Chapitre 6

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Louise attendait avec impatience le lendemain. Ne rien savoir l'intriguait vraiment, surtout parce qu'elle pensait que Humbertfield n'avait rien de très intéressant. Aussi, il était frustrant de courir après des indices pour comprendre ce que ce petit village lui réservait.

Lors de la pause déjeuner, Juliette aperçut leur professeur de français.

- C'est le moment d'en savoir plus !

- Et qu'est-ce que je lui dis ? « Bonjour Monsieur, désolé de vous déranger, mais je viens de recevoir une enveloppe très étrange dans un livre que vous avez emprunté il y a 2 semaines et je me demande si vous n'y êtes pas pour quelque chose... ».

- Effectivement, ça ne serait pas très malin... Pourquoi tu ne lui parles pas simplement du roman ? Et ensuite tu essaies d'en savoir plus ?

Louise se leva sans grande motivation. Et s'il allait la prendre pour une folle ?

- Ah bonjour Louise, comment vas-tu ?

- Euh... Bonjour... Monsieur... ça va, merci...

Après un instant de circonspection, le professeur demanda s'il pouvait faire quelque chose pour son élève.

- J'ai emprunté un livre et je voudrais savoir ce que vous en avez pensé, la documentaliste m'a dit que vous l'aviez pris deux semaines avant moi.

- Tu sais, j'emprunte à peu près une dizaine de livres par semaine, répondit le professeur en souriant. Peut-être peux-tu me donner le titre de celui qui t'intéresse ?

Louise indiqua le roman en question : celui de Roald Dahl où deux époux passent le plus clair de leur temps à se chamailler et inventer toutes les farces possibles pour embêter l'autre. Le professeur de français sourit : effectivement, il avait bien emprunté ce livre.

- Mais je ne saurais t'en dire beaucoup plus. Je ne suis pas un grand fan de Roald Dahl, à part son fameux Charlie et la chocolaterie. Ce livre, je l'ai emprunté pour ma nièce qui venait me rendre visite depuis la capitale, et comme elle passe le plus clair de son temps à lire, je me suis dit que ce roman serait parfait.

Louise arriva tant bien que mal à cacher sa déception. Poliment, elle remercia son professeur et le laissa finir son repas tranquillement.

- Alors ?!

- Alors rien... il a emprunté le roman pour sa nièce qui venait lui rendre visite.

Juliette en revint à son explication : il n'y avait certainement rien à chercher du côté de celui ou celle qui avait glissé l'enveloppe dans le roman. Ce n'était certainement qu'un moyen d'apporter un peu de mystère et d'envie dans la vie de Louise.

- Tu as raison... Je vais surtout profiter de la fête de demain et ne pas rester sur cette histoire, répondit Louise qui, malgré sa sincérité, restait frustrée de ne pas vraiment en savoir davantage sur cette enveloppe.

De retour à Humbertfield, cette fois déposée à l'arrêt de l'école, Louise allait pour rentrer chez elle quand elle entendit :

- Oh que c'est dur de porter tout cela !

La jeune fille se retourna et vit Madame Litréou porter plusieurs cabas.

- Bonsoir Madame Litréou, est-ce que je peux vous aider ? Vous semblez bien chargée !

- Oh oui ma petite Louise, je reviens de chez le père Murro, il a été gentil de me faire quelques courses à la ville pour la fête de demain.

- Ah ! Vous allez donc recevoir chez vous ?

Confuse, car elle venait de comprendre qu'elle venait de révéler le secret, Madame Litréou demanda à Louise de ne rien dire. Le Maire avait vraiment demandé que cela reste un secret jusqu'au jour J. La jeune fille la rassura : elle ne dirait rien.

- Eh bien, nous voilà arrivées ma chère ! Heureusement que je te t'ai rencontrée près de l'école, sinon j'y serais encore.

Louise eut un sourire pincé : Madame Litréou avait fini par confier tous ses cabas à la jeune fille qui avait tout porté à bout de bras.

- Ah mais que je suis bête, reprit la vieille dame. J'aurais pu demander au père Murro de me livrer tout ici !

- Tu m'étonnes, pensa Louise... Eh sinon, qu'avez-vous acheté pour demain Madame ?

La vieille dame lui fit un inventaire complet de tous les articles : des clémentines, de quoi faire des biscuits de Noël, des boissons chaudes, quelques bonbons pour les enfants et autre ingrédients pour des pâtisseries. Louise fit remarquer qu'il y en avait assez pour tout le village !

- Et encore, chez moi il n'y aura qu'une petite dizaine de personnes. En tout nous sommes six à ouvrir nos maisons : moi, le père Perrot, tes parents, Madame Istreÿ, Monsieur Larfé et Madame Outrille...

Madame Litréou s'interrompit net : elle venait encore d'en dire beaucoup trop. Louise anticipa et affirma que c'était un secret et qu'elle ne dirait rien.

- Bien, si vous n'avez plus besoin de moi, je vais rentrer et retrouver ma petite sœur.

En partant, Louise passa par le salon de son hôtesse et remarqua une petite table à écrire, sur laquelle étaient posés plusieurs petits cahiers, articles de papeterie et un set complet d'encriers et de plumes.

- Vous aimez écrire à la plume, demanda naïvement Louise ?

- C'est une de mes passions oui... Je passe chaque dimanche après-midi à calligraphier. C'est très reposant et ça me rappelle un peu ma jeunesse où, à l'école, les enfants n'écrivaient qu'à la plume.

La jeune fille quitta Madame Litréou sur cette dernière réponse. Durant les quelques mètres qu'elle devait parcourir pour rentrer chez elle, Louise ne put s'empêcher de penser à ce set de calligraphie.

- Il ne doit pas y avoir cent-cinquante personnes à Humbertfield qui ont ce genre d'objets chez eux et qui aiment la calligraphie, pensa Louise. Aurait-elle un lien avec l'enveloppe qui porte mon nom calligraphié ?

Après un instant, Louise reprit ses esprits : n'importe qui peut aller sur Internet et voir comment calligraphier un prénom. Et puis : pourquoi Madame Litréou aurait fait cela et surtout comment aurait-elle glissé l'enveloppe dans le roman ?

Calendrier de l'avent 2020 - La quête de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant