Le 04 février 2015
"Je suis un ange" voilà ce que mon ami m'a dit, hier soir, alors que nous mangions une pizza devant les inepties de la télévision. Au départ j'ai éclaté de rire, persuadée qu'il s'agissait d'une blague foireuse. Et puis il m'a parlé des Ordres Célestes, de sa naissance, de son histoire avant ses premiers pas sur Terre il y à maintenant à peine quelques années. Il m'a révélé que nos souvenirs communs étaient pour la plupart fabriqués, par l'ordre des Chuchoteurs. Je ne sais pas quoi en penser, je veux le croire. Mais tout ça parait si surréaliste... " . Tali referma son journal...
La sonnerie de son téléphone la fit légèrement sursauter. Il faut dire que dans son appartement le moindre bruit la surprenait, c'était son côté méfiant qui voulait ça. Le nom du destinataire lui inspira un bon gros soupir - ce genre qui donne l'impression de vider entièrement l'air présent dans vos poumons - mais elle décrocha tout de même après quelques secondes d'hésitation :
- Oui ?
- Tali ? C'est moi..
- Je sais..
- S'il te plaît ne me fais pas la tête, tu dois comprendre que je ne pouvais pas me taire.
- Je m'en fou !
- Mais écoute moi..
- Non. Fiche moi la paix ! "
Aussitôt dit, la jeune femme appuya sur le symbole rouge avec force. Elle lâcha en pestant son téléphone sur le bureau puis se mit debout; sa chaise à roulette grinçait encore alors qu'elle quittait déjà sa chambre. Une fois dans la cuisine, la machine à café bipait au même instant.
Tali, une fois tasse en main, alla se jeter dans le fauteuil de son salon et alluma la télévision. Toujours les mêmes idioties, jour après jour. Trois quarts de publicité pour un quart de programme stupide. C'était histoire d'avoir un bruit de fond. Ses yeux couleur des feuilles d'automne n'arrivaient pas à se concentrer sur ce que le présentateur du dernier home-cinéma dernier cri débitait, ni ne voyaient les différences entre l'ancien et le nouveau produit. Si on l'observait bien, son regard était inerte. A vrai dire, son cerveau était en pleine ébullition. Des tas de pensées prenaient vie, disparaissaient, refaisaient surface aussi vite... Un vrai ballet immatérielle qui ne savait quelle issue prendre.
Jusqu'à la veille sa vie était d'une banalité rassurante. Du haut de ses vingt trois ans, elle avait un corps aux proportions peu appréciés des normes de la haute beauté: de bonnes cuisses, des petites jambes, un peu de ventre et une poitrine moyenne. Il y à également sa touffe de cheveux indomptable, d'où plusieurs mèches s'en échappaient dans des sens loufoques et à qui elle en faisait voir plusieurs colorations suivant ses humeurs. Toutefois ce physique plaisait à son petit ami, leur histoire durait depuis maintenant trois ans. Un vrai conte de fée, piqués par moment de disputes passionnés et de réconciliations de même nature. Ils se voyaient le plus régulièrement possible, sans pouvoir encore vivre ensemble à cause de leurs cursus géographiquement opposés. L'amoureuse transie suivait des études de lettres, avec la ferme intention d'assouvir son plus grand désir : posséder sa propre bibliothèque. Elle voyait sa famille de temps en temps, et dernièrement avait adopté un chat pour se sentir moins seul. Une bande de copains, dont Gabriel avec qui elle allait en cours le plus souvent. Rien de plus banal.
Tali souffla encore une fois, et s'étira. Son regard vogua de la télé jusque la boîte de pizza qui traînait toujours sur sa table basse. Les souvenirs de la veille lui revinrent alors en mémoire avec force.
***
"Tali, avec ou sans fromage ?
- Avec ! T'es ouf, sans fromage c'pa une pizza "