Quand Melek retourna à l'hôtel, elle avait marché si rapidement dans le parc de la colline qu'elle avait le visage en feu et le dos en nage. Mais elle avait l'esprit vide, ce qui lui donnait le sourire. Elle ne pensait qu'à une chose : ce week-end loin de tout avec Wilhelm. L'avoir pour elle seule le temps de deux jours, oublier le prince et retrouver le randonneur.
Wilhelm n'était toujours pas rentré et elle en profita pour prendre une rapide douche pour se rafraîchir. Alors que l'eau chaude glissait sur elle, elle sentit alors toute l'énergie dépensée de l'après-midi lui retomber lourdement sur les épaules. Et alors qu'elle se massa l'épaule opérée pour la dégourdir, elle se se rappela l'accident qui lui avait valu cette nouvelle cicatrice. Une vieille douleur oubliée lui parcourut l'échine et vint se loger dans le cou, à la naissance de la nuque. Elle grimaça en roulant l'épaule et l'écho du cri de Wilhelm résonna en elle comme dans un cauchemar.
Elle se passa les deux mains sur le visage pour se donner du courage mais rien n'arrivait à retenir ce sentiment d'épuisement de s'abattre sur elle.
Elle sortait de la salle de bain quand Wilhelm fut de retour et ils se croisèrent sur le seuil de la chambre. Alors que Melek serrait sa serviette enroulée autour d'elle, elle leva le menton pour embrasser Wilhelm qui posait une main réconfortante sur son épaule. Melek s'en dégagea légèrement et Wilhelm glissa sa main sur son bras.
« Ça va ? »
Il portait sur elle un regard plein d'inquiétude et ses sourcils étaient plus froncés qu'à l'habitude. Elle devait vraiment avoir mauvaise mine. Mais un éclat qui ne lui plaisait pas brillait dans les yeux de Wilhelm et Melek se refusa à l'alarmer davantage. Elle fit un bref pas en sa direction et lui sourit. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour effleurer sa joue de ses lèvres.
« Bien sûr, lui répondit-elle d'un ton enjoué avant de se séparer de lui pour entrer dans la chambre. Je m'habille et je suis prête à partir.
— Ton sac est prêt ?
— Depuis ce matin. »
Elle sortit sa tête de l'armoire dans laquelle elle cherchait des vêtements propres et lança un énième sourire au prince.
« Tu m'emmènes où, déjà ? dit-elle pour combler le silence pesant.
— Mes parents avaient un chalet en montagne, c'est à une trentaine de kilomètres tout au plus. L'hôtel nous a réservé une voiture, pour que nous soyons plus tranquilles. »
Un poids sembla quitter ses épaules. Et avec ses vêtements en boule contre elle, elle embrassa une troisième fois Wilhelm avant de quitter la chambre pour finir de se préparer dans la salle de bain.
Quand elle revint dans la chambre, Wilhelm avait un casque de musique sur les oreilles et était occupé à plier délicatement quelques t-shirts avant de les enfoncer dans un sac en toile. Il ferma la fermeture du bagage et releva les yeux vers l'entrée. Quand il aperçut Melek, il tira sur le casque qui atterrit autour de son cou. Hormis l'écho lointain de sa musique, un silence gênant pesait dans la chambre. Et Melek savait qu'elle en était la cause. Son regard était plongé dans celui de Wilhelm de l'autre côté de la pièce. Il fallait qu'elle lui donne quelque chose. Il n'était pas dupe et savait que des pensées hantaient l'esprit de Melek et qu'elle refusait de se confier. Il fallait qu'elle s'ouvre à lui, un tant soit peu. Pour le rassurer. Elle traversa la chambre et attrapa une main de son compagnon qu'elle baisa amoureusement, ses yeux toujours ancrés dans les siens.
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Valse à Löwenstadt (T.3) [TERMINÉ]
RomanceSuite d'Été à Vienne (oui, encore la grosse tête de Melek en couverture) --- À la sortie de l'aéroport, Melek prend enfin conscience des engagements qu'elle a pris en suivant Wilhelm jusqu'à Löwenstadt. Mais loin du palais, elle peut encore toucher...