Elle, elle, elle. Pourquoi elle? On lui avait tout prit. Sa famille, ses amis, sa maison. Et maintenant, maintenant on voulait lui prendre ses yeux? On voulait lui prendre ce qui lui permettait d'encore voir la vie comme quelque chose de beau?
Non, elle ne voulait pas, elle ne voulait pas vivre ainsi.
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Elle était dans le noir, attachée au niveau des poignets et des chevilles. Allongée sur une table froide contre son dos nu, elle tentait de se libérer, en vain. Elle se secouait, tirait, poussait, mais rien n'y faisait, ses attaches étaient trop solides, et elle, elle était trop faible.
Faible à cause de ses bourreaux qui ne la nourrissaient pas assez, faible à cause de la tristesse qui lui déchirait constamment le cœur.
Soudain, une lumière forte, éblouissante, tournée vers les yeux de la fille, s'alluma. Elle se débattit avec encore plus de force, hurla, gémit sous la douleur des liens enserrent ses membres. Une main, avec une seringue apparut au dessus de ses yeux.
Elle n'avait pas cligné des yeux que la seringue s'abattit dans son bras, rendant tous ses membres lourds, impossible à bouger. La fille voulait partir, elle voulait que ça finisse, elle... La paralysie remonta doucement vers a nuque, et atteignit son cerveau. La jeune fille fût endormie.
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Un coup, elle entendit. Un coup à une porte. Elle se réveilla, elle n'était plus attachée, tenta d'ouvrir les yeux.Mais n'y parvint pas. alors qu'elle essayait, une douleur atroce arriva et lui coupa le souffle. Elle hurla.
Elle n'arrivait pas à ouvrir ses yeux, yeux qui la faisaient souffrir. Elle toucha ses paupières, pour s'aider de ses main, et hurla de plus belle. Un long frisson la parcourut.
Au niveau de ses paupières se trouvaient des coutures, et en dessous, aucune forme ne se laissait toucher. Ses yeux avaient été enlevés, et ses paupières cousues fermées.
Elle hurla et hurla, chercha la porte à tâtons, ne la trouva que difficilement, et l'ouvrit en la fracassant contre le mur. Des mains, toujours plus nombreuses essayaient de la retenir, mais elle frappait autour d'elle au hasard.
Elle se cognait au murs, aux meubles, mais ignorait la douleur. Car cette douleur n'était pas aussi forte que celle de ses yeux. Des larmes, larmes au goût métallique, se faufilaient entre les coutures et coulaient le long des joues de la fille, dans sa bouche. Ces larmes avaient goût de sang.
Elle arriva dans une chambre et se laissa tomber sur un lit situé au milieu d'elle. Elle ne voulait plus vivre, plus vivre dans ces conditions.
On l'avait enlevée il y avait maintenant deux ans, et on l'avait torturée, torturée jusqu'à n'en plus finir. On avait tué ses amis, sa famille devant ses yeux, un a un.
Ce qu'ils voulaient, c'était de connaître son secret. Un secret qu'elle avait toujours gardé pour elle, un secret que ses bourreaux voulait qu'elle dévoile.
Elle ne pouvait pas le faire. Elle ne le pouvait pas, même la vie de ses proches n'étaient rien comparé au secret.
Maintenant, elle était vidée de force, de courage. Elle ne ressentait plus que le besoin de ne plus rien ressentir.
Le vide, l'infini. Quels beaux concepts que ceux de la mort. Mort qui accueille déjà tous ceux qu'elle aime, et qu'elle pourrait facilement rejoindre.
Aveugle, elle déchira le drap de sa force restante, fit un noeud coulissant, et accrocha tant bien que mal cette corde improvisée au plafond, au niveau de la lampe.
Elle posa une chaise au dessous. Elle grimpa dessus, souriant pour la première fois depuis longtemps, pour la dernière fois de sa vie. Elle passa sa tête dans le noeud coulissant.
Non, elle n'était pas lâche, oui elle ne pouvait plus rester forte. Elle avait fait un choix, qui n'avait pas été aussi difficile que ça pour elle. Un choix qui lui couterait la vie.
Des pas précipités se firent entendre, et la porte de la chambre s'ouvrit. La fille, toujours souriante, fit tomber la chaise d'un coup de sa jambe, son corps se relâcha, pendu au plafond.
Elle était morte, ayant enfin trouvé la sérénité qu'elle recherchait.
- Elle est morte?
- Oui.
- Mais elle était folle!
- Oui... C'est pour ça qu'elle était ici, nous ne sommes pas un hôpital psychiatrique pour rien.
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- Votre fille s'est pendue. Je suis désolé.
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Des yeux sans visage {OS}
Short Story{One Shot Court} On lui a tout pris, et maintenant, elle veut en finir.