Il faisait nuit dehors depuis longtemps déjà. Armel était accoudé à la fenêtre, le menton au creux de la main.
Après avoir observé son cou, Isania s'était relevée et était retournée s'asseoir sur le canapé d'en face.
Armel n'avait rien dit. Il ne disait jamais rien.
Mais il l'avait longuement observée alors qu'elle ouvrait de nouveau la carte sur la table. Elle l'avait étudié en silence puis l'homme en noir était entré dans la pièce.Suivi d'une femme aux cheveux lisses et très longs. Elle s'était penchée devant Isania puis devant Armel de la même manière. Elle avait échangé quelques mots avec la femme puis s'était placée près d'Armel, debout à sa gauche.
Elle s'était présentée dans sa langue natale en tant que sa traductrice et Armel avait secoué la tête et désigné la feuille sur la table sur laquelle étaient écrit son prénom et ceux d'Andreaz.
Isania avait soupiré doucement et s'était relevée sans quitter ses yeux du regards. Elle lui avait parlé sans qu'Armel ne comprenne puis avait fait demi-tour et l'homme en noir lui avait ouvert la porte."La jeune maîtresse ne peut contacter l'homme que vous cherchez. Elle s'excuse."
Armel avait hoché la tête et la femme avait alors suivi Isania et Kemil hors de la pièce.
Depuis, Armel était assis près de la fenêtre, la vitre froide contre son épaule seulement recouverte d'une chemise.Il était évident que la femme au visage décoré pouvait contacter Andreaz.
Elle ne le voulait simplement pas.Armel poussa un soupir et se releva en s'étirant. Il avait passé trop de temps dans cette maison.
Isania semblait être une femme gentille mais quelque chose chez elle ne lui plaisait pas. Il n'aimait pas la manière dont ses yeux le fixaient, comme s'ils pouvaient déchiffrer des informations qu'Armel souhaitait garder secrètes.
Il n'aimait pas non plus ses manières. Elle lui rappelait l'ancien palais dans lequel Andreaz et lui avaient pour habitude de passer du temps. Là-bas tout le monde se comportait de manière impecable. Armel avait toujours été intimidé par les personnes comme Isania.Mais il aimait ses mains. Il aimait leur chaleur, la sensation de la peau douce contre la sienne. Et la couleur de ses joues ainsi que celle de ses lèvres plaisait à Armel.
Isania avait l'air vivante.Il ouvrit la porte et se tient un instant devant celle-ci, incertain. Personne n'était dans le couloir et Armel ne savait pas comment il était supposé trouver la maîtresse de maison.
Il n'eut pas besoin de le faire. À peine eut-il refermé la porte derrière lui que l'homme en noir apparu au bout du couloir.
Il tenait dans sa main droite une pièce de cuir et sa main gauche reposait sur sa ceinture épaisse.Il remonta le couloir d'un pas leste et s'arrêta devant Armel. Armel n'était pas petit mais l'homme lui semblait bien plus grand qu'il ne se l'était représenté.
Sans rien dire, il leva entre leurs torses la pièce de cuir dont les sangles tintèrent. Armel ne fit aucun mouvement et l'homme l'interpreta comme un accord.
Alors il attrapa à deux mains l'objet et l'ouvrit.Elle n'était pas noire comme la sienne mais elle ressemblait en tout point à la protection que portait l'homme contre sa gorge. Armel ne dit rien quand l'homme appuya le cuir contre sa pomme d'Adam et le laissa passer dans son dos.
Son torse contre son dos et une main plaquée contre sa gorge, Kemil faisait peur à Armel. Mais il ne fit aucun mouvement et le laissa sangler la protection sur sa nuque. La sensation était désagréable mais pas aussi étouffante qu'il ne l'avait imaginé.L'homme ajusta les deux parties de cuir sur les épaules d'Armel puis passa ses mains autour de son torse pour attacher les sangles sous ses bras. Après quoi il tourna autour d'Armel, tirant ça et là sur la protection pour tester sa solidité.
La pièce principale était composée de plusieurs bandes de cuir qui montaient jusque sous sa mâchoire et fusionnaient à la base de sa gorge pour descendre jusqu'à son sternum. Dans son dos elles effleuraient la racine de ses cheveux et fusionnaient à la base de sa nuque pour descendre entre ses omoplates. Les deux autres parties s'articulaient sur ses épaules et étaient maintenues par de nombreuses sangles dont deux qui passaient sous ses bras.
La sensation était étrangère à Armel et l'impression d'être en danger effleura son esprit un instant.
Mais il se concentra de nouveau sur l'homme en face de lui. Kemil portait la protection sans montrer de signes d'inconfort et Armel se dit que la sensation d'étranglement passerai sûrement avec le temps.
Mais combien de temps ?Il porta une main à la base du cou de Kemil où le cuir arborait une coupure profonde. L'homme ne dit rien et laissa les doigts d'Armel remonter jusqu'à sa mâchoire.
Kemil avait des cicatrices sur la mâchoire qui descendaient jusque sous la protection."Vampires. Danger."
Les doigts d'Armel s'immobilisèrent. Il releva les yeux pour rencontrer ceux, sombres, de l'autre homme.
Sans le quitter du regard, Kemil releva une main vers le torse d'Armel et ses propres doigts passèrent sur la protection que portait désormais le jeune homme. Son index tapota la base du cou d'Armel, là où sa chair était marquée des traces de crocs d'Andreaz.Kemil ne dit pas un mot de plus et la pulpe de ses doigts s'écrasa une fois de plus sur le cuir, lentement. Puis il pivota et hocha la tête en direction du bout du couloir pour inviter Armel à le suivre.
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Armel & Andreaz : Le Nouveau Monde
VampirosArmel avait attendu Andreaz pendant trois jours et trois nuits durant. Et il le referait, il ferait tout pour rester près de l'homme qui l'avait sauvé de la misère il y a quelques années de cela. Même si "tout" implique de soutenir le nouveau vampir...