Chapitre 5 - K

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- Une quasi?

Je suis perplexe. Alec m'observe comme s'il essayait de lire dans mon âme. Pourquoi est-il si différent des autres? Est-ce parce qu'il est un "quasi"?

- Tu ne vois pas de quoi je parle?

Sa mine s'est assombrie, comme si j'avais fait quelque chose de mal. C'est la première fois que je le vois si expressif.

Autour de nous, des duos s'exercent, s'aident à s'étirer mutuellement. Je n'ose plus prononcer un mot.

- Oublie ce que je viens de te dire. Nous devrions faire comme eux, non?

Sa proposition me dérange, elle implique un contact physique entre nous. Il semble détendu, presque blasé, et je ne veux pas passer pour la fille bizarre. Je hoche la tête. Il me lance son sourire en coin, et ajoute:

- Pas très bavarde, hein?

Il s'approche de moi, et mes jambes tremblent légèrement. Evidemment, il le remarque.

- Tu as peur? Demande-t-il, tout à coup sérieux.

Je suis très mal à l'aise. J'aurais aimé cacher mieux ma gêne. Je murmure.

- Oui...

Rapidement, il se retrouve dans mon dos. Sa main se place entre mes deux omoplates, pour commencer l'étirement, comme les autres. Je réprime mes frissons, et il reprend la parole.

- Tu n'as pas à avoir peur. Nous sommes ici pour les études, tu ne risques rien.

Cette phrase résonne dans ma tête, longtemps. Qu'est-ce-que cela veut dire? Sous-entends-t-il que si nous n'avions pas été ici pour les études, j'aurais risqué quelque chose? La pression qu'il effectue contre ma peau me paraît intense, là tout de suite. C'est trop pour moi. Je me détache de lui, avec précipitation. Mon geste brusque attire encore plus les regards des autres lycéens eux qui me fixaient déjà depuis mon entrée dans l'amphithéâtre. Surtout les filles, étonnamment. Alec ne me lâche pas des yeux lui non plus, et j'aimerais m'évaporer. J'invente un prétexte.

- Je me suis fait mal ici. Je me débrouillerai toute seule pour m'étirer, ne t'inquiète pas.

Il acquiesce sans s'offenser. Nous recommençons à nous entraîner, à une distance raisonnable, et la seule phrase qu'il m'adresse est un discret:

- J'espère que tu feras attention à ne pas te faire mal, à l'avenir. Tu t'es accidentellement blessée à la joue, apparemment.

                                                                         ***

A la fin de cette heure de torture, je me sens libérée. Alec a disparu a une vitesse incroyable, en se contentant d'un rapide au revoir. Je peux enfin souffler...enfin c'est ce que je crois.

Alors que j'essaye de retourner dans la cour, je suis une énième fois arrêtée en plein couloir. Ce sont les filles de ce matin.

- On ne comprend vraiment pas comment un Ange comme toi peut traîner avec un des plus beaux vampire des ultras on est venues te faire passer l'envie de fricoter avec eux, tu n'en est pas digne. Tu as osé avoir un contact physique avec le copain de Cécilia!

Je soupire. Cela ne s'arrête donc jamais? Leurs mains se posent sur moi et je cède un peu à la panique. Je n'aime pas être touchée par ceux que je n'apprécie pas, cela me rappelle trop Roger. Leurs poignes font monter mon angoisse en flèche, mais je n'ose pas faire de bruit. Il serait vraiment mauvais pour moi d'attirer l'attention.

Elles tentent de me traîner jusqu'à un endroit que je ne peux pas voir, et je me débats le plus silencieusement possible, en vain. Leurs rires masquent ma panique. Elles me lancent des piques, mais tout ce que je veux, c'est retourner dans ma chambre, et être seule.

" Tu fais moins la maline, maintenant que tu t'apprêtes à recevoir une bonne leçon!"

Elles m'emmènent jusqu'aux toilettes déserts du bâtiment, éclairés par une horrible lueur jaunâtre. Cet endroit ne me dit rien de bon, mais j'essaye de ne pas trop céder à la panique qui m'envahit.

Reste calme, ce n'est qu'un mauvais moment qui doit passer

J'essaye une dernière fois de me débattre, et donne un coup accidentel à une de mes attaquantes dans le ventre. Ses deux amies sont furax.

- Désolée...

Mes excuses n'ont pas l'air de les convaincre. L'une d'elle écrase ma tête contre la céramique des lavabos, et je ne peux ignorer la douleur qui irradie ma mâchoire. Je dois rester immobile, me laisser faire.

Dans le miroir me faisait face, je vois un éclat argenté. Une paire de ciseaux. Mes paupières se ferment, et j'attends d'avoir mal. Il n'en est rien. Je sens qu'elles sont autour de moi, qu'elles me font quelque chose, mais ne réalise pas tout de suite quoi.

De longues mèches auburn s'accumulant au sol me font comprendre.

Elles me coupent les cheveux.

Après un certain temps, leurs rires semblent s'apaiser. Ils sembleraient qu'elles sont à court d'idées. Ma bouche me fait mal, je crois que je suis sur le point de perdre une dent. Ces abruties ne se sont même pas rendues compte de la force qu'elles ont mis dans leurs gestes.

- Ca ne s'arrêtera pas là, tu peux nous croire. On se fout de se faire exclure, nous n'aurons pas de limites avec toi.

Elles me lâchent, et je manque de glisser au sol. Je les entends s'éloigner, mais suis distraite par un goût amer dans ma bouche ; je crache une de mes molaires ensanglantée.

Après quelques secondes de pause, je me regarde dans la glace. Je n'aurais probablement pas de bleu, mais la perte de cette dent reste une souffrance. Ce qui me choque le plus, ce sont mes cheveux, coupés de façon inégale, éparpillés au sol. J'essaye de voir le positif. Coupe de cheveux gratuite! De toute façon ils étaient trop longs. Ma jupe blanche est tâchée de mon sang.

Je détourne les yeux du miroir pour ne pas trop avoir envie de pleurer. Cela fait 4 ans que je n'ai pas versé une seule larme, je ne compte par m'y remettre maintenant. J'aurais plus besoin de sommeil, histoire de procéder cette journée tourmentée.

Sur le chemin du retour, je croise un visage familier: Cécilia, seule, passe dans le même couloir que moi. Elle se dirige vers la direction qu'ont pris les filles et me lance un regard mauvais. Je n'ai pas vraiment le temps de m'attarder sur sa présence, mais elle ne semble pas se demander pourquoi j'ai du sang sur mes vêtements, ou d'où peut bien venir ma nouvelle coupe de cheveux.

Je regagne ma chambre avec peine, et lorsque je me rince, l'eau est teintée de rose. Je m'installe sur mon lit, et un petit bruit attire mon attention. On vient de glisser un bout de papier sous ma porte.

Curieuse, je m'empresse d'aller le lire. Il n'y a que quelques mots, mais je comprends vite que ce n'est rien de positif.

Ne t'approche pas de lui. Sinon tu sais déjà ce qui va se passer, non? J'ai vu comment il te regardait. Et j'ai plein de copines qui détestent les Anges dégueulasses dans ton genre.

                                                                                Cécilia-

Mean Vampires - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant