Armel & Andreaz : Le Nouveau Monde

10

Malgré l'epaisse cape qui pesait lourd sur ses épaules, Armel avait froid.
Il faisait bien plus froid dans le pays d'Andreaz qu'il n'aurais jamais pu imaginer.

Mais ça n'était pas à cause du froid qu'Armel frissonna.
Son corps immobile se mit à trembler un instant et il ferma les yeux à la sensation désagréable des muscles se contractant autour de sa colonne vertébrale.

Il n'aimait pas cette situation.
Il n'aimait pas qu'Andreaz soit si en colère devant lui. Il n'aimait pas que Kemil ai sortit des dagues pour faire face au vampire.
Il n'aimait pas être sur le côté, incapable de défendre l'un ou l'autre. Incapable d'empêcher Andreaz de tuer Kemil ni d'empêcher Kemil de tuer Andreaz.

Il détestait par dessus tout être inutile. Et depuis des semaine c'était le sentiment qui l'avait étreint et qui continuait de le faire à l'heure actuelle.
Inutile.

Alors, quand Andreaz fit un pas dans la direction de l'homme à la peau sombre, Armel ferma les yeux et fit ce qu'il n'avait plus fait depuis longtemps.
Ce qu'il refusait désormais de faire.

"Non"

Le silence accueilli son mot, enveloppant sa voix et la laissant résonner entre les murs de la ruelle jusque dans ses oreilles.
Un instant plus tard, le son d'une lame glissant dans son fourreau se fit entendre et Armel rouvrit les yeux.

Andreaz ne le regardait pas. Il fixait encore Kemil de ses yeux sombres, ses muscles encore tendus dans une position de combat.
Sa main droite désormais dépourvue de toute arme.

En face de lui, Kemil semblait surprit. Ses yeux étaient eux aussi accrochés à ceux de son vis-à-vis mais son visage reflétait de l'incompréhension.
Mais Armel se fichais de Kemil.

"Tu m'as mentis."

Parler était désormais quelque chose d'étranger à Armel et sortir chacun de ces le gênait.
Pensait chacun de ces mots lui serrait la gorge.

Il aurait aimé hurlé.
Il aurait aimé pleurer sa rage, gifler Andreaz ici et maintenant dans cette ruelle et dans ce pays qu'il ne connaissait pas.
Il aurait aimé faire ressentir à Andreaz toutes ces émotion que lui-même s'efforçant d'enterrer, bien qu'il se sente mourir chaque jour un peu plus à force de le faire.

Mais il ferma simplement les yeux.

"Armel"

La voix d'Andreaz était... différente, et Armel n'aurait su discerner quelle émotion enserrait la gorge du vampire. Pourtant il le sentait.
Il santait la vie, il sentait la douleur dans cette voix qui ne reflétait des sentiments qu'à de très rares occasions.

Le silence de la nuit et un vent froid furent la seule réponse qu'Andreaz obtint.
Armel prit une nouvelle inspiration, plus profonde que les précédentes, et ferma les yeux une nouvelle fois.

Il n'aimait pas cette situation.
Il n'aimait pas être dans cette ruelle comme il n'aimait pas être dans ce pays, tributaire de cet homme qu'il aimait mais qui le tuait chaque jour un peu plus.

Alors il secoua la tête et sortit les mains de sa cape.
Il porta l'une d'elle a son cou mais fronça les sourcils quand ses doigts se heurtèrent à un morceau de cuir.
Il abandonna alors son idée et laissa son bras retomber le long de son corps.

Quand il rouvrit les yeux, Andreaz se trouvait devant lui. Comme il l'avait toujours été. Ses yeux noirs alternant entre les siens. Cherchant désespérément une réponse qu'Armel ne voulait pas lui donner.
Une réponse à laquelle Armel ne voulait pas réfléchir mais qu'il avait pourtant déjà.

Ça aurait pu être "non, jamais".
Ça aurait pu être "peut-être un jour mais pas ce soir".

Mais Armel avait déjà fait son choix, bien qu'il ne sache pas réellement quand est ce qu'il l'avait fait.
Alors il hocha lentement la tête, ses yeux bleus fixant une dernière fois les iris sombres d'Andreaz.
Puis il fit demi-tour.

Kemil était de nouveau à l'intérieur de la cuisine quand Armel le rejoint. Sur le pas de la porte il se retourna et observa le vampire quelques secondes encore avant d'attraper la poignée.

Sa vision se troubla sans qu'il ne comprenne pourquoi tandis qu'il referait la porte sur les derniers mots d'Andreaz.

"N'attrapes pas froid."