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"Kemil, comme je suis ravi de te voir ici !"

Armel fronça les sourcils. Il était évident que le vampire était ravi. Tout comme il était évident de Kemil ne l'était pas.
Un bras de l'homme en noir avait lentement quitté son torse et Armel savait ce qu'il cherchait. Il savait ce qui allait se passer et il savait qu'il n'était qu'un poids lourd inutile pour Kemil.
Il détestait ça.
Et il se sentait toujours aussi mal.

"Ferme les yeux."

Le chuchotement de Kemil à son oreille le fit frissonner puis un demi sourire étira amèrement des lèvres.

"J'ai déjà vu la mort, tu sais."

Sa réponse ne fit aucun effet à l'homme à genoux derrière lui. Par contre elle intriga le vampire dont le sourire s'effaca.

"Je n'ai jamais entendu parler de toi, Natiano. Qui es-tu et que fais-tu avec ce monstre ?"

Comme Armel ne répondit pas, le vampire fit un pas vers lui et les deux qui l'entouraient le suivirent.
Puis le bruit d'une détonation retenti et Armel sursauta dans les bras de Kemil.
Quand il rouvrit les yeux, le vampire s'effondrait devant lui, le visage encore figé dans une expression curieuse.

Kemil avait sortit son épaisse dague et maintenait fermement Armel contre son torse avec l'autre bras, se servant de celui armé pour les protéger.
Mais Armel était plus attiré par la mort du vampire et fixait son visage avec incompréhension.
Et puis il le vit.
L'impact de balle sur sa tempe. Un trou net, dépourvu de sang et déjà en train de se nécroser.

Alors il tourna la tête vers la droite tandis que Kemil fixait les deux autres hommes avec calme et qu'il entendait Isania sortir de la calèche.

Cinq hommes étaient groupés sur le pavés, devant la porte grande ouverte d'une maison qui baignait leurs silhouette de lumière.
Parmis eux, l'un tenait un pistolet encore tendu vers les deux autres hommes qui avaient menacé Kemil et Armel.

Il avait les cheveux longs et les mêmes tatouages que le vampire mort mais les siens étaient plus fins et plus nombreux. Armel n'aurait sur distinguer la couleur de ses yeux mais il se doutait qu'ils étaient noirs.
Presque tout le monde avait les yeux noirs dans ce pays.

Tandis que le coup de feu résonnait encore dans les oreilles d'Armel, Isania prit la parole, ses talons claquant sur les pavés tandis qu'elle s'avançait vers le groupe des cinq hommes.

"Je vous remercie pour votre soutient dans cette situation, Maître Zaroa. Mais j'aurais pu m'en sortir seule."

Armel fronça les sourcils.
Il ne savait pas qu'ils avaient été aussi proches de la maison des Zaroa, bien qu'il se doutait être sur leur domaine puisque c'était un membre de leur clan qui avait tenté de les agresser.

L'homme qui devait être Aziraph de mit à rire à gorge déployée et le son résonna dans le rue. Armel fixa de nouveau le visage du vampire étalé au sol devant dont la peau pourrissait à une vitesse surprenante.
Aziraph devait être fou de rire dans une situation comme celle-ci.

Isania échangez quelques mots avec le maître du domaine, puis avec les quatre autres silhouettes et Kemil rangea sa dague quand les deux autres homme en face d'eux se reculèrent finalement.
Il remit Armel sur ses pieds avec des geste bien moins doux qu'avant et Armel trébucha quand l'homme en noir le poussa vers Isania.

Ce fut Aziraph qui le rattrapa.

Il le tient dans ses bras pendant un instant, proche, bien trop proche de son torse, et Armel se laissa faire. Le bras nu d'Aziraph autour de sa taille était froid.
Et puis Armel fixa les yeux de l'homme, du vampire, avec fascination. Ils étaient heterochromes.
L'œil droit de l'homme était noir, son œil gauche était bleu.

"Ravi de vous rencontrer, jeune maître."

La voix douce qu'il avait employé fit frissonner Armel à quelques centimètres de son visage. Il n'aimait pas être dans cette position et Aziraph semblait être un homme instable.
Il fit un pas en arrière et Aziraph le relacha lentement, ses doigts s'attardent sur la hanche d'Armel plus longtemps que nécessaire.

Armel se remplaça à côté d'Isania, encore trop mal pour être réellement agacé par la situation.
Il sentit la main chaude de Kemil sur ses reins avant de comprendre qu'il vacillait et sa main s'élanca par réflexe vers Isania.
Il ne le vit pas. Alors Armel se laissa aller dans le vide.

Kemil serait derrière lui, il se savait. Kemil avait toujours été derrière lui quand il avait eu besoin de lui.

Son dos heurta le plastron de cuir de l'homme avant qu'il ne réalise qu'il perdait lentement connaissance. Sa vision se flouta un instant. Il commencait à trouver la sensations désagréablement familière.

Un instant il vit Isania penchée sur lui, sa main chaude sur sa joue et sa voix appelant au loin son prénom mais il ne put réagir.
Il murmura un prénom et ferma les yeux, s'accrochant désespérément à la sensation du corps de Kemil dans son dos, le maintenant fermement.

Il se sentait si mal qu'il avait l'impression que son esprit était prêt à quitter son corps.
Et il avait faim, si faim.

Quand il rouvrit les yeux, les bras de Kemil étaient toujours autour de son corps et Isania était accroupie près de lui, deux doigts sous sa mâchoire, tirant sur la protection pour prendre son poul.
Il s'entendait murmurer un prénom sans vraiment comprendre que c'était lui qui parlait et une voix lui répondu quelque chose qu'il ne comprit pas.

Il tourna la tête vers la lumière, vers la grande porte ouverte qui illuminait la rue et ses yeux cessèrent de papillonner quand il y aperçu une silhouette.
Sa vision restait floue et il se sentait si mal. Il entendait le sang pulser dans son crâne et les voix d'Isania et d'un autre homme au loin mais ne comprenait pas ce qu'ils disaient.

Tout ce qu'il voyait c'était cette silhouette debout sur le porche, une main sur l'épaisse chambranle de la porte.
Tout ce qu'il voyait c'était ce visage pale entouré de cheveux noirs à peine assez longs pour les attacher.

Tout ce qu'il voyait c'était Andreaz.

Armel & Andreaz : Le Nouveau MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant