2.Le Métro

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Cette célèbre plaine, à l'ouest d'une chaîne de montagnes, une ville qu'on appelait Moscou s'y tenait. Cependant jamais le petit Alexandr allait la voir, en tout cas, pas en tant qu'enfant...
Ce sont des années plus tard que le petit commençait à se poser des questions.
La grotte dans laquelle vivait l'ermite faisait l'objet de nombreuses questions pour ce petit avorton, ne pouvant sortir de cet endroit froid et fade. Il avait les yeux bleus et très souvent injectés de sang, comparé à Alex, lui était un géant, jamais il ouvrait la bouche pour dire quelque chose sans intérêt. En effet ses réponses était brèves mais concrètes et précises, Alexandr pensait qu'il n'avait aucune affection pour lui, qu'il n'en aurait jamais...
La vérité était plus compliquée... Chaque jour, Alexandr demandait à cet homme quel était son nom, celui-ci répondait à chaque fois que cela n'avait aucune importance mais qu'il lui dirai peut être un jour. Bizarrement, beaucoup de choses énervaient l'ermite, mais qu'Alex voulait savoir qui il était, cela le surprenait plutôt, il lui avait déjà dit que ses parents étaient "morts", qu'il n'était pas son père mais qu'il allait s'occuper de lui jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour se débrouiller seul.

C'était un matin chaud, les trous dans le béton massacré laissaient passer des rayons de soleil se reflétant sur le miroir en face de l'établi d'armes. Un fusil d'assaut y était entreposé, un "M1" comme l'appelait cet être plus que mystérieux... Ce matin là, Alex le contemplant, l'homme se leva et en voyant la scène, il prit l'arme dans ses mains et s'assit devant l'enfant. Et tandis qu'il la nettoyait avec un chiffon grisâtre, il lui adressa la parole en souriant :

- Veux-tu que je te parle de l'histoire de ce fusil petit ?

L'enfant fut pris d'un large sourire et hocha la tête frénétiquement.

- Il y a bien longtemps, bien avant la Guerre Grise dont je t'ai conté l'histoire, eut une autre guerre, plus sombre et meurtrière que la première. Et, pendant la fin de celle-ci se disputa une des batailles les plus importantes pour notre pays. La bataille de Stalingrad : Certes nos ancêtres ont été décimés à son début, mais à sa fin quand des alliés nous ont aidés et que nous avions tout pour gagner, nous avons prit la victoire le poing haut dans le ciel noir. Nos usines tournaient encore à plein régime, nous n'avions tout de même pas assez de fusils pour tous les soldats, alors quand un soldat mourrait, le soldat désarmé qui le suivait prenait le sien... Ce fusil a changé de main près de dix fois m'a dit à ton âge mon père. Cette histoire signifie mon petit, que même si une bataille semble perdue, que ton sort va en empirant, quelqu'un finira ce que tu as déjà commencer. Peut-être même le finira t-il, comme mon grand père, c'est pour cela que tu es là aujourd'hui : pour sauver ce monde gangréné, pour le purifier, toi qui n'a jamais connu les horreur de la ville et ses violences, tu peux agir.

Le jeune Alexandr se sentait tout puissant face à ce discours d'une telle beauté, il lui arriva de s'énerver contre cette homme discret et mystérieux, d'essayer de fuir même du métro... Mais là était sa maison, et il devait attendre, et encore attendre avant de pouvoir contempler les dégâts faits à ce monde. Ce jour arriva plus tôt que prévue :

Quand "l'ermite" comme l'appelait Alex, lui dit un matin qu'ils allaient voir si il était assez grand pour sortir, Alex en fut bouche-bée. Il suivait l'homme à travers les portes en métal déchiquetées par les années, et contemplant pour la première fois un lever de soleil, son cœur sembla s'arrêter. Jamais une telle sensation n'eût parcourue son corps, c'était si beau, si inattendu, que même si le soleil lui brûlait les yeux, il continua de le regarder :
"encore quelques secondes."
Se disait-il.
L'ermite l'emmenait dans une sorte de forêt lumineuse pleine de verdure, encore un spectacle d'une grande valeur pour Alex. Puis s'asseyant sur une souche, "le vieux" demanda à Alex de s'approcher, qui lui le fit sans hésiter :

- Petit, tu es prêt pour t'en aller, je crois que tu as environ dix-huit ans aujourd'hui, et c'est à cet âge qu'on m'a offert ceci :

L'ermite sortit un couteau, un opinel en bois d'ébène et en acier argenté, noircit par le temps.

- Prends en soin pour moi Alex.

Alexandr ouvrit de grands yeux :

- M-merci ! Dis, tu m'a appelé Alex ?

Le vieux sourit et lui répondit :

- Oui pourquoi ?

Alex sourit d'une façon assurée, presque dérangeante et rétorqua :

- Dorénavant je me ferai appeler comme ça.

Alex prit le couteau, et fier de son cadeau, il continuer de marcher avec le grand homme :

- J'ai une question, comment c'est les villes et les choses à l'est ?

Toujours en souriant, il répondit :
- Dangereux et froid, ah ! J'allais oublier, c'est Franck.

Alexandr s'arrêta de marcher brusquement :

- C'est ton prénom ?

- Oui.

- D-d'accord.

Franck voyait s'effacer son propre sourire en constatant des choses qu'Alex devait aussi savoir :

- Il y a aussi une chose que tu dois savoir sur tes parents...

En le coupant et soudainement, un énorme loup traversa le buisson à la gauche de Franck en brisant les branches s'y trouvant. Il l'attrappa par la main puis, tombé au sol, il allait s'attaquer à sa gorge...
Alex réagit le plus vite qu'il eut pu, il planta le couteau une bonne dizaine de fois dans la chair de l'animal enragé mais même s'il était déjà tombé avec sa proie, celle-ci se vidait rapidement de son sang...
La main sur sa carotide, Franck était déjà faible, il suffoquait, s'étouffait avec son sang, et en s'éteignant doucement et dans la douleur, Alex à ses côtés, il lui dit en étant presque libéré par la mort :

- C-c'est moi qui ai tué tes parents... A-Alex, je les ai tué car ils était des...

Alex se releva en le regardant avec colère et avec un sentiment de justice tout en souriant de façon démoniaque et répondit :

- Je regrette vivement d'avoir arrêter ce loup, Franck.

Alex repris ce cadeau tranchant qu'on lui avait offert et s'en alla en laissant l'homme subir son triste sort mais inévitable.
Le vent dans le dos, les sourcils froncés et noir comme le charbon, les yeux mouillés, les dents apparentes dans une grimace effrayante, une lame ensanglantée à la main...
Si dans ce monde il existait encore une allégorie de la haine et de la folie meurtrière, Alex la représenterait.

Ultimum JudiciumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant