Chapitre 8.2 - Alors dans l'ombre naissent les plans de la discorde

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Erwin et ses hommes viennent d'abattre une partie des assaillants qui fonçaient sur eux, les obligeant à se replier. Tout le monde semble avoir un rôle à jouer dans cette tragédie, et le mien sera celui du planqué. Je me retourne pour vérifier où je suis. Malgré l'obscurité ambiante, la lueur du projecteur à l'extérieur me permet de voir que c'est la poisse, comme toujours. Sans le savoir, j'ai atterri dans l'entrepôt, la grande maison reconvertie en centre de tri. Elle est habituellement très encombrée, parfait pour se cacher. Mais avec les évènements de ces derniers jours et le réquisitionnement des récupérateurs, la pièce est presque vide, faute d'expéditions. En-dehors de la porte d'entrée et de la fenêtre à côté, il n'y a pas d'autres issues. Toutes les ouvertures qui donnent dans la rue à l'extérieur de la communauté sont condamnées, et la porte qui mène au garage est toujours fermée à clé, je le sais par expérience. Quant aux escaliers, ils mènent tout droit vers les tireurs à l'étage, qui font un sacré raffut d'ailleurs. Reste une unique solution, se planquer dans la salle de bain. La poisse, donc.

Un dernier coup d'œil dehors... Plus le temps de réfléchir, deux silhouettes s'approchent de la porte d'entrée. Demi-tour, mais trop tard ! Quelqu'un descend les escaliers, un des tireurs ! Je me retourne à nouveau et fonce en direction de l'îlot central de la cuisine en espérant avoir le temps de bondir derrière pour me cacher. Mais la porte de la maison s'ouvre ! Je me retrouve face à un des hommes d'Erwin qui me braque aussitôt avec son arme, les yeux exorbités.

— Stop !

Je m'arrête et mets les mains sur la tête pour afficher ma coopération. Le temps de poser mon premier genou à terre, l'homme se fait tirer dessus par celui qui descendait les marches. La fenêtre vole en éclats sous une rafale venue de l'extérieur ! Un corps s'écroule dans les escaliers derrière moi avant de lourdement les dévaler.

Le tireur rentre. C'est un autre récupérateur d'Erwin. Haletant, les yeux exorbités, il pointe son arme sur moi.

— Tu bouges pas ! m'ordonne-t-il.

Puis il se penche sur son collègue pour vérifier son état. Après quelques secondes d'analyse, le récupérateur laisse échapper un soupir de désarroi avant de jurer dans sa langue. Il n'a pas encore encaissé la mort de son pote qu'il se tourne vers moi, excédé.

— Où sont-ils ?

— De quoi ? Qui ?

— Putain Billy ! Je ne te demanderai pas une troisième fois, où sont les autres ?

Okay, j'ai compris le malaise. Comme moi, il se doute qu'il y a un mouchard. Pour lui, ne pouvant être ni Erwin, ni Ralph, je figure très logiquement dans les têtes de liste, surtout maintenant qu'il vient de me trouver ici, seul. La situation est très mal engagée pour moi.

Il attend ma réponse, son canon encore chaud à quelques pouces de mon visage. Hésitation. Stress. Il ne sait pas quoi faire.

— Où sont...

Un tir le couche sans lui laisser le temps de terminer sa phrase !

Alors qu'un bourdonnement aigu a envahi ma tête, je le regarde à mes pieds, expirer pour la dernière fois. Mon corps tout entier ne répond plus, il plane, bercé par les acouphènes et shooté à l'adrénaline et aux odeurs de poudre. Mon regard se perd dans le spectacle son et lumière qui bat son plein à l'extérieur. Les faisceaux de lumière et les flashs accompagnent les détonations, les cris et les hurlements des acteurs qui rentrent et sortent du cercle de lumière créé au sol par le projecteur. Je crois que j'ai reçu des éclaboussures de sang...

— Billy ? C'est... C'est toi ?

Atterrissage d'urgence de mon esprit. Je reprends pleinement possession de mes moyens et me retourne. De l'autre côté de l'îlot central de la cuisine, Tanya et Nicklas se tiennent debout, tous les deux un fusil d'assaut entre les mains.

Chroniques des Terres enclavées - Émergence partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant