La renaissance des Lancelot

Chapitre 11

Assise en face du bureau du directeur, j'appréhendais plus que tout cette entrevue, jouant machinalement avec mes doigts. Je ne savais pas quelle solution il pourrait apporter pour me soulager de ce fardeau, mais j'espérais sincèrement qu'elle permettrait de régler tout ça. Le professeur Rogue et moi-même étions seuls dans le bureau, attendant silencieusement le directeur. La pression était palpable, mais au bout de quelques minutes, le professeur Dumbledore entra dans son bureau, accompagné par Tante Agathe. Évidemment, il l'avait mise au courant. Moi qui espérais que tout ceci resterait entre nous, c'était peine perdue. Elle s'avança vers moi, la mine attristée, et me prit dans ses bras. J'avais besoin de tout sauf de sa pitié, mais je la laissai faire ; inutile de me mettre tous les membres de ma famille à dos.

Le directeur nous invita à nous asseoir face à lui, tandis que le professeur Rogue restait debout, stoïque, droit comme un piquet, juste à sa droite.

- Pandore nous a fait part de quelques soucis, que nous souhaiterions évoquer avec vous, avant de prendre une quelconque décision.

Une décision à propos de quoi ? Mon renvoi de Poudlard ? Je les écoutais échanger entre eux comme si je n'étais pas là, appréhendant chacune de leur réponse. Tante Agathe acquiesça et le professeur continua :

- Nous lui avions proposé il y a quelques mois de l'aider à oublier... cet incident, survenu la nuit du décès de ses parents. Mais elle avait refusé, ce que je pouvais comprendre à l'époque, la pensant suffisamment forte pour supporter toute cette pression.

Elle me prit la main, toujours captivée par les propos du directeur.

- Aujourd'hui, certains événements ont fait que sa décision a changé. Et je pense que nous devons faire quelque chose pour l'aider à traverser cette épreuve. Que pensez-vous de modifier ses souvenirs, plutôt que de les oublier ?

- Attendez, Professeur, qu'est-ce que vous entendez par modifier mes souvenirs ?

- Eh bien, tu ne te souviendras pas d'avoir tué ce criminel. Nous t'implanterons le souvenir de la version officielle ; celle qui explique que la brigade magique a dû se charger de supprimer cet homme, juste avant qu'il ne s'en prenne à toi et à ta sœur.

Alors il était réellement possible de modifier les souvenirs de quelqu'un ? Je savais le pouvoir de l'esprit suffisamment puissant pour influencer un souvenir grâce au temps et à la persuasion, mais j'ignorais que la magie le pouvait. Les trois adultes présents me fixaient tous, attendant ma réponse. Modifier mes souvenirs me permettrait enfin de pouvoir vivre une vie normale, effacer toute cette culpabilité, cette souffrance qui me rongeait de l'intérieur.

- Si ça n'altère aucun autre de mes souvenirs...j'accepte.
- Nous ne pourrons pas faire ça ici, Albus, ajouta le Professeur Rogue.

- Je pense que le mieux serait de lui trouver une place à l'hôpital Sainte Mangouste pour quelque temps, afin de lui permettre de se remettre, suggéra ma tante.

Elle semblait bien plus calme que ce que je n'aurais cru, considérant la situation dans laquelle je la mettais. Elle se tourna vers le directeur et s'adressa à lui directement.

- Qu'en est-il de sa sœur, et de ses amis ? Qu'allez-vous leur annoncer ?

Le directeur se tourna alors vers moi et me demanda si quelqu'un d'autre, hormis ma sœur et moi, était au courant à Poudlard. Je me souvins alors de la conversation que nous avions échangée avec Drago, l'autre soir.

- Drago Malfoy, Professeur. Il l'a déduit rapidement après... le cours du Professeur Lupin, puis j'ai fini par le lui avouer.

- Bien, Severus, je vous laisse vous charger du jeune Drago. Faites en sorte qu'il n'évoque plus jamais cette histoire, ou nous serons également obligés de lui modifier ses souvenirs. Concernant l'absence de Pandore, nous expliquerons qu'elle devait se rendre en France pour des affaires d'héritage. Nulle obligation de crier sur tous les toits que notre chère élève sera hospitalisée. Il vous faudra faire comprendre à Marie que sa soeur n'aura plus aucun souvenir de ce qu'elle a fait cette nuit-là.