Chapitre V

13 2 0
                                    

       L'assassin ne croyait pas en ces histoires de prophètes ou autres idioties du même genre. Mais il est vrai qu'elle avait un doute quant à l'aspect complot des événements. La vision des femmes autour du monstre lui revenait de tant en tant par flash. Qui sont-elles ? Une question qu'elle allait devoir traiter après sa mission primaire car elle ne voulait pas décevoir son souverain. C'est quelques heures après l'interrogatoire du jeune homme qu'elle décida de faire lever le camp, il ne fallait pas rester une nuit de plus dans cette forêt maudite. Kaelan, lui, suivait le groupe en traînant des pieds. Il était attaché car même blessé, un barbare orc possède un esprit de berserker. Ces êtres dont la violence pourrait dépasser le surnaturel et pour qui la douleur n'est que piètre chose. L'elfe et l'adolescente étaient à côté de leur monture suivant donc au pas le reste du groupe étant les dernières du mini cortège. Lucia restait près du jeune homme comme pour lui tenir compagnie et celui-ci en était plus que ravi. Tinuviel les avaient à l'œil malgré tout pour éviter un revirement de situation de la part de la noble. Elle l'entendait rire face à la voix encore juvénile du garçon ce qui fit grincer des dents la jeune femme. Le corbeau, toujours haut dans le ciel comme éclaireur, fit une pause en se posant sur l'épaule de sa compagne et lui donna un petit coup de bec.

     - Tu vas longtemps épier les deux tourtereaux comme ça ?

     - Ferme là et puis comment tu peux les appeler comme ça ? Ils ne se connaissent même pas..

    Les elfes qui se trouvent derrière Tinuviel la regardaient d'un air étrange. Comme s'ils savaient qu'elle parlait mais sans ouvrir la bouche. Le regard de la jeune femme restant fixe devant elle, imperturbable, elle énumérait spirituellement toutes les possibilités de trahison qu'elle pouvait subir des autres. Pour ce qui est des elfes, rien de plus simple, elle est humaine. Alors ce sera facile pour eux que de protester face à ses directives. Concernant la petite noble, si elle s'attache de trop au jeune semi-orc, elle pourrait s'interposer pour le protéger. Mais ce qui la tracassait était qu'elle devait coûte que coûte protéger la jeune fille. Quand elle fit un simple mouvement de la tête pour accompagner un soupir de désespoir, les elfes fronçant les sourcils se demandaient à quoi elle pouvait bien penser. Il se communicairent quelques mots qu'ils passèrent jusqu'à Alvana'as et celle-ci observa le dos bien bâti de l'assassin. Elle se décide alors à donner les rênes de son cheval à l'un de ses compagnons pour venir à la hauteur de Tinuviel.

    - Quelque chose vous tracasse Tinuviel ? - lui demanda d'une voix douce l'elfe - Vous n'aviez pas l'air convaincu qu'un être aussi incroyable puisse exister.

     - C'est normal que je n'y crois pas. Ce ne sont que des légendes grotesques pour tétaniser les enfants comme Lucia.

     - Mais et si c'était réel ? Et si la disparition des mages elfes avait un rapport ?

     - Alors ce ne sont que des nobles en quête de pouvoir qui s'amusent à essayer de ramener un prêtre légendaire.

     Un mouvement de tête de la part de l'humaine fit comprendre à Alvana'as que cette discussion ne mènerait à rien. Elle s'excusa de la question et retourna prêt de son groupe reprenant les rênes de sa monture. C'est en pleine journée, le soleil bien haut dans le ciel, qu'ils arrivèrent enfin en dehors de cette forêt mystique. Un petit village commençait à faire son apparition sur l'horizon. Il ne semblait pas si miteux que ça, ni extrêmement riche. Pourtant, quand le groupe entra dans celui-ci, les habitants semblaient désespérés. Ils avaient probablement payé le prix de leur bétail comme tant d'autres villageois de la région. Alors même qu'ils allaient se séparer pour acheter des provisions et autres objets utiles, Lucia s'approcha, assez timide, de l'assassin et lui tapota doucement le bras pour l'interpeller. Evidemment elle ne s'attendait pas à un sourir de la femme imposante et pourtant rafinée, mais ce qu'elle eut était bien plus étrange. Le regard vairon, pourtant magnifique, paraissait d'un coup bien froid comparé au moment où leur regards se sont croisés pour la première fois. Elle laissa glisser sa main à son côté et observa le sol. C'est Tinuviel qui, comme agacée de cette interruption débuta la conversation, la langue de la jeune Lucia qui ne semblait pas vouloir se délier.

L'ordre d'Ishval : l'éveil [en cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant