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Les rayons de soleil tombant sur son dos firent sourire Armel. Il aimait le soleil, il aimai la chaleur et l'été.

"Tu vas brûler."

Il ne répondit pas. Kemil, lui, n'avait pas l'air d'apprécier l'été. Ou peut être qu'il n'appreciait pas la résidence d'été d'Isania, Armel n'avait pas encore fait son choix. Lui il l'adorait.
En fait il adorait surtout pouvoir marcher entre les vignes avec Kemil et Oran, le soleil chauffant sa peau tandis que les deux hommes s'occupaient des plantations.

Armel n'avait pas le droit de faire de travail physique. Isania l'avait interdit formellement et Kemil veillait sur lui comme jamais personne ne l'avait fait auparavant. Armel ne savait pas pourquoi il était sujet à une telle interdiction mais il la suivait avec assiduité.
Malgré le fait qu'il déteste rester inutile quand les autres travaillaient, il savait qu'Isania serait furieuse d'apprendre qu'il avait aidé. Il savait aussi qu'il n'avait aucune chance face à Kemil alors il suivait les deux homme entre les vignes, profitant du soleil tandis qu'eux passaient tout le terrain en revue.

Ils avaient changé de demeure il y a deux semaines maintenant et Armel avait été très mal à l'aise de quitter la grande ville.
La dernière fois qu'il avait entrepris un voyage de la sorte il n'avait pas été en compagnie d'autant de personne ni d'autant de biens matériels.
Il n'avait été accompagné que ce dont il avait réellement besoin.
Ce dont il pensait avoir réellement besoin.

Il fronça les sourcils et quand il rouvrit les yeux, Kemil était devant lui, penché pour que son visage soit à la même hauteur que le sien.
Armel eu un mouvement de recul et posa sa main sur la joue luisante de sueur de l'homme pour lui faire détourner le regard.

"Je n'aime pas quand tu es face à moi quand j'ouvre les yeux."

Kemil haussa les épaules et se remit au travail.

"Tu ne m'as jamais dit pourquoi."

Ce fut au tour d'Armel de hausser les épaules et il ne répondit rien. À la place il s'approcha de l'une des vignes et s'accroupis pour toucher une feuille verte.

"Quand est-ce que le raisin sortira ?"

Ouran lui répondit qu'il faudrait attendre encore des mois et Armel fit la moue. Il aimait beaucoup le vin et celui que le clan d'Isania produisait était l'un de ses préférés.

"Demain nous retournons dans la ville."

Armel se releva brusquement, intrigué et ennuyé par l'information que Kemil lui donnait mais l'instant d'après il se sentit trébucher. Sa vision se brouilla et il ferma le yeux, se laissant tomber contre le torse de Kemil dans son dos.
Après quelques seconde de sensation désagréable il finit par rouvrir les yeux étourdis.

"Je t'avais dit que le soleil allait te rendre malade."

Kemil le retourna et le prit dans ses bras sans qu'Armel ne puisse dire un mot. L'homme était bien plus grand et bien plus fort que lui mais Armel n'aimait pas être porté.
Pour autant il se laissa faire mais ne passa pas ses bras autour du coup de l'homme.

"La maîtresse va être furieuse de te savoir malade."

Armel croisa les bras avec mauvaise foi.

"Je ne suis pas malade, je me suis relevé trop vite."

Kemil ne dit rien mais Armel savait qu'il souriait. Kemil souriait tout le temps quand Armel lui répondait, il trouvait cela amusant. Ouran détestait ça mais Ouran était un vieux jardinier qui n'aimait Armel que par ce que la maîtresse de maison l'apreciait. S'il n'avait tenu qu'à lui, Ouran aurait donné un sac de toile à Armel, un couteau de cuisine et l'aurait jeté sur la route en lui disant de rentrer dans son pays.
Ce qu'il avait d'ailleurs sous-entendu à plusieurs reprises. Kemil n'avait jamais laissé passer ça.

D'ailleurs Armel avait commencé à revoir son image de Kemil depuis qu'ils étaient dans la résidence d'été.
L'homme à la peau sombre qu'il avait prit pour une simple garde du corps, au grand maximum un majordome, semblait avoir une place importante dans cette petite hiérarchie.
Il était servi à table avec Isania et Armel, s'habillait selon ses choix et portait un bijoux.

Une boucle d'oreille à gauche, un petit sapphire qu'Armel n'avait pas remarqué au début mais qui, un soir au coin du feu, avait brillé dans son regard. Quand Armel avait questionné l'homme à la peau sombre, celui-ci s'était relevé et était partit. Armel n'avait plus jamais recommencé.

Mais aujourd'hui il était ennuyé par le comportement de Kemil alors il décroisa ses bras et releva une main vers l'oreille gauche de l'homme.
Kamil continua de marcher, le corps d'Armel entre ses bras comme s'il ne sentait pas les doigts chaud de celui-ci glisser sur le sapphire.

"Dis-moi pourquoi tu n'aimes pas que quelqu'un soit devant toi quand tu ouvres les yeux et je te dirais pourquoi je porte ce bijoux."

Armel réfléchit un instant à la proposition puis il passa ses bras autour du cou de l'homme et posa son front conrre son épaule.
Après un temps qu'il trouva très long il finit par soupirer.

"Je n'ai pas besoin de savoir pourquoi tu portes ce bijoux."

Il sentit l'ombre de l'immense bâtisse sur son dos bien avant que Kemil ne le dépose sur une chaise devant des grandes portes vitrées. Kemil s'accroupit devant lui et l'observa sans un mot. Ses yeux passèrent des iris bleus d'Armel à son cou, recouvert de sa protection de cuir puis à son torse orné d'un pendentif.

Il posa finalement sa main sur l'une des cuisses d'Armel, la chaleur de sa peau se propageant au travers du pantalon de lin, et soupira.

"Demain nous retournons dans la ville."

Il pressa doucement la cuisse d'Armel avant de se relever et de faire demi-tour, son dos orné d'une longue ligne noire qui partait de sous sa protection et descendait jusqu'au creux de ses reins où coulaient des gouttes de sueur.

Armel fronça les sourcils puis se laissa aller dans la chaise tressée.
Il ne savait que penser. 

Armel & Andreaz : Le Nouveau MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant