Drice ne jugeait pas.
Il avait cette forme d'acceptation du monde, sans parti pris, sans aucune sorte de polarité. Ce n'était ni un rebelle, ni un activiste. Plutôt un contemplateur. Il se nourrissait des choses, comprenait les gens, sans avoir besoin de les étudier. Il n'analysait pas, il ressentait.
Drice était différent. Il ne voyait pas le monde comme vous et moi. Chez lui, tout avait plus de relief, de saveurs.
Puis, Drice créait.
Ou plutôt, il captait la matière diffuse, ce liquide amniotique d'informations qui l'entourait. Il le digérait, puis le transformait en une forme audible, sinon palpable : de la musique. Et quelle musique !
Sa virtuosité s'exerçait tant au piano, qu'au violon ou au saxophone...
Toutefois la voie qui avait sa préférence était celle des arts électroniques.
Lorsqu'il s'armait de son Sennheiser et qu'il connectait platines et MacPro, il arrivait à produire des sons qui vous transportaient, loin, très loin, bien au-delà des étoiles, à la rencontre d'univers inexplorés...
Tantôt, ses mélodies étaient d'un calme lunaire, propice aux rêveries et aux états d'âmes. Tantôt, il s'agissait de déferlantes sonores chaotiques, qui vous arrachaient de Terre, et vous projetaient au travers de trous noirs, jusqu' aux confins de la galaxie !
Drice ne composait pas. Il transposait musicalement la gamme complexe des émotions humaines.
Il était capable de miracles, jonglant à sa guise avec l'humeur de son public.
Drice était populaire. Ce n'était pas d'une notoriété tonitruante, comme celle des jeunes sportifs dans les films américains, mais plutôt le rayonnement d'une personnalité positive et bienveillante. Du moins, c'est ce que j'ai immédiatement pensé.
Il était grand et plutôt élancé, avec des cheveux châtains, presque blonds, et des yeux clairs. Il était plutôt beau garçon mais aurait certainement pu passer inaperçu, s'il n'avait eu cet air particulier : présent et absent à la fois.
Il souriait à tous ceux qui le croisaient et la plupart d'entre eux venaient à sa rencontre, pour le saluer chaleureusement.
***
Quant à moi, je venais d'entrer au lycée.
L'adolescente brunette, un brin timide, que j'étais alors n'osait pas s'attarder sur les étudiants des classes supérieures. J'avais suffisamment à faire pour maintenir mes notes dans une fourchette satisfaisante.
Pas que je fus mauvaise élève, non. Mais le niveau, ici, au Lycée Jean-Paul Barvaux, était bien plus élevé que dans mon ancien collège. La qualité de l'enseignement prodigué dans cet établissement était d'ailleurs reconnue ; et mes parents avaient voulu déménager afin de pouvoir m'en faire profiter.
Au départ, l'idée m'avait plutôt plu.
Ensuite, l'éloignement et l'absence de mes anciens amis avaient été de plus en plus difficile à supporter...
Ici, j'étais principalement entourée de jeunes issus de milieux aisés qui laissaient derrière eux un sillage de vanité insouciante et d'excès d'argent.
La simplicité et le goût de l'authenticité que j'avais connus jusqu'alors me manquaient.
Cela dit, je n'étais pas à plaindre : j'avais trouvé rapidement, et sans heurts, ma place parmi mes nouveaux camarades de classe. Je copinais et babillais quand il convenait de le faire... Et, le reste du temps, j'adoptais une attitude indépendante et détachée.
Je lisais, je dessinais ou j'écoutais de la musique... Et on me laissait tranquille.
Puis il y eut Jon...
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Drice - D'ombres et de lumières [PARTIE I]
Teen FictionCharlie - Quinze ans. Nouveau Lycée... Nouveaux amis ? Elle découvre un autre monde : celui des fêtes, de la drogue et, surtout, celui de la musique électro. Mais l'amour (le vrai) a-t-il sa place dans cet univers d'ombres et de lumières ? Un roman...