un seul morceau ou complètement détruit, mais on se relève toujours, ne perds jamais espoir.


ErikaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant