A l'approche des fêtes de fin d'année (oui Macron, fais pas le con, il y aura des fêtes de fin d'année), en milieu de soirée, quand tu as trop forcé sur la dinde aux petits oignons, que tu t'es affalée sur le canapé, le bouton du pantalon ouvert pour laisser respirer le bidon, il y a toujours une grande tante tellement bourrée que même son chiwawa qui lui lèche les lèvres l'est aussi, qui va te demander : « Alors quels sont tes projets futurs ? » Ah, cette question, on n'y échappe pas.
Ça devient alors compliqué de gérer tout le stress émotionnel qui survient subitement à la suite de cette question. C'est vrai quoi. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir foutre de ma vie ? J'ai 21 ans, et je suis étudiante en histoire de l'art. (je vous passe les blagues que j'aurais pu faire sur tous les vieux cons qui diront « ah c'est la licence chômage ça », elles sont de mauvais goût) On peut dire que c'est déjà un début. Mais alors la suite ? C'est flou. Très flou. Déjà quand on m'avait posé la question à 18 ans : « Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? », je ne savais pas vraiment. C'était plus un vague rêve qui a vite subit une grosse désillusion qu'un véritable projet d'avenir. Je peux affirmer aujourd'hui que ça ne s'est pas beaucoup décanté depuis. J'ai des pistes bien sûr, des idées, quelques plans. Mais rien de très concret.
Dans la vie, j'aime bien vivre à 1000 à l'heure. Voir un max de monde, profiter de mes amis, sortir beaucoup, et quand je ne suis pas avec gens, je suis toujours plus ou moins occupée, je crée, je fabrique, je chill, enfin je m'occupe l'esprit quoi. Bah oui, sinon, je réfléchis. Et quand je réfléchis, j'ai peur. Parfois, il me prend l'envie de revêtir mon plus beau pyjama en coton Harry Potter, de me blottir sous la couette et d'arrêter le temps pour toujours. Malheureusement, aucune machine ni invention ingénieuse ne permet d'effectuer cet arrêt sur image (Doc et Marty vous branlez quoi ?) Et donc, à part faire la liste de ce que je veux à TOUT PRIX éviter dans ma vie, j'ai pas réellement réfléchi à ce dont j'aurais véritablement envie.
En même temps, vous allez me dire, pour avoir des projets en ce moment, faut tout de même être téméraire. Et oui, moi aussi j'ai fait l'erreur d'avoir prévu des choses en 2020. J'avais espéré voyager, trouver des petits stages, travailler, et même partir 1 an à l'étranger dans le pays qui me faisait rêver. C A N C E L E D. Hors de ma vue. Depuis, je surfe sur la vague du spleen. Oh bien sûr, je ne suis pas la seule. Certaines personnes s'en remettent juste plus rapidement que d'autres. Tenez, par exemple, en ce moment, chaque membre de ma famille a décidé de refaire sa maison. Alors, je reçois chaque jour de belles photos de bricolage, de décoration, d'aménagement tous nouveaux. Ça me donne envie. Moi aussi j'aimerais bien retaper une maison. C'est un projet ça.
Peut-être qu'un matin, quand je me réveillerai, 2020 ne sera plus qu'une lointaine blague de mauvais goût, aussi drôle que celles de Kev Adams (sorry les fans), et je pourrai penser à mes projets un peu plus en profondeur. Parce que oui, j'ai des idées quand même. Par exemple, j'aimerais travailler dans la culture, diriger des expositions et choisir les artistes. Avoir un véritable contact avec eux, les suivre dans leur travail et les amener loin. J'aimerais créer une pièce de théâtre avec mes amis. On répèterait pendant une année entière, puis on partirait en tournée dans toute la France, et pourquoi pas l'Europe ? J'aimerais acheter une maison sur la côte basque et la retaper entièrement. Et ensuite, je chinerais la déco pour en faire un endroit cosy et agréable à 5min de l'océan. Comme ça, tout le monde viendrait me voir pendant les vacances scolaires. Et peut être qu'un jour, j'aurais envie d'ouvrir une friperie, comme ça, en ville. Avec une copine. On aurait économisé et on s'investirait à fond pour créer un espace vintage super chouette qui privilégiait la seconde main, tout en nous faisant kiffer.
Et puis, pourquoi pas, si nos idées s'accordent, j'aimerais partager ces projets avec mon amoureux. Choisir et décider à deux. On grandirait ensemble et on se soutiendrait dans tout ce qu'on entreprend. Peut-être même qu'on créerait à deux. Et puis, viendrait peut-être un moment où on aurait envie de fonder une famille ensemble. On aurait un mini-nous, et on passerait des heures à l'observer et à se demander « comment c'est possible d'avoir des doigts aussi petits ? »
Tout ça, ce sont mes projets secrets, ceux que je garde pour moi, pour plus tard. Alors quand la vieille tante me demande « Quels sont tes projets d'avenir », je réponds que j'en n'ai pas spécialement. Mais au fond, je bouillonne d'envies, d'idées, de volonté, de « peut-être, pourquoi pas ». Enfin, de projets quoi.