- Mais c'est horrible, dit Juliette après que son amie eut fini de tout lui raconter. Il faut que l'on trouve quelque chose à faire ! Cette dame ne peut pas rester ainsi, surtout avec les fêtes qui approchent.
- Je sais bien, mais le maire ne fera rien avec nous tant que notre plan ne permettra pas d'aider Alice, sans qu'elle se sente jugée.
- Bon... est-ce qu'on ne pourrait pas déjà trouver une idée pour l'aider à faire des courses, à s'occuper de son petit et juste chauffer un peu sa maison ? Ensuite, on trouvera le moyen de lui présenter tout cela sans qu'elle le prenne mal.
- Et le maire ?
- On va perdre du temps à trouver quelque chose qui lui convienne, expliqua Juliette. On peut donc commencer sans lui et quand on aura une idée, on lui dira tout.
Les deux amies se mirent d'accord et, à la pause déjeuner, elles réfléchirent ensemble à une façon d'agir. Elles ne pouvaient solliciter ni le maire, ni l'association qui aide Alice, ni les parents de Louise et surtout pas le boulanger. Cela ne laissait place qu'à peu de personnes, d'autant plus que les deux jeunes filles ne pouvaient agir à Humbertfield, car l'on comprendrait bien vite tout ce que les filles voudraient faire. Il ne restait que peu d'endroits où trouver des alliés : le collège et la grande ville.
- Je peux parler à mes parents de cela, dit Juliette. Ils ne connaissent pas vraiment les tiens et si je leur explique tout, ils ne diront rien et ils pourront nous aider à trouver une solution.
- C'est une bonne idée. Je pense qu'après les cours j'irai voir la principale. Peut-être qu'elle aura aussi une idée.
- Mais tu ne vas pas rater l'autocar ?
- Non, tu as ton option musique et pas moi, je finis donc à 14H30, expliqua Louise en souriant gentiment.
À l'heure prévue, Louise se rendit dans le couloir de l'administration. Les élèves évitaient bien souvent cet endroit du collège, synonyme d'ennuis. Après tout, seuls les élèves perturbateurs rendaient visite à la principale en dehors des heures de cours.
- Ah bonjour Louise, que viens-tu faire par ici ? demanda le professeur de français de la jeune collégienne.
- Bonjour Monsieur... euh... rien... enfin si je viens voir Madame la Principale.
- Tu as fait quelque chose de mal ?
- Oh non rien du tout... je souhaite juste lui parler de quelque chose de... personnel.
Le professeur de français ne posa pas davantage de questions et laissa la jeune fille devant la porte de la cheffe d'établissement. Après un instant, Louise frappa timidement.
- Bonjour Louise, je t'en prie assieds-toi. Que puis-je faire pour toi ?
- Bonjour Madame, je suis désolée de vous déranger, mais j'ai besoin de vous parler...
La principale termina de ranger quelques affaires et écouta avec attention le récit de la jeune fille. Avec beaucoup d'assurance et de précision, Louise raconta l'histoire d'Alice et sa volonté de l'aider ; elle buttait toutefois sur la manière de procéder.
- C'est une histoire bien triste que tu me racontes là... dit la principale après un moment de silence. Es-tu bien sûre de ce que tu m'expliques ?
- Oui Madame, c'est le maire de mon village qui me l'a dit ce matin, après que je lui en ai parlé samedi dernier. Il a demandé au maire de Sturton et à l'association qui aide Alice à compléter ses courses.
La principale prit une expression triste, mais également embarrassée : elle ne savait pas quoi répondre à Louise, d'autant plus qu'elle ne s'attendait pas à ce que la jeune fille lui fasse un tel récit. Après un instant à griffonner quelques mots sur un carnet, la principale prit son téléphone.
- Oui, Madame Tuir, est-ce que vous pouvez venir dans mon bureau s'il vous plaît ? Merci.
- Pourquoi faire venir la psychologue du collège, demanda Louise ?
- Elle est aussi assistante sociale, elle pourra sans doute nous aider.
Quand le duo fut rejoint par Madame Tuir, la principale reprit en quelques mots ce que Louise lui avait expliqué et, surtout, le problème dans lequel elles se trouvaient.
- On peut faire deux choses, dit Madame Tuir. Je vais d'abord faire des recherches pour déterminer si Alice a le droit à certaines aides qui lui permettraient d'avoir un peu d'argent en plus. Ensuite, Louise, je pense que tu peux aller voir l'ensemble des professeurs dans leur salle de repos pour leur parler de cette histoire et proposer de réunir quelques dons. On pourrait mettre une grande malle pour recueillir les dons des professeurs et des élèves.
- C'est une excellente idée ! Qu'en penses-tu Louise ?
- Je pense que c'est exactement ce qu'il faut faire. Mais je ne sais pas vraiment quoi dire aux professeurs et, surtout, je ne veux pas les déranger pendant qu'ils sont en pause...
La principale et Madame Tuir rassurèrent la jeune collégienne en lui disant qu'elles seraient avec elle et que les professeurs seraient très bienveillants et qu'elle ne les dérangerait pas. Tous se mirent d'accord pour organiser l'intervention de Louise le lendemain, à la pause de 10 heures. Le mardi était le seul jour où tous les professeurs du collège étaient présents. Il ne restait qu'à déterminer quels étaient les dons à recueillir.
- Je pense qu'il faut déjà demander à donner de quoi faire des provisions, dit Louise : des pâtes, des boîtes de conserve. Bref, tout ce qui peut se garder. Ensuite, il faut penser au petit Gabin et encourager les dons de produits pour les petits. Il semble n'avoir que deux ans, donc des couches, des lingettes, des vêtements peut-être et des jouets avec Noël qui approche. J'ai déjà une collection de peluches que je peux lui donner et mes parents seront très contents de s'en débarrasser.
- Tout cela me paraît très bien, reprit Madame Tuir. Il ne reste qu'à savoir comment faire pour protéger Alice. Tu dois le savoir Louise, mais ce n'est pas simple d'être dans sa situation et...
- Oui je sais, elle pourrait se sentir juger et croire que les gens l'aident par pitié.
- Exactement, c'est d'autant plus important qu'elle n'a pas demandé d'aide, donc il faut respecter cela et y aller en douceur.
- Et si on lui écrivait une série de lettres ? proposa Louise. Comme un ange gardien qui expliquerait qu'il sait ce qu'il lui arrive et qu'il veut l'aider. On lui glisserait un timbre pour qu'elle puisse répondre.
- À quelle adresse ? demanda la principale. Cela serait suspect d'envoyer une lettre au collège.
- Je sais que la Poste peut recevoir des lettres et les agents les gardent pour les remettre ensuite au destinataire, dit Madame Tuir. J'ai mon mari qui y travaille, on pourrait décider d'un signe distinctif qu'Alice mettrait sur chaque enveloppe et comme ça on pourrait facilement les récupérer sans éveiller les soupçons.
- Bien, je pense que nous sommes toutes d'accord. Louise, c'est à toi de jouer maintenant et de convaincre les professeurs qu'ils en parlent aux élèves. C'est une très bonne chose que tu fais là. Tu peux être fière de toi.
- Non Madame, réponditLouise. C'est normal.
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Calendrier de l'avent 2020 - La quête de Noël
General FictionNoël, quelle belle période pour la plupart, mais pas pour Louise... Vous êtes accro aux histoires de Noël ? Celle-ci, plus originale que l'histoire de Lucy qui rencontre Matthew à la gare et l'invite au réveillon, devrait vous plaire ! Du 1er au 24...